Joindre le geste à la parole pour aider les PME

Publié le 24/04/2010 à 00:00

Joindre le geste à la parole pour aider les PME

Publié le 24/04/2010 à 00:00

Les banques et les caisses Desjardins servent mal les petites entreprises. Du moins, c'est ce qu'affirme la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), en se fondant sur un important sondage mené l'an dernier auprès de 12 200 de ses membres.

Avec un tel échantillonnage, on doit naturellement prendre au sérieux les conclusions de l'enquête, qui révèlent ce dont on se doutait déjà : même chez les PME, les entreprises de plus grande envergure sont mieux traitées que les petites lorsque vient le moment de traiter avec les institutions financières.

C'est ennuyeux, car 98 % des entreprises canadiennes comptent moins de 50 employés. La plupart d'entre elles sont des TPE (très petites entreprises). Mais leurs besoins de capitaux n'en sont pas moins cruciaux, même si la taille du financement demandé est moins importante.

C'est d'ailleurs là un des irritants les plus fréquents : " Les demandes de prêt sont refusées à un taux alarmant ", souligne la FCEI. En 2009, le taux de refus a grimpé à 19,3 %, le niveau le plus élevé depuis l'an 2000. D'accord, nous étions en récession, mais n'a-t-on pas dit que le système financier canadien était solide et qu'il a bien traversé la crise ? Et que les complaintes répétées à propos du resserrement du financement n'étaient pas fondées ?

Nos observations à nous, au journal, ne reposent pas sur des données aussi exhaustives, mais nous entendons les mêmes histoires lors des tables rondes que nous organisons en région dans le cadre de notre Tournée du Québec. C'est exactement ce qui mène des dirigeants des centres locaux de développement (CLD), comme ceux de Joliette et de Laurentides Économique, à réclamer plus de fonds pour aider les entreprises en manque de capitaux.

Cependant, le financement aléatoire n'est pas seul en cause. Quand on prête aux PME, on facture des taux d'intérêt plus élevés aux plus petites d'entre elles.

Au Québec, c'est chez Desjardins que l'écart est le plus important entre le taux exigé et le taux de base, ce qui est bien gênant, puisque la coopérative détient près de la moitié (47,6 %) du marché québécois des PME. Les membres de la FCEI n'apprécient pas, ce qui vaut de mauvaises notes à Desjardins. Pour la clientèle des micro-entreprises, seule la Banque CIBC est moins bien classée. La Banque Nationale ne performe guère mieux, et figure juste devant Desjardins au classement.

Pour les petites entreprises (5 à 49 employés), la Banque Nationale obtient encore une mauvaise note, tandis que Desjardins se classe dans la moyenne. La Banque CIBC reçoit de nouveau le bonnet d'âne. Au moins, elle se rattrape en prenant le premier rang pour la clientèle des moyennes entreprises (de 50 à 499 employés).

Dans l'ensemble, ce constat est décevant. Dans le milieu financier, il est de bon ton d'y aller de grandes déclarations, la main sur le coeur, pour souligner le rôle essentiel des PME dans l'économie. Mais les bottines des banquiers ne suivent pas leur babines. Manifestement, on oublie de passer à l'action.

Malgré les doléances exprimées par ses membres, la FCEI ne part pas en guerre contre les banques et les caisses. Que voulez-vous, on n'a pas le choix, il faut tôt ou tard faire affaire avec elles ! Sauf que le système doit arrêter de se conter des histoires. Les institutions financières ont intérêt à comprendre que la manne risque de leur passer sous le nez. Les entrepreneurs ont la mémoire longue... Étonnamment, c'est une banque étrangère, la HSBC, qui est la mieux notée. Toutefois, son rôle dans l'économie canadienne est limité.

Voilà pourquoi la FCEI suggère poliment aux financiers d'utiliser les résultats présentés dans son rapport pour mieux servir leur clientèle de PME. Ceux qui le feront " gagneront un avantage concurrentiel, et les autres passeront à côté d'une belle occasion d'amélioration ", affirme la Fédération.

Je dirais même plus : les institutions financières passent leur temps à nous raconter combien elles sont sensibles aux besoins des PME, mais il est temps que ces beaux discours se traduisent par des actes sur le terrain, dans les succursales bancaires et dans les caisses. Pour l'instant, elles souffrent d'un dédoublement de personnalité. Ce sont les entrepreneurs qui en font les frais.

" Afin de favoriser une reprise économique durable au Canada, aucun obstacle ne doit freiner les efforts du secteur canadien de la PME en matière d'emploi et de croissance ", souligne la FCEI. Son observation est juste et louable. Encore faudrait-il qu'on sache l'entendre.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

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Ceux qui prédisent régulièrement l'écroulement du marché immobilier chez nous devront attendre encore un peu.

Vos réactions

" À l'heure actuelle, je ne perçois pas l'achat d'une propriété comme un bien accessible à la classe moyenne, et je pense que bien des personnes dans ma situation en arriveraient à la même conclusion si elles savaient se servir d'une calculatrice. "

- Mr. Pink

" Le prix des maisons unifamiliales à Québec est passé de 209 000 $ en mars 2009 à 245 000 $ en mars 2010, soit une hausse de 17 %. Mais en effet, cette hausse est rationnelle et il n'y a pas de bulle. "

- Jean

" Il faut faire confiance au gouvernement et continuer de bien s'endetter, c'est sûr que tout va continuer à monter, les matières premières, le huard, les actions, les maisons... Et nous serons tous très très riches à la retraite ! "

- MARLON75

rene.vezina@transcontinental.ca

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