Cette semaine, pour prendre une pause de l’analyse, j’ai allègrement décidé de pratiquer l’éloge.

Pour démarrer, j’ai choisi un extrait du livre de Nassim Taleb, Antifragile, dont le thème de l’antifragilité m’a beaucoup inspiré ces derniers temps. L’auteur a un souhait utopique : instaurer une journée nationale dédiée aux entrepreneurs.

Voici son ode :
“Most of you will fail, disrespected, impoverished,
but we are grateful for the risks you are taking
and the sacrifices you are making for the sake
of the economic growth of the planet
and pulling others out of poverty.
You are the source of our antifragility.
Our nation thanks you."
Nassim Taleb, Antifragile: Things That Gain From Disorder

La notion de prise de risque
Taleb propose le terme “antifragile" comme antonyme au mot “fragile”. Si la fragilité réfère aux êtres, aux choses et aux institutions pour qui les aléas sont dommageables, alors l’antifragilité renvoie à ce qui bénéficie des aléas. Je crois que les entrepreneurs ont ce mérite d’être dans un mode constant de recherche et se soumettent sans relâche à une grande diversité de risques qui font qu’à long terme, ils incarnent une forme d’antifragilité.

J’emploie ici le terme entrepreneur au sens large, en incluant également ceux qui travaillent au sein d’entreprises ou d’institutions. L’entrepreneur dans ce contexte élargi est celle/celui qui se rend imputable des résultats de son projet; il prend part au risque en échange d’une équité personnelle ou financière.

C’est ici que prend tout son sens l’expression anglaise “skin in the game”, dont l’origine est incertaine. Certains l’attribuent au personnage d’Antonio dans la pièce de Shakespeare Le marchand de Venise, qui doit promettre une caution d’une livre de sa chair pour garantir un prêt en argent sonnant consenti par un prêteur à son ami Bassanio. L’entrepreneur, comme Antonio, met à risque ses économies (et sa santé émotive pour certains) pour soutenir le projet auquel il croit (et doit croire) sans compromis.

Cette forme d’investissement de soi, ou de don soi, est ce que souhaite honorer Nassim Taleb. J’abonde dans son sens. Cette manière de curiosité, mêlée à une dose de courage (dont l’envers sympathique serait la naïveté), me remplit d’admiration.

Le terreau de l'innovation
J’assistais récemment à un événement où une dizaine d’entrepreneurs étaient invités à présenter leur compagnie en croissance. Je me suis rappelé alors que l’entrepreneurship est probablement le réseau où l’innovation est la plus foisonnante dans notre société. Je me trouve souvent à dire que pour découvrir l’innovation, il faut la chercher du côté des start-ups.

L'écosystème des startups à Montréal s’enrichit à grande vitesse. Nous avons aujourd’hui une communauté de plus en plus vaste, qui touche à un éventail d’industries beaucoup plus varié qu’il y a 10 ans. Chris Arsenault d’iNovia a récemment retracé l’historique des start-ups locales dans un billet éclairant : Perspective de l’évolution de l’entrepreneuriat technologique au Québec.

Comme Arsenault l’indique si bien à la fin de son article, “Nous sommes au début d’une nouvelle phase de révolutions technologiques, l’avenir sera aussi brillant que nous souhaitons le bâtir.” Les entrepreneurs d’aujourd'hui profitent d’une époque formidable où tout est possible et où tout sera davantage possible à partir de Montréal, ville dont le rayonnement international a tout le potentiel de s’accroître.

Hommage aux entrepreneurs
Je rends donc hommage à toutes et à tous ces entrepreneurs qui contribuent à l’avancement des choses dans notre monde. Je vous salue toutes et tous, bien bas.