Ce que l'indice Gratte-ciel nous révèle

Publié le 17/01/2012 à 22:55, mis à jour le 18/01/2012 à 15:38

Ce que l'indice Gratte-ciel nous révèle

Publié le 17/01/2012 à 22:55, mis à jour le 18/01/2012 à 15:38

Blogue. Lorsque je vois une société mettre son nom sur un édifice, la tentation est grande de conclure que ce n’est pas bon signe (comme le TD Garden à Boston).

Évidemment, c'est peut-être un investissement en marketing, mais cela peut aussi refléter l’égo gonflé des dirigeants. C’est ce qui a attiré mon attention à un nouvel indicateur assez original, «l’indice Gratte-ciel» («Skyscraper Index»). Lire aussi: Comment anticiper une crise financière?

Cet indice, utilisé par les stratèges de Barclay Capital, est le résultat des recherches de l’économiste Andrew Lawrence qui a établi en 1999 la corrélation entre la construction des plus hauts édifices du monde et le cycle économique. M. Lawrence est de l’école économique autrichienne fondée et popularisée par des génies méconnus comme Ludwig von Mises et Friedrich Hayek  (La route de la servitude de Hayek et Human Action de Mises sont des lectures essentielles si vous voulez vraiment comprendre le fonctionnement de l’économie).

L’idée derrière l’indice Gratte-ciel : lorsqu’il y a prospérité débordante dans une économie, cela se manifeste entre autres par la construction d’édifices majestueux. Dans ce sens, c’’est un signal précurseur de récession ou pire, ce qui se vérifie de façon assez éloquente depuis plus de 100 ans.

Voici des exemples :

- En 1873, on érige le Equitable Life Building, l’édifice le plus élevé du monde à l’époque avec ses 142 pieds; cela marque le début de la dépression de 1873-78;

- la dépression de 1929-33 a été précédée par l’érection de gratte-ciel comme le 40 Wall Street de 927 pieds, le Chrysler Building de 1 046 pieds et l’Empire State Building de 1 250 pieds;

- les graves problèmes économiques de 1974 ont été précédés de la construction du One World Trade Center en 1972 et du Sears Tower à Chicago;

- la crise asiatique de 1998 a été précédée de la construction du Petronas Towers à Kuala Lumpur en 1997, qui est devenu avec ses 1 483 pieds le plus haut du monde;

- en 2008, c’est l’édifice Burj Khalifa, à Dubai, qui est devenu le plus haut du monde avec 2 717 pieds (complété en 2010).

Qu’est-ce que nous dit cet indice actuellement? De se méfier de la Chine et de l’Inde! En effet, ce sont ces deux pays qui se battent pour ériger les nouveaux édifices records.

En effet, 53% des 124 gratte-ciel en construction dans le monde se retrouvent en Chine. Et ils sont de plus en plus élevés. L’Inde en a 14 sous construction actuellement dont le deuxième plus haut au monde, The Tower of India. Son nombre de gratte-ciel va augmenter de 87% d’ici 2017.

«Si on se fie à l’histoire, le boom de construction en Chine (et en Inde) est simplement le reflet d’une gigantesque mauvaise répartition de capital dont le résultat pourrait être une correction économique pour deux des plus importantes économies d’Asie dans les cinq prochaines années», mentionne Barclay Capital, sur la base de son indice Gratte-Ciel!

La bonne nouvelle c’est qu’il n’y a aucun gratte-ciel en construction actuellement qui sera plus élevé que celui de Dubai…

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.