On se compare, on se console : le Québec n'est pas la Grèce

Publié le 08/05/2010 à 00:00

On se compare, on se console : le Québec n'est pas la Grèce

Publié le 08/05/2010 à 00:00

Mettons les choses au clair : les malheurs financiers de la Grèce ne serviront pas de répétition générale pour le Québec.

Il s'est dit et écrit toutes sortes de choses depuis quelques semaines sur le fait que le Québec pourrait éventuellement connaître une crise semblable à celle qui secoue la Grèce. Les deux États ont succombé au vice de l'endettement, souligne-t-on, et le poids de cette dette risque de faire éclater les finances publiques. Pour la Grèce, c'est déjà le cas, au point où le pays devra recevoir 148 milliards de dollars de l'Union européenne et du Fonds monétaire international pour éviter la faillite. Comptant 11 millions de citoyens, la Grèce, faut-il le rappeler, est à peine plus peuplée que le Québec.

Laissons de côté les comparaisons à propos de la dette, qui est en effet préoccupante au Québec, et comparons d'autres aspects de la tragédie grecque.

En Grèce, le service de la dette accapare presque le quart des revenus de l'État. Pour chaque dollar récolté, il doit verser 0,22 $ à ses créanciers, seulement pour payer les intérêts. Et comme ses prêteurs exigent des taux de plus en plus élevés pour lui faire crédit, la situation s'aggrave. Au Québec, le service de la dette engloutit 12 % des revenus de l'État. C'est déjà trop, mais c'est quand même deux fois moins que la Grèce.

Le dernier budget Bachand, qui fait encore grincer des dents au Québec, prévoit que les TPS et TVQ combinées passeront à 14,5 % en 2011. En Grèce, la facture passera de 21 à 23 % ! Et le coût de la vie y est déjà relativement élevé, ce qui signifie que les transactions faites sous la table se multiplieront.

Toujours dans les comparaisons, près du quart des travailleurs grecs sont des salariés de l'État. C'est énorme. Non pas que l'État soit mauvais, mais c'est d'abord le secteur privé qui crée la richesse. Au Québec, 11 % des emplois sont concentrés dans les secteurs public et parapublic. De nouveau, c'est deux fois moins.

Et vous vous rappelez des Jeux olympiques de Montréal, des dépassements de coûts et des éléphants blancs dont nous avons hérité ? C'est vrai que le stade est aussi utile qu'une vieille carpette, mais le Village olympique est habité, la piscine est assidûment fréquentée, le Vélodrome s'est réinventé en Biodôme et de nouveaux équipements sportifs et scientifiques se sont ajoutés au Parc olympique. En Grèce, c'est terrible : 21 des 22 infrastructures construites et utilisées à Athènes en 2004 sont maintenant abandonnées, faute de planification, rapporte le quotidien britannique The Independent. " Athènes est devenue le symbole de ce qu'il ne faut pas faire lorsqu'on présente les Jeux ", écrit le quotidien.

Pas question ici de se réjouir du malheur des autres, d'autant plus que la Grèce n'est pas le seul membre du club des pays européens à vivre au-dessus de ses moyens, Il convient simplement de mettre les faits en perspective. Des efforts herculéens attendent le Québec et tout le monde devra contribuer, mais il y a de l'espoir. Les Grecs, eux, en sont réduits à implorer Zeus et les dieux de l'Olympe pour se sortir du trou.

VIA ACCÉLÈRE... EN RECULANT

Au début d'avril, la direction de Via Rail annonçait fièrement que le trajet entre Montréal et Québec durerait plusieurs minutes de moins. J'étais content, puisque je prends régulièrement le train. Cependant, j'ai déchanté rapidement lorsque j'ai constaté le prix à payer pour cette accélération : entre Montréal et Québec ne circuleront plus, désormais, que les voitures LRC, livrées par Bombardier au début des années 1980.

Les autres trains en fonction, appelés Renaissance, n'étaient pas neufs - Via Rail les a rachetés des Britanniques -, mais au moins, la disposition des sièges offrait un plus grand confort, et surtout, ces trains comprenaient un outil indispensable dans un train moderne : une tablette assez grande pour y déposer un ordinateur portable. En 1980, on ne connaissait encore cette nécessité, et la petite tablette des LRC n'est pas de taille. J'ai vu des gens travailler avec leur portable sur les genoux.

Via Rail a fait de grands efforts récemment. Le service à bord est remarquable, et si les départs sont encore trop peu nombreux - aucun départ en soirée à Montréal, Québec, Ottawa et Toronto -, au moins, on arrive à destination à l'heure prévue. On nous dit que des LRC rénovés et aménagés en fonction du 21e siècle devaient être mis en service vers la fin de l'été. Il faut l'espérer. Sinon, ce sont les visiteurs qui finiront par rester en gare.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Le " maire Tremblix " et le " Bixix ".

Qu'on nous serve comme argument, en appui au projet du maire Tremblay, qu'il faut penser l'échangeur Turcot " à l'échelle humaine ", en y intégrant le transport en commun et le vélo, me sidère. Maire Tremblix - pardon, Tremblay -, le Bixi n'est pas une potion magique. Si cela continue, Montréal va vraiment devenir un village fortifié, comme au temps des Gaulois : on ne pourra pas plus y entrer qu'en sortir.

Vos réactions

"Je comprends que ce moyen de transport a ses limites, mais il agit en complément des autres modes de déplacement disponibles. "

- P. Morin

" Pensez- vous que tous les Montréalais vont commencer à utiliser le transport en commun ? C'est rêver en couleurs et en 3D en même temps. L'échangeur Turcot, ça presse. On n'a plus le temps de faire des élucubrations vertes. "

- Salamalekk

" L'avenir, c'est moins de routes pour les voitures et plus de voies réservées pour les autobus et pour le rail. "

- bberni

rene.vezina@transcontinental.ca

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