Montréal, le jeu vidéo, le recrutement et les femmes

Publié le 03/11/2011 à 10:23

Montréal, le jeu vidéo, le recrutement et les femmes

Publié le 03/11/2011 à 10:23

BLOGUE. Quelques notes compressées autant que possible suite au Sommet international du jeu de Montréal.

La mode a beau être aux jeux mobiles, sociaux, casuals et autres, la vache à lait reste encore les jeux de console vendus en magasin, a rappelé en entrevue le président de la division jeux de Warner, Martin Tremblay. « Le modèle numérique n'est pas encore tout à fait au point. Des compagnies 100% numériques qui sont rentables, il y en a, mais pas beaucoup. »

Le calcul est simple. Environ 4,6 millions d'exemplaires du dernier gros jeu de Warner, Batman Arkham City, ont été envoyés aux magasins la première semaine. À 59$ l'unité, c'est plus de 270 M$. « Pour un jeu en téléchargement, quand tu as 150 000 téléchargements par semaine, à 4,99$, c'est déjà beaucoup. »

La mode actuelle « ne peut être ignorée, mais on ne peut pas non plus s'y jeter comme si c'était la ruée vers l'or ».

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Parlant de Martin Tremblay, qui dirige le groupe jeux vidéo de Warner depuis Los Angeles, il considère que Montréal est encore très attirante pour les studios de jeux vidéo, et cela plus d'un an et demi après avoir lui-même pris la décision d'y installer un studio.

« C'est unique ce qu'on a ici. Les gens sont bilingues, on peut attirer des gens de partout dans le monde, l'offre de formation n'a rien à voir avec ce qu'elle était il y a cinq ans, nous sommes reconnus pour notre créativité et il y a déjà plus de 7000 personnes qui travaillent dans le milieu. Un bassin du genre, c'est assez unique. »

Plus tôt, dans son allocution prononcée devant la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, il avait estimé qu' « on peut dire aujourd'hui que le Hollywood du jeu vidéo, c'est Montréal ».

On l'entend souvent, celle-là, mais quand elle vient de la bouche de quelqu'un qui travaille justement à Hollywood, c'est toujours plus crédible.

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Le mot « talent » est très à la mode dans l'industrie du jeu vidéo. Des « talents », tout le monde en cherche. Pas un seul dirigeant ayant eu l'occasion de prendre la parole n'a manqué l'occasion de rappeler, d'une façon ou d'une autre, qu'il accueillait volontiers les candidatures.

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Bribe du discours d'Alain Tascan, président et fondateur de SAVA Transmédia, dont environ le tiers du personnel est féminin, ce qui est évidemment largement au-delà de la moyenne de l'industrie.

« La première fois qu'on m'a montré un storyboard, il y a eu un bon 5 minutes pendant lesquelles je pensais que quelque chose n'allait pas. Ce n'est qu'après que j'ai réalisé que c'était la première fois que je voyais des personnages créés majoritairement par des femmes. C'est très différent. Les couleurs sont différentes, la pensée est différente et les personnages féminins conçus par des femmes ne ressemblent pas du tout à ceux conçus par des hommes! »

M. Tascan, dont les présentations sont toujours très animées, ne s'en plaint pas, au contraire. Sa nouvelle entreprise se spécialise entre autres dans les jeux destinés aux médias sociaux comme Facebook, où le public féminin est plus important.

« Ailleurs, dit celui qui dirigeait auparavant EA Montréal, on a beau dire qu'on fait des jeux pour un public âgé de 35 ans, en fait, c'est pour des gars de 15 ans, que ce soit vraiment un gars de 15 ans où le gars de 15 ans à l'intérieur du gars de 40 ans. C'est très difficile pour une entreprise habituée à cela de soudainement changer et essayer de faire des jeux pour une femme de 48 ans. »

Les difficultés s'appliquent aussi au marketing, croit-il. « Quand on fait des blockbusters, on peut faire le même marketing presque partout dans le monde. On vise la génération Nintendo. Mais si on vise un public féminin, c'est différent. Les femmes de Québec sont déjà différentes de celles de Montréal. »

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M. Tascan est aussi revenu sur un sujet de prédilection pour lui: encourager les travailleurs de l'industrie à démarrer leur propre entreprise. Environ 90% de la main d'oeuvre actuelle du jeu vidéo à Montréal travaille pour une entreprise étrangère, a-t-il rappelé. Les capitaux nécessaires sont disponibles, assure-t-il.

« Au Canada et à Montréal, il y a beaucoup d'investisseurs qui attendent l'opportunité et qui veulent que le Québec ou le Canada avancent dans ce marché. Ils regardent la situation: le jeu est conçu ici et produit ici, mais l'argent s'en va ailleurs. Ils se disent: "Je vais investir moi-même, prendre les mêmes gars, et l'argent va rester ici."

« C'était plus difficile avant parce que les investissements nécessaires pour les gros jeux AAA étaient rendus à 30 ou 50 M$, mais là il y a possibilité d'investir dans de plus petits projets pour mobiles, par exemple. En plus, ils peuvent suivre le progrès de leur investissement chaque jour avec les données de ventes de l'App Store. Ils sont heureux. Venez me voir, je vais vous donner les noms. »

On peut déjà vous en donner un: Paul Lee, associé chez VanEdge Capital, qui a déjà investi dans l'entreprise de M. Tascan ainsi que dans un autre studio québécois, Gamerizon.

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