La société de recherche eMarketer prévoit que 53 % des enfants et des ados américains visiteront un monde virtuel au moins une fois par mois en 2011, comparativement à 16 % en 2006. C'est dans ce marché en forte croissance que Tribal Nova se positionne.
Le produit. Tribal Nova conçoit deux gammes de produits : la première comprend des jeux et des vidéos éducatives pour les enfants de 3 à 6 ans, un marché qu'exploite la PME montréalaise avec des partenaires internationaux comme CBC, au Canada, PBS, aux États-Unis, et Bayard, en France; la seconde, destinée à la tranche d'âges de 7 à 12 ans, comprend des mondes virtuels dont les membres peuvent collectionner et échanger en ligne des jeux et des vidéos. Certains ont été produits par Tribal même; d'autres mettent en scène des personnages connus des jeunes, comme Totally Spies et Ben 10, dont Tribal a acheté la licence d'utilisation. Cette deuxième gamme de produits, appelée KidStudio, est exploitée en collaboration avec Bell Sympatico au Canada, et plusieurs réseaux aux États-Unis, dont WildTangent.
La stratégie commerciale. " Les partenaires avec lesquels nous développons nos contenus ne nous versent rien pour nos jeux, explique Guillaume Aniorté, coprésident fondateur de Tribal Nova. Nous nous partageons les revenus des abonnements. "
Pour les 3 à 6 ans, Tribal offre deux services en ligne : Bayard Kids et PBS Kids Play. Un troisième service, CBC Wonder World, sera lancé cette année. Pour les 7 à 12 ans, la PME offre un seul produit pour le monde entier, en anglais et en français.
Les jeux de Tribal Nova, affirment leurs concepteurs, peuvent aider les enfants de 3 à 6 ans qui éprouvent des difficultés d'apprentissage. L'entreprise recommande certains jeux en fonction des lacunes particulières de l'enfant. Les parents peuvent par la suite consulter une sorte de bulletin pour suivre les progrès de leur rejeton.
Comment l'idée vous est- elle venue ? Guillaume Aniorté et Pierre Le Lann ont tous deux des enfants et ont travaillé ensemble à la conception de cédéroms éducatifs chez Public Technologies Multimédia. " En tant que parents, nous avons constaté que l'offre de jeux en ligne pour les enfants, très éparpillée, comptait peu de sites sécurisés. Comme, en plus, le marché des cédéroms était en train de disparaître, Guillaume et moi nous sommes dit qu'il y avait là une belle occasion ", raconte M. Le Lann, qui a fondé Tribal Nova, en 2004, avec M. Aniorté.
Est-ce que ça s'est passé comme prévu ? " En gros, oui. Ce qui nous a étonnés, c'est le pouvoir des enfants de 7 à 12 ans d'influencer les décisions de leurs parents, explique M. Aniorté. Nous avons dû changer notre stratégie de commercialisation pour cibler directement les jeunes plutôt que leurs parents. Nous ne pouvons pas vendre nos produits aux parents en leur disant que c'est bon pour leurs enfants : ça ne marche pas. "
Le financement. En attendant que des investisseurs se manifestent, Tribal Nova a profité de l'aide financière de fonds spécialisés, tels que les fonds Bell et Quebecor, et de Téléfilm Canada.
Ensuite, MM. Aniorté et Le Lann ont fait appel à la Banque de développement du Canada et au Fonds d'investissement de la culture et des communications, qui ont contribué pour 750 000 $ sous forme de dette subordonnée.
Et récemment, les sociétés de capital de risque iNovia Capital et ID Capital se sont entendues pour investir 3 millions de dollars dans le capital-actions de Tribal Nova. La société ouverte DHX Media détient aussi des actions de la PME qui emploie 65 personnes. Toutefois, MM. Aniorté et Le Lann conservent le contrôle de leur entreprise.
Dans cinq ans ? Les deux coprésidents prévoient que, dans cinq ans, Tribal Nova aura plusieurs centaines de milliers d'abonnés - soit entre 5 et 10 millions d'enfants jouant chaque mois avec ses jeux, puisque plusieurs enfants peuvent profiter du même abonnement.
dominique.froment@transcontinental.ca
