Pas de problème d'inflation... pour l'instant

Publié le 24/04/2010 à 00:00

Pas de problème d'inflation... pour l'instant

Publié le 24/04/2010 à 00:00

L'inflation n'est pas problématique au Canada, mais elle pourrait le devenir si la Banque centrale tarde à relever graduellement les taux d'intérêt, disent les spécialistes.

" À court terme, il n'y a pas d'inquiétude par rapport à l'inflation ", dit Sébastien Lavoie, économiste en chef de la Banque Laurentienne. L'indice d'inflation tendancielle, qui exclut des éléments volatils comme l'énergie, est de 2,1 %. C'est le point médian de 2 % visé par la Banque du Canada pour contrôler l'inflation dans sa fourchette cible de 1 à 3 %.

Actuellement, plusieurs facteurs limitent la hausse des prix : la force du dollar canadien réduit le coût des importations, ou encore, le taux de chômage élevé au Canada (8,2 %) limite les hausses salariales.

Toutefois, l'inflation progressera plus rapidement si la Banque du Canada tarde à hausser les taux d'intérêt anormalement bas, ce qui favorise la consommation à crédit. Un baril de pétrole qui s'échangerait à plus de 100 $US durant des mois ferait aussi bondir l'inflation.

" Le risque d'une perte de contrôle de l'inflation est extrêmement faible ", précise Maurice Marchon, économiste à HEC Montréal.

1. Le dynamisme de l'économie canadienne risque de stimuler l'inflation

Malgré la croissance du PIB réel de 5 % au quatrième trimestre de 2009, le dynamisme de l'économie canadienne crée pour l'instant peu de pressions inflationnistes. " La capacité de production exédentaire limite la pression sur les prix ", note Martin Lefebvre, économiste principal au Mouvement Desjardins. Au quatrième trimestre, l'économie canadienne utilisait 71 % de sa capacité de production, soit près de trois points de plus seulement que le creux de 68,5 % enregistré au printemps de 2008. Cela dit, si notre économie continue sur sa lancée et que le taux de chômage baisse rapidement, les usines produiront davantage. Cela exercera une pression à la hausse sur les salaires et l'inflation.

2. La tentation d'utiliser l'inflation pour soulager son endettement

De tout temps, des pays endettés ont utilisé l'inflation pour réduire leur dette. L'inflation permet aux gouvernements d'augmenter leurs revenus dans la même proportion que la hausse des prix, tandis que la valeur de leur dette, elle, demeure constante. Les analystes de UBS estiment que les pays qui contrôlent leur politique monétaire et leur monnaie " résisteront difficilement à la tentation de laisser l'inflation soulager le fardeau de leur dette ". Selon eux, les États-Unis et la Grande Bretagne, deux pays endettés, ont plus de chance d'y recourir. Jouer avec l'inflation est très risqué car elle effrite le pouvoir d'achats (y compris l'épargne), et force les banques centrales à relever fortement les taux d'intérêt.

3. La croissance de la masse monétaire au Canada finira-t-elle pas créer de l'inflation ?

Plusieurs facteurs peuvent créer de l'inflation, dont la croissance de la masse monétaire à un rythme supérieur à celui de la production réelle. Or, selon la Banque du Canada, la masse monétaire progresse à un rythme " vigoureux " au pays. Dans la période de trois mois terminée en novembre, la masse monétaire globale a crû de 6,6 %. Faut-il s'en inquiéter ? Pas nécessairement, selon Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. " La masse monétaire peut s'accroître sans nécessairement faire augmenter les prix à court terme, sur un horizon d'un an ou deux. " Cependant, à long terme, une création exédentaire de monnaie engendre ultimement de l'inflation.

francois.normand@transcontinental.ca

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