Pas de cadeaux à attendre de ce premier budget Marceau

Publié le 10/11/2012 à 00:00, mis à jour le 08/11/2012 à 10:05

Pas de cadeaux à attendre de ce premier budget Marceau

Publié le 10/11/2012 à 00:00, mis à jour le 08/11/2012 à 10:05

Nous aurons donc droit à un budget automnal, ce qui confirme déjà ce dont on se doute depuis un bon moment : les finances du Québec se sont sérieusement détériorées, et c'est même pire que ce qu'on redoutait.

C'est certainement une des raisons qui expliquent cet empressement du ministre Nicolas Marceau à présenter aussi rapidement son plan de match, au-delà de la simple mise à jour budgétaire ou du mini-budget dont il était question jusqu'à présent.

On doit aussi comprendre que le gouvernement a désespérément besoin d'aller chercher des revenus supplémentaires, d'autant plus qu'il a accumulé les engagements coûteux lors de la campagne électorale. Et encore une fois, il faudra des tours de passe-passe pour en arriver à l'équilibre en 2013-2014, objectif auquel dit tenir mordicus le ministre Marceau.

La tâche est complexe, et elle le devient davantage quand on considère l'état réel de l'économie québécoise, qui est pratiquement tombée en panne ces derniers mois, même si certains chiffres pourraient laisser croire le contraire.

Prenez la toute récente «Enquête sur la population active» qu'a publié Statistique Canada sur le marché de l'emploi en octobre. Apparemment, le Québec en sort grand gagnant, puisque son bilan final se traduit par l'ajout de 20 000 travailleurs. Au niveau national cependant, on n'enregistre qu'un maigre gain de 1 800 emplois. Autrement dit, ça va mal dans les autres provinces, et le Québec sauve la mise, vrai ?

Non. Depuis quelques mois, nous ne gagnons pour ainsi dire que des emplois à temps partiel, tandis que se poursuit l'érosion du bloc d'emplois à temps plein. Et même si, statistiquement, un job est un job, dans les faits, la différence entre travailler 40 et 20 heures par semaine est aussi grande que la différence entre le jour et la nuit.

En octobre, le Québec a donc gagné 23 400 emplois à temps partiel, tandis qu'il en a perdu 3 300 à temps plein. Le plus navrant, c'est qu'une tendance lourde semble en voie de s'installer : près des deux tiers des quelque 67 300 emplois apparus depuis 12 mois sont à temps partiel. Comme si les employeurs, préoccupés par l'avenir, refusaient de se compromettre en créant de véritables postes.

À travailler quelques heures par semaine - à moins que ce ne soit par choix - vous ne pouvez décemment gagner votre vie, et vous ne payez pas non plus d'impôt.

Même la région de Québec, longtemps immunisée contre le ralentissement, montre des signes d'essoufflement. En octobre, elle comptait 15 000 emplois de moins qu'à pareille date l'an passé. À 5,4 %, son taux de chômage demeure largement sous les moyennes québécoise et canadienne, mais elle nous avait habitués à bien plus de vigueur.

Sacrifices

C'est dans ce contexte plutôt embêtant que le nouveau gouvernement montrera ses couleurs le 20 novembre avec son rare budget du temps des fêtes. Et n'espérez pas de cadeaux. Au contraire, le ministre Marceau aura le mot «sacrifices» à la bouche.

On sait déjà que sera confirmée l'imposition d'une contribution santé pour l'ensemble des contribuables, même si les gens à plus faibles revenus auront droit à une remise. Il faudra également voir quand et comment s'appliqueront les hausses d'impôt déjà évoquées pour les plus nantis. Plus vite annoncées, plus vite mises en place, tout en évitant l'odieux de la rétroactivité... Et on devrait également apprendre la hauteur des redevances accrues pour les minières. Question d'épargner des fonds - ou de pelleter dans la cour d'en avant -, on reportera inévitablement des travaux d'infrastructure. On entend dire que le pauvre échangeur Turcot, à Montréal, risque d'écoper, probablement sous prétexte qu'il importe de revoir les plans. Coût de cette temporisation : au moins 25 millions de dollars par année pour l'entretien. Mais ça passe mieux que d'admettre simplement que la caisse est à sec.

Le portrait n'est pas complètement noir, et la timide reprise qui pointe du côté américain permet d'espérer. La production manufacturière chinoise, qui déclinait, est en voie de se stabiliser, ce qui peut aider le marché des matières premières ainsi que nos ambitions de développement nordique. Et l'Europe va bien finir par se sortir du trou.

Il reste que le gouvernement québécois devra quand même être prudent dans ses annonces et ses ponctions. Ce n'est pas le moment de se péter les bretelles ni de jouer aux gros bras.

DE MON BLOGUE

Énergie

Le pétrole fera-t-il encore une fois rougir Jeff Rubin ?

Jeff Rubin a décidé de replonger dans le débat avec un nouveau livre, La fin de la croissance. Il maintient que la hausse brutale des prix du pétrole est inévitable et qu'elle va peser lourd sur les économies industrialisées [...] C'est avec prudence, il me semble, qu'il faut interpréter son acharnement à se servir encore de cet argument pour justifier ses avertissements à répétition.

Vos réactions

«Pour Rubin, la notion de pic pétrolier renvoie au seuil critique où l'extraction du pétrole cesse d'être rentable, et non à un épuisement de la ressource. Pour ce qui est du prix du pétrole, n'oublions pas que nous sommes dans une conjoncture de crise et que, dès que nous nous retrouverons en croissance, le prix repartira à la hausse.»

- Mortderire

«Le pétrole n'est pas éternel, la demande, oui. Rubin avait raison sur le prix. Bien sûr, le pétrole de schiste change tout, mais le coût d'exploitation demande un baril d'environ 80 $. Dans une vraie croissance, 200 $, ce n'est pas un rêve.»

- xylophone

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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