" Les entreprises manufacturières devront être encore plus compétitives "

Publié le 16/01/2010 à 00:00

" Les entreprises manufacturières devront être encore plus compétitives "

Publié le 16/01/2010 à 00:00

La récession a fait très mal aux fabricants québécois. Même si ce secteur représente un peu moins de 15 % de l'activité économique de la province, il a encaissé 30 % de tous les emplois perdus au Québec, de septembre 2008 à novembre 2009.

Cette saignée - 12 000 emplois ont disparu - donne une idée de l'ampleur de la crise qui s'est abattue sur ce secteur déjà fragilisé.

Pas de doute, les manufacturiers ont d'importants défis à relever cette année. Pour faire le point sur ces enjeux, nous avons interviewé Simon Prévost, président des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ).

Les Affaires - Quel est le défi crucial pour votre industrie en 2010 ?

Simon Prévost - Augmenter notre productivité. Plusieurs facteurs ont un impact direct sur notre capacité de performer, comme la conjoncture économique et la force du dollar canadien par rapport au dollar américain. Les manufacturiers croient que le huard sera à parité avec le billet vert pendant quelques années. C'est un défi auquel nous avons déjà fait face en 2007, année où les restructurations ont commencé dans notre secteur.

L.A. - Quelle est votre stratégie pour augmenter votre productivité ?

S.P. - Cela passe par du meilleur capital, que ce soit en terme d'équipements ou de main-d'oeuvre. Bref, cela nécessite de l'investissement privé. En 2009, au Québec, les dépenses publiques ont pris le relais de l'investissement privé, qui a chuté de 54 %. De nouvelles routes, comme le prolongement de l'autoroute 30, pour contourner l'île de Montréal, aident à améliorer la productivité à long terme. En revanche, l'investissement public pour réparer des ponts qui tombent ne contribue pas à augmenter la productivité des entreprises.

L.A. - Les manufacturiers ne paient plus de taxe sur le capital depuis 2008. Que vous faut-il de plus pour investir dans le capital, d'autant que la force du huard réduit le coût des équipements achetés aux États-Unis ?

S.P. - C'est vrai qu'il n'y a plus de taxe sur le capital, mais si les entreprises n'ont pas d'argent pour acheter de la machinerie, nous ne sommes pas plus avancés. Il faudrait d'autres allègements fiscaux. Or, à cause de l'endettement de Québec, la marge de manoeuvre du gouvernement sera limitée au cours des prochaines années pour réduire les impôts des entreprises. Cela dit, il existe déjà certaines mesures pour aider les manufacturiers, mais Québec doit s'assurer qu'elles servent à stimuler l'investissement en capital pour augmenter la productivité.

L.A. - Malgré la récession, la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée touche tous les secteurs de l'économie. Comment le secteur manufacturier relèvera-t-il ce défi ?

S.P. - Les entreprises doivent d'abord miser sur davantage d'automatisation dans leur processus de production, ce qui permettra de réduire les besoins en main-d'oeuvre. Elles doivent aussi mieux former leurs employés. C'est une tendance : la formation de la main-d'oeuvre se fera de plus en plus sur les lieux de travail, plutôt que dans les écoles. Et là, les gouvernements ont un rôle à jouer. Actuellement, il est plus facile de faire financer la formation à l'extérieur des entreprises par des programmes gouvernementaux. Mais quand la formation se donne en usine, il y a des coûts pour les entreprises. Les gouvernements doivent donc mieux soutenir ce processus.

L.A. - Le Québec peut-il s'inspirer d'un modèle ?

S.P. - Dans certains pays européens, les entreprises font reconnaître des expériences de travail comme des compétences, ce qui leur permet de faire rembourser les frais afférents. Cela stimule la formation de la main-d'oeuvre.

L.A. - Les jeunes ne se bousculent pas pour travailler dans le secteur manufacturier au Québec. Que ferez-vous pour y attirer du sang neuf ?

S.P. - Notre industrie doit actualiser son image vieillotte. Un sondage réalisé l'été dernier auprès des jeunes disait que 81 % d'entre eux n'envisagaient pas de faire carrière dans le secteur manufacturier. Un peu plus de 50 % de la population a une image négative de notre secteur. Pourtant, les entreprises utilisent de plus en plus les hautes technologies. Les trois quarts de la R-D du Québec se fait dans le secteur manufacturier. Ce n'est pas un milieu monotone comme il y a 50 ans.

L.A. - Comment redorerez-vous votre image auprès des jeunes ?

S.P. - Nous avons lancé, l'an dernier, un site Web (lavenircasefabrique.com). Nous aurons d'autres initiatives cette année sur Internet et sur les réseaux sociaux. Il faut que les jeunes sachent que c'est intéressant de travailler dans une entreprise manufacturière. En plus, c'est payant. Par exemple, dans le secteur de la transformation alimentaire, il y a une pénurie de vice-présidents pour gérer des usines. Il faut des études en génie, une maîtrise ou un MBA. Ces postes sont payés de 250 000 à 300 000 $ par an. Or, certaines entreprises ne parviennent pas à les combler.

francois.normand@transcontinental.ca

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