Utilisez bien les transactions d'initiés

Publié le 10/11/2012 à 00:00, mis à jour le 08/11/2012 à 09:42

Utilisez bien les transactions d'initiés

Publié le 10/11/2012 à 00:00, mis à jour le 08/11/2012 à 09:42

Les investisseurs savent depuis longtemps que suivre les initiés peut être payant. De nombreuses recherches depuis 40 ans ont confirmé la valeur des transactions d'initiés.

Par exemple, en 2003, des chercheurs de Harvard et de Yale ont calculé les rendements réels obtenus par les initiés lorsqu'ils vendent et achètent des actions de leur société. Ils ont découvert que les ventes d'initiés ne sont pas profitables, tandis que leurs achats le sont beaucoup. Sans tenir compte des frais, les achats des initiés ont obtenu des rendements battant ceux des indices boursiers de 11,2 % par année.

On peut ajouter les transactions d'initiés à son arsenal, mais avec d'importantes nuances. La première : comme le montrent les recherches, ce qui est vrai pour les achats n'est pas vrai pour les ventes d'initiés.

La raison est simple : si je sais, pratiquement avec 100 % de certitude, ce qui pousse un dirigeant à acheter des actions de sa société, je ne peux en dire autant lorsqu'il vend. Par exemple, il peut vendre avec chagrin, convaincu du fort potentiel de son titre, pour financer l'achat d'une nouvelle résidence, pour payer une facture d'impôt, etc.

J'irai d'ailleurs plus loin en disant que j'ai souvent vu des investisseurs être influencés par la médiatisation de ventes importantes d'initiés, notamment à la suite de premier appel public à l'épargne (Dollarama en est un exemple). C'est une grave erreur.

Les ventes d'initiés sont encore moins significatives dans le contexte corporatif actuel, où les dirigeants ont une source presque intarissable d'actions par l'intermédiaire des programmes d'options.

Qui achète ?

Les achats des initiés sont révélateurs pour des raisons évidentes. Ils achètent pour faire de l'argent, et ils connaissent, du moins en théorie, leur entreprise mieux que quiconque. Par conséquent, ils peuvent donc être utiles à l'investisseur. Les titres où l'on observe une concentration d'achats de la part des initiés peuvent donc être attrayants. Par concentration, je veux dire que, plus il y a un grand nombre d'initiés différents qui achètent et plus les montants investis sont importants, plus ces achats sont manifestes.

En outre, selon mon expérience, plus l'initié qui achète est près des activités, plus cela peut être révélateur. En général, les achats d'un vice-président aux finances sont plus pertinents que ceux d'un administrateur. En effet, les pressions sont fortes de nos jours pour que les administrateurs aient des actions de leurs sociétés. Ce genre d'achat, réalisé pour faire plaisir, n'est pas très significatif.

De plus, si vous avez le temps, faites une recherche pour analyser la performance historique des initiés qui vous intéressent. Vous découvrirez peut-être que tel initié est un as, alors qu'un autre investit bêtement ! C'est de l'information précieuse.

Plus je connais l'initié et plus je suis convaincu qu'il est un bon investisseur, plus je prendrai ses achats au sérieux.

Pas une panacée

Par contre, suivre les initiés n'est pas une panacée. J'ai vu de nombreux cas d'initiés qui ont perdu des millions de dollars en achetant quasi aveuglément des actions de leur société quelques semaines avant qu'elle ne fasse faillite.

Il faut donc ne pas conclure trop vite. En fait, c'est une information supplémentaire à prendre en considération lorsque vous analysez un titre. Bref, faites vos devoirs avant d'acheter un titre.

Où trouver l'information ?

Aux États-Unis, les initiés doivent déclarer leurs transactions dans les 48 heures suivant ces dernières. Au Canada, ils ont cinq jours ouvrables pour le faire, mais plusieurs procèdent beaucoup plus rapidement.

Si vous voulez l'information directement, vous devriez consulter le site sedi.ca au Canada et celui de la Securities and Exchange Commission aux États-Unis (sec.gov). Sur ce dernier, cherchez les documents appelés «Form 4». Au Canada, le site canadianinsider.com est spécialisé dans le suivi des initiés canadiens. Il offre gratuitement les 10 plus récentes transactions d'initiés pour la plupart des titres canadiens. Si vous en voulez plus, vous devrez vous abonner.

Le site de la Bourse de Toronto (tmxmoney.com) publie également tous les jours un survol des 10 titres ayant été le plus achetés par des initiés en fonction du nombre d'actions et de la valeur des transactions. Encore une fois, si vous voulez obtenir toutes les transactions, vous devrez vous abonner au coût de 100 $ par an.

Aux États-Unis, plusieurs sites couvrent les transactions d'initiés, dont secform4.com et insidertrading.org. Certains de ces sites couvrent, pratiquement en temps réel, les déclarations des initiés.

Personnellement, j'aime mieux consulter un site comme celui de Yahoo Finance (ca.finance.yahoo.com) qui me fournit, avec les autres informations fondamentales, les transactions d'initiés de cette société.

DE MON BLOGUE

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Vos réactions

«Et pourtant... avec autant de temps libre vu la fermeture des marchés boursiers, les grands médias financiers devraient en profiter pour faire, ne serait-ce qu'une fois, de l'analyse fondamentale !»

- polangevin

«Spéculer est un bon moyen de perdre de l'argent, avec ou sans ouragan.»

- ww

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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