Facebook a tout de la société exceptionnelle

Publié le 01/02/2012 à 20:35, mis à jour le 02/02/2012 à 08:33

Facebook a tout de la société exceptionnelle

Publié le 01/02/2012 à 20:35, mis à jour le 02/02/2012 à 08:33

BLOGUE. Ça y est. Après tant de rumeurs et d’étapes, le géant des réseaux sociaux Facebook a déposé auprès de la Commission des valeurs mobilières américaine (SEC) les documents nécessaires à un premier appel public de cinq milliards de dollars (G$) US.

Selon certaines estimations, Facebook vaudrait dans les 100G$ US une fois en Bourse. Ce qui pousse certains experts à crier au loup et à faire des parallèles avec la bulle Internet de 2000.

Sans avoir tous les chiffres (le prospectus n’est pas encore disponible), je peux vous dire que ces craintes sont farfelues. En 2000, de nombreuses sociétés se vendaient à des évaluations extraordinaires alors que leur modèle d’affaires n’avait pas encore livré un seul dollar de bénéfice. C’est loin d’être le cas ici.

Facebook domine l’univers des réseaux sociaux avec plus de 845 millions d’usagers. Et ces usagers adorent le site. Aux États-Unis par exemple les visiteurs y passent en moyenne sept heures à chaque mois, plus de deux fois plus de temps qu’en 2008, selon la société spécialisée dans l’analyse du trafic Internet ComScore.

La société profite donc d’une forte croissance du nombre de ses membres et de la hausse rapide qu’ils passent sur le site. Cela donne une croissance exponentielle.

De plus, et c’est cela qui fait saliver les investisseurs, Facebook réussit ce que bien des sociétés Internet (des noms comme Yahoo! me viennent en tête) n’ont jamais réussi, même après de nombreuses années de domination. Elle convertit ce trafic en des revenus et, bien sûr, avec des bénéfices.

Dans mon livre (Investir en Bourse et s’enrichir), je décris ce que j’entends par «société extraordinaire». En peu de mots, elles croissent rapidement (revenus et profits), sont très rentables (marges bénéficiaires et rendement de l’avoir des actionnaires élevés) et ont une situation financière impeccable.

Facebook répond à la plupart de ces critères. En 2011, elle a réalisé des profits d'exploitation de 1,7G$ US à partir de son chiffre d’affaires de 3,7G$US. On parle de marges d'exploitation de 46%, exceptionnelles pour une société qui ne fait que commencer. Oh, et ces revenus ont doublé l’an dernier par rapport à 2010 alors que les bénéfices ont crû de 70%. On appelle cela de la croissance.

De plus, Mark Zuckerberg, son président fondateur, semble avoir tout ce qu’il faut pour devenir un dirigeant très compétent.

Facebook a donc bien des attributs qui font les plus grandes entreprises.

Maintenant, tout cela ne signifie pas que vous devez tout miser votre épargne sur le titre. Deux grands points d’interrogation demeurent. Le premier concerne ses avantages compétitifs. Facebook a rapidement semé MySpace, que pratiquement tout le monde a oublié. C’est un bon signe pour Facebook. Par contre, elle a Google avec son Google Plus dans son rétroviseur. Et ce n’est pas rassurant.

Il est difficile de dire jusqu’à quel point Google peut nuire à Facebook à long terme. C’est un important risque.

L’autre interrogation, c’est le prix auquel sera vendue l’action. Il est évident que le titre ne se vendra pas 12 fois les profits car la société vaut beaucoup plus. Par contre, le 100G$ US lancé un peu partout fait peur. C’est 27 fois les revenus et 149 fois les profits. Si on suppose une croissance de 50% cette année, le 100G$ US représente une évaluation de 18 fois les revenus et environ 100 fois les bénéfices.

C’est un peu élevé pour moi, malgré la grande qualité de Facebook.

Bernard Mooney

 

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