Plusieurs occasions d'achat sont apparues dans le secteur du pétrole et du gaz naturel à la suite d'une des plus douloureuses corrections boursières des 20 dernières années.
À près de 70 $ US, le baril de pétrole a reculé de 50 % depuis son sommet de 147 $ US atteint en juillet. Cette baisse, conjuguée au repli comparable du prix du gaz naturel et à la crise financière mondiale, a fait glisser le sous-indice de l'énergie du S&P/TSX de 55 % depuis juillet.
Du jamais vu depuis 1988
Selon Denis Durand, associé principal de Jarislowsky Fraser, les actions des pétrolières canadiennes ne se sont pas échangées à un cours aussi près de leur valeur comptable depuis 20 ans.
La dernière fois que cette situation s'était produite, elle n'avait duré que deux mois, a dit M. Durand lors d'une présentation récente aux clients de la société de conseillers en placement Partenaires Financiers Richardson.
La valeur comptable du titre d'une société pétrolière représente la valeur nette de ses installations, excluant la valeur du pétrole et du gaz contenu dans ses propriétés. Ainsi, le titre de Talisman Energy s'échange à seulement 15 % de plus que sa valeur comptable, et celui de Nexen, à 19 % de plus que sa valeur.
" Cela signifie que l'acheteur acquiert pour presque rien des réserves de pétrole dont le prix devrait augmenter avec le temps ", dit M. Durand.
L'analyste est optimiste à l'égard du marché de l'énergie à long terme, même si Jarislowsky Fraser a légèrement réduit sa participation dans les titres du secteur.
Il croit aussi au potentiel des exploitations de sables bitumineux, notamment aux perspectives de Suncor Energy, un exploitant d'expérience dont les coûts d'exploitation sont beaucoup plus bas que la moyenne.
Quand aux objections environnementales, M. Durand croit que des solutions technologiques les feront tomber.
Comme si le baril de pétrole était à 50 $ US
Selon Randy Ollenberger, analyste chez BMO Marchés des capitaux, les cours des titres pétroliers reflètent un prix de long terme du pétrole de seulement 50 $ US le baril.
" Les investisseurs craignent que la crise financière mondiale dégénère et que le marché boursier se détériore. Ils craignent aussi l'effet négatif du resserrement du crédit sur le financement des projets ", soutient M. Ollenberger.
L'analyste croit que le prix du pétrole sera ferme à long terme et recommande les titres de Suncor, de Pétrolière Impériale et de Husky Energy. Selon lui, ces sociétés ont des bilans solides et dégageront des flux monétaires discrétionnaires importants au cours des prochaines années.
Pour sa part, Patrick Osler, directeur du conseiller en placement Foyston, Gordon & Payne, a mentionné aux clients de Richardson que plusieurs pétrolières sont sous-évaluées. Foyston réserve 15,6 % de ses portefeuilles américains à l'énergie, alors que ces titres comptent pour 13,4 % de l'indice S&P 500.
Benoit Gervais, gestionnaire du Fonds canadien de ressources Mackenzie Universal, constate que le secteur de l'énergie et le marché boursier en général vivent une situation extrême, et qu'il est difficile de prévoir jusqu'où ils peuvent descendre à court terme.
" C'est aussi dans ces situations risquées, quand on n'a pas de données pour confirmer quoi que ce soit, qu'on fait les meilleurs achats ", affirme M. Gervais. Le géant russe Gazprom compte parmi ses principaux placements.
M. Gervais a également augmenté sa position dans Suncor Energy.
Selon lui, le seuil de rentabilité de production de Suncor se situe entre 35 et 40 $ US le baril, comparativement à 100 $ US pour les nouveaux projets.
lesaffaires.redaction@transcontinental.ca
