Cette fascinante crainte des sommets

Publié le 14/05/2014 à 09:56

Cette fascinante crainte des sommets

Publié le 14/05/2014 à 09:56

(Photo: Bloomberg)

Si vous êtes comme la plupart des gens, vous avez peur lorsque la Bourse atteint des sommets. Peur qu’elle s’effondre. Prenons quelques instants pour en parler et pour montrer jusqu’à quel point cette crainte est irrationnelle.

Hier, les indices de la Bourse américaine comme le S&P 500 et le Dow Jones ont terminé à des niveaux record. Pour un, le S&P 500 a flirté avec la marque du 1900, avant de clôturer à 1897 (je peux vous prédire qu’on écrira beaucoup sur son prochain niveau, 2000, tout simplement parce que c’est un chiffre «rond»…hum très rationnelle, la Bourse!).

Si vous imaginez des feux d’artifices lorsque vous lisez le mot «record», je vais vous décevoir. Le Dow Jones s’est apprécié de 0,1% hier et le S&P 500 de moins de 0,1%. Il s’agit d’un gain de 10$ sur un portefeuille de 100 000$. A peine de quoi vous acheter une bière ou deux pour regarder le match de ce soir à votre brasserie préférée.

Pour bien des gens, le fait que la Bourse soit à des sommets historiques est une bien mauvaise nouvelle. Cela signifie qu’elle a moins de potentiel de hausse et que le risque à la baisse est énorme. Cela leur rappelle aussi probablement la dernière fois qu’ils se sont excités à propos de la Bourse (peut-être en 2007 lorsqu’ils ont acheté avec frénésie des titres de ressources naturelles ou peut-être en 2000 lorsqu’ils ont misé toute leur fortune sur Nortel Networks) et que leur excitation s’est transformée en cauchemar.

Pourtant, cette réaction négative face aux nouveaux sommets vous aurait mené au désastre depuis plusieurs années. En effet, depuis 2009, il est arrivé 63 fois que la Bourse ait terminé une semaine à un sommet. Si vous aviez vendu, peu importe le sommet, cela aurait été un geste que vous auriez regretté, du moins jusqu’à maintenant. En fait, vous auriez laissé sur la table des gains exceptionnels.

Mon point n’est pas de vous faire croire que les prochaines années seront aussi prospères que les cinq dernières. Non. Je n’en ai aucune idée et les probabilités sont bonnes pour que ce ne soit pas le cas en fait.

Ce que je veux vous montrer c’est qu’il n’y a rien d’épeurant en soit dans le fait que la Bourse atteigne de nouveaux sommets et cela ne devrait avoir aucun impact sur vos décisions de placement. D’abord, si vous considérez la Bourse de façon rationnelle, il est normal qu’elle atteigne des sommets souvent.

En effet, la Bourse n’est qu’une agglomération d’entreprises qui réalisent des bénéfices, dont une grande partie est réinvestie dans leurs activités, ce qui augmente leur valeur. Dans un contexte économique serein, ces entreprises s’apprécient pratiquement à chaque jour, un tout petit peu, je l’admets, mais elles prennent tout de même de la valeur.

Ensuite, vos décisions de placement devraient être dictées par le potentiel à long terme des principales catégories d’actif perçu dans le contexte global de votre situation personnelle et de vos objectifs financiers.

Enfin, ce que vous devrez craindre c’est lorsque la Bourse atteindra des sommets, en s’appréciant de beaucoup plus que de 0,1%, pendant que tout le monde sera convaincu que la hausse ne peut que se poursuivre et que les actions sont la nouvelle voie de la richesse facile et certaine. C’est loin d’être le cas.

Bernard Mooney

 

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