Un budget courageux, mais optimiste

Publié le 03/04/2010 à 00:00

Un budget courageux, mais optimiste

Publié le 03/04/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le ministre Raymond Bachand a présenté mardi dernier un budget audacieux, puisque bien des Québécois jugeront qu'il portera un dur coup à leur portefeuille. Les citoyens s'attendent toujours à recevoir des bonbons d'un ministre des Finances. Ils ne veulent pas devoir payer davantage même s'ils exigent toujours plus de services. Comme si l'État imprimait de l'argent. Il est grand temps de comprendre que l'argent que le gouvernement redistribue par l'entremise de ses programmes vient des contribuables.

C'est aussi un budget responsable. Nous vivons au-dessus de nos moyens, et surtout, beaucoup plus grassement que les Ontariens, tout en étant plus pauvres et plus endettés. Il est temps de cesser d'accumuler des déficits et des dettes qui sont reportés de façon irresponsable sur les épaules de nos enfants et de nos petits-enfants. Enfin l'amorce d'un redressement !

La dette publique du Québec équivaut à 94 % de son produit intérieur brut (si on tient compte de la dette brute de la province, de 162 milliards de dollars au 31 mars 2010, et de sa part de la dette fédérale, soit 120 milliards). Standard & Poors accorde à la dette du Québec une cote de crédit inférieure à celle de plusieurs provinces, dont le Nouveau-Brunswick, qui est plus petite et moins riche.

C'est aussi un budget courageux. Outre les hausses de 1 % de la taxe de vente (TVQ) le 1er janvier 2011 et le 1er janvier 2012, Québec instaure une contribution au financement de la santé (50 $ par adulte en 2010, 100 $ en 2011 et 200 $ par la suite), un dégel des droits de scolarité à l'automne 2012, une hausse de 1 ¢ le kWh en quatre ans (de 2014 à 2018) du tarif du bloc patrimonial d'électricité, une hausse annuelle de 1 ¢ pendant quatre ans de la taxe sur les carburants, le gel de la masse salariale de l'État jusqu'en 2013-2014.

De plus, le ministre Bachand a annoncé une réduction de 10 % des dépenses de fonctionnement de nature administrative des ministères et des organismes publics, et la fusion et le transfert à des ministères de 28 fonds et organismes.

L'effort de retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014 totalisera 11 milliards de dollars, dont la moitié proviendra de compressions des dépenses. Un peu plus de 30 % de l'effort viendra des taxes qui seront ajoutées au fardeau des particuliers, et 7 % des entreprises (dont 470 millions de dollars de plus en quatre ans de la part des institutions financières). Le reste viendra de l'intensification de la lutte à l'évasion fiscale.

Le budget est également optimiste. Les prévisions de croissance économique réelle sont réalistes (2,3 % en 2010 et 2,6 % en 2011), mais la progression des dépenses de programmes prévue au cours des prochaines années paraît très optimiste.

Le gouvernement veut limiter la croissance de ses dépenses de programmes à 2,9 % en 2010-2011 et à 2,2 % les années suivantes. Il prévoit également limiter à 3,7 % la croissance des dépenses de santé et à 2,2 % celle des dépenses d'éducation pour l'exercice 2010-2011, par rapport à des taux de croissance de 5,7 % et de 3,5 % respectivement pour l'exercice précédent. C'est ambitieux.

Une fois de plus, la majeure partie de la croissance des dépenses (55 %) ira au secteur de la santé. L'éducation recevra 18 % de l'augmentation des crédits, le transport, 13 %, et la famille et les aînés, 6 %. Tous les autres ministères se partageront 8 % de la hausse des dépenses.

Le gouvernement octroie 1,1 milliard sur trois ans pour soutenir la recherche et l'innovation. Il précisera sa stratégie en cette matière dans un mois.

Enfin, Québec s'est fixé pour objectif de réduire sa dette brute à 52 % du produit intérieur brut en mars 2015, par rapport à 54 % en mars 2010. Espérons que le gouvernement maintiendra le cap.

Ce budget promet beaucoup, mais au-delà du gel de la masse salariale et de la volonté de ne plus reconduire automatiquement les programmes, il y manque un engagement formel d'accroître davantage l'efficacité de la machine gouvernementale. Il y a fort à faire sur ce plan, notamment en gérant plus efficacement l'octroi des contrats d'entretien et de construction et en regroupant les achats, deux domaines où l'administration gouvernementale n'est pas efficace.

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