Budget : Québec sera jugé à son courage

Publié le 27/02/2010 à 00:00

Budget : Québec sera jugé à son courage

Publié le 27/02/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Il n'y aura pas 36 façons d'évaluer le prochain budget du gouvernement du Québec et les mesures qui seront prises pour contrer la détérioration des finances publiques et le déficit structurel qui se profile à l'horizon. Cette évaluation tiendra au mot " courage ".

Le philosophe Aristote affirmait que " le courage est la première des qualités humaines, car elle garantit toutes les autres ". Majoritaire à l'Assemblée nationale et en poste pour au moins trois ans avant les prochaines élections, le gouvernement Charest montrera, lors de son prochain budget, s'il a le courage de prendre les mesures qui s'imposent afin de redresser les finances publiques et pour réduire la dette qu'il accumule sur le dos des prochaines générations.

Nous vivons au-dessus de nos moyens, bien que nous soyons plus pauvres que nos voisins. Il serait irresponsable de laisser cette situation se dégrader.

Voici quelques indicateurs des tumeurs qui menacent les finances du Québec :

> Québec finance 26 % plus de services publics que l'Ontario;

> Si le Québec avait offert le même panier de services financés par l'État que l'Ontario, il aurait réduit ses dépenses de 17,5 milliards de dollars (G$) en 2008-2009. Or, le produit intérieur brut par habitant (PIB) du Québec est inférieur de 14 % à celui de l'Ontario;

> L'assiette fiscale potentielle du Québec (une fois ajustée au nombre d'habitants) est inférieure de 50 G$ à celle de l'Ontario;

> Le Québec est fortement endetté. Son gouvernement avait une dette de 164 G$ au 31 mars 2009, en hausse de 5 G$ sur l'année précédente. La dette équivaut à 54,2 % du PIB de la province. S'ajoute à cette dette, la part du Québec de la dette fédérale, environ 120 G$, soit 39,7 % du PIB québécois. Ces deux dettes totalisent 93,9 % du PIB québécois !

On répète que le redressement des finances publiques est un défi collectif et que sa solution requiert une révolution culturelle. Or, il reste que c'est au gouvernement de prendre ses responsabilités. Car c'est bien lui, le gouvernement, qui nous a mis dans ce pétrin en multipliant les programmes mal financés, en remettant au lendemain la tâche de s'attaquer aux problèmes et en refusant d'accroître et d'indexer les tarifs des services publics. Sans parler des nombreux exemples de mauvaise gestion (en matière d'implantation informatique, d'achats, etc.).

Candidate au prix du gouvernement qui aura le plus endetté les Québécois, l'administration Charest doit non seulement s'atteler résolument au retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014, tel que promis dans le budget de mars 2009, mais aussi s'assurer que le Québec ne retombera pas en situation de déficit structurel dès 2014-2015 en raison de la baisse de la population active.

Autre facteur non négligeable, le coût du service de la dette recommencera à croître lorsque les taux d'intérêt seront relevés.

Le Comité consultatif sur l'économie et les finances publiques fournit plusieurs pistes de solution pour enrayer la détérioration des finances publiques.

Dans son budget, Québec devra s'attaquer à la croissance des dépenses, ce qui veut dire mieux gérer, réévaluer des programmes et accroître la productivité des fonctionnaires. Il faut également se faire à l'idée qu'il faudra accroître les revenus, notamment en augmentant la taxe de vente et les tarifs d'électricité résidentiels, dont le niveau actuel contribue à gaspiller de l'énergie qu'Hydro-Québec pourrait exporter.

Le moment est propice à une hausse et à une indexation des droits de scolarité universitaires, et à la révision de certains programmes d'assurance (comme l'assurance stabilisation des revenus agricoles), dont les bénéficiaires n'assument qu'une partie des coûts. On pourrait aussi commencer à exiger des droits de séjour à l'hôpital et des frais de visite chez le médecin (comme cela se fait partout en Europe). Les tarifs de garde devraient être augmentés à 10 $ par jour (ils représenteraient alors 20 % des coûts) et être indexés.

Lorsqu'il y a une crise, le rôle du gouvernement n'est pas de plaire aux citoyens, mais de faire preuve de leadership, comme l'ont déjà fait certains gouvernements péquistes lors de récessions précédentes. C'est une simple question d'équité envers les prochaines générations.

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