Dollarama : la vie après le départ du dauphin

Publié le 31/08/2013 à 00:00, mis à jour le 29/08/2013 à 09:21

Dollarama : la vie après le départ du dauphin

Publié le 31/08/2013 à 00:00, mis à jour le 29/08/2013 à 09:21

C'est avec surprise que le marché apprenait récemment que Stéphane Gonthier quitterait Dollarama.

Ce n'est pas qu'un petit départ pour la société. Ancien de Couche-Tard, M. Gonthier était perçu par plusieurs comme le dauphin de Larry Rossy, fondateur et chef de direction de l'entreprise. Sous la férule de M. Gonthier, qui était chef de l'exploitation, Dollarama a fait flèche de tout bois, son titre passant de 19 $ lors de l'entrée en Bourse en 2009 à environ 75 $ actuellement.

M. Gonthier va diriger 99 Cents Only Stores, une petite chaîne de 325 magasins à 1 $ aux États-Unis qui a été privatisée récemment. C'est nettement moins que les 785 magasins de Dollarama, et le départ du dirigeant a, en conséquence, fait froncer les sourcils de quelques-uns.

Ce qui a jusqu'à maintenant transpiré de l'affaire donne cependant à penser que Stéphane Gonthier a tout simplement trouvé intéressant le nouveau défi qui se présentait à lui.

Son départ ne fournit pas moins une occasion de s'interroger sur le potentiel de Dollarama au cours des prochaines années.

Deux éléments ont été catalyseurs de croissance dans le passé et devraient le rester : l'ouverture de nouveaux magasins et la décision d'offrir des articles à des prix supérieurs à 1 $.

Combien d'établissements peut-on encore ouvrir ?

C'est la principale question. Dollarama compte près de 785 magasins. Depuis deux ans, elle a accéléré le nombre d'ouvertures et espère ajouter de 75 à 80 magasins par année.

L'accélération fait suite à l'entrée au Canada du géant américain Dollar Tree à la fin de 2010. Au départ, le nouveau venu ne comptait que 85 magasins ; il en a aujourd'hui 140 et veut porter leur nombre à 1 000 établissements. La course est ouverte pour s'emparer des meilleurs emplacements.

À première vue, il y a encore énormément de potentiel pour faire pousser des magasins à un dollar au Canada. Selon la Financière Banque Nationale, on compte un magasin pour 13 000 individus aux États-Unis. Au Canada, nous ne sommes qu'à un pour 29 000 individus. Le nombre d'établissements pourrait donc encore doubler (+ 1 265).

Prudence, dit cependant l'analyste Vishal Shreedhar, de la FBN : les produits offerts dans les magasins américains ne sont pas les mêmes que ceux ici. Dans certains, on trouve un large éventail de nourriture et des produits dont les prix vont jusqu'à 10 $. Chez Dollarama, la nourriture n'est pas aussi présente, et les prix ne dépassent pas encore les 3 $.

Dit autrement, certains magasins ne sont pas de réels établissements à un dollar, mais plutôt des espèces de Walmart de plus petite dimension. Leur offre accrue est susceptible d'amener plus de visites de consommateurs.

Si l'offre ne change pas (Dollar Tree n'a pas de produits supérieurs à 1,25 $), M. Shreedhar estime que le marché canadien pourrait atteindre la maturité autour d'un ratio de un magasin pour 15 000 ou 18 000 individus. C'est dire qu'il pourrait encore s'ouvrir de 700 à 1 100 établissements.

Combien pour Dollarama ? En postulant qu'elle et Dollar Tree conservent leur rythme d'ouvertures actuel, c'est de 400 à 500 Dollarama qui pourraient s'ajouter sur une période de cinq ou six ans.

Quel sera l'effet sur la rentabilité ?

Si le nombre de magasins augmente de 50 à 60 %, on peut sans doute postuler que le bénéfice augmentera au moins dans la même proportion. C'est dire qu'il passerait de 3,45 $ par action (consensus des analystes pour l'exercice en cours) à environ 5,50 $.

Vrai, la guerre s'accentuera. Il y aura plus de cannibalisation, et les loyers coûteront plus cher. Dollarama investit cependant en informatique pour mieux gérer ses inventaires. Ses coûts devraient diminuer.

Passons au deuxième axe de croissance : le prix des produits. Plus de 58 % des articles sont aujourd'hui vendus à plus de 1 $. À première vue, le levier semble avoir perdu beaucoup de force. Mais il en a encore. Un produit qui se vend 1,25 $ peut être haussé à 1,50 $. Les données ne changeront pas, mais le bénéfice augmentera. Ce levier est difficile à quantifier, et c'est ici que se situe le plus grand risque d'erreur. Il ne serait cependant pas étonnant que Dollarama affiche un bénéfice par action de 6,25 $ dans cinq ans (en hausse de 80 %).

Combien vaudra alors le titre ?

Il reste maintenant à choisir le ratio à appliquer. Le titre s'échange actuellement à 18,5 fois le bénéfice anticipé pour l'an prochain. C'est un ratio élevé qui devrait fondre au fur et à mesure qu'on s'approchera de la maturité. Adoptons un multiple de 16, un point au-dessus de la moyenne historique du marché.

À 6,25 $ de bénéfice par action, c'est un titre qui pourrait se négocier non loin de 100 $ : un rendement de 25 % sur cinq ans. C'est moyen. Le produit le plus cher offert par Dollarama est son action.

À la une

À surveiller: Rogers, Meta et Alphabet

Il y a 20 minutes | Charles Poulin

Que faire avec les titres Rogers, Meta et Alphabet? Voici des recommandations d’analystes.

Bourse: Wall Street ouvre en hausse, rassurée sur l'inflation et la tech

Mis à jour il y a 20 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto ouvre en hausse.

Vous pensez aller vivre en région éloignée? Le Fisc’ vous tend la main

Il y a 39 minutes | Les étudiants en sciences comptables de l'UQO

Les citoyens qui habitent ces régions sont susceptibles d’avoir accès à plusieurs déductions et crédits.