iWeb, fournisseur de services d'hébergement Internet et d'infrastructures TI, l'a trouvé, son rassembleur : Éric Chouinard. Cet entrepreneur a monté de toutes pièces une société à forte croissance qui compte des clients dans près de 150 pays. Il figure au prestigieux palmarès Canada's Top 40 Under 40 de la Société Caldwell Internationale, ce qui lui a valu, entre autres, le poste d'entrepreneur-entraîneur à la nouvelle École d'entrepreneurship de Beauce, aux côtés de Marc et Marcel Dutil, Jean Coutu, Alain Lemaire et Placide Poulin. Surtout, Éric Chouinard fait rêver. Chaque trimestre, il présente à ses employés un compte-rendu de la situation et des projets de l'entreprise. Cependant, son discours, accompagné de présentations visuelles, n'a rien de traditionnel. Il parle de rêves, de voyages, il invite les employés à imaginer l'avenir. Au cours du dernier compte-rendu, par exemple, il a conçu et montré les manchettes fictives de publications prestigieuses du monde entier annonçant une expansion phénoménale et mondiale d'iWeb.
" Notre domaine en est un de commodités, dit-il. Pour inspirer les gens, il faut des images marquantes. " Un art dans lequel Éric Chouinard excelle, selon Martin Leclair, cofondateur d'iWeb. " Il transmet les objectifs à atteindre en suscitant des émotions chez les employés. " Et ça marche.
Les livres empilés sur le bureau du président de 40 ans sont révélateurs de son style de leadership : Temps d'arrêt pour les leaders, S'inspirer pour mieux diriger, Delivering Happiness. Il rencontre tous les nouveaux employés, par groupes de dix, pour leur présenter la mission, les valeurs et la vision de l'entreprise, ainsi que les objectifs à atteindre... qui tiennent sur une seule page. " Je leur explique où nous nous voyons dans trois à cinq ans, dans un an et dans trois mois, et ce qu'il faut faire pour y arriver. C'est simple, concis, et cela permet de nous assurer que tout le monde rame dans la même direction. "
Kent Nagano possède aussi cette capacité, qui lui permet de partager sa vision en touchant les cordes sensibles de ses interlocuteurs. Il faut l'entendre expliquer comment il s'est fondé sur la mission et le nom de l'OSM pour définir cette vision. Montréal ? " Une des plus grandes villes d'Amé- rique du Nord, francophone de surcroît. Il faut donc que notre façon de jouer soit montréalaise, pas new-yorkaise ou londonienne. Et l'aspect francophone doit se retrouver dans l'esprit et l'image de l'orchestre. " Le maestro tient aussi à préserver les liens de l'institution avec les Européens, puisque " Montréal fait partie du Québec, la plus ancienne région d'Amérique du Nord à avoir été civilisée par les Européens ". Et comme Montréal est située au Canada, l'orchestre se doit de servir et de refléter tout le pays. " C'est pourquoi nous avons donné des concerts dans le Grand Nord... "
" Cela peut paraître simpliste, mais si l'on n'est pas ce qu'on dit être, il y a un problème, ajoute-t-il. Alors qu'au contraire, si l'on est fidèle à soi-même, on peut construire une vision exceptionnelle et unique. " On le croit ! Les rassembleurs ont une aptitude merveilleuse : ils inspirent confiance. Mais ils savent aussi faire confiance, comme en témoigne le premier chef assistant du maestro. " Il me donne beaucoup de liberté quant au répertoire des concerts que je dirige, dit Stéphane Laforest. C'est vraiment chic de sa part. Peu de directeurs musicaux font cela. "
Proches de leurs gens
Cet automne, des employés d'iWeb ont travaillé toute une nuit pour régler un problème technique majeur. Au petit matin, Éric Chouinard est allé les féliciter et les encourager. Il les a filmés et a affiché la vidéo sur son site Internet (ericchouinard.com), qu'il alimente régulièrement de vidéos touchant au quotidien de l'entreprise. " Les employés étaient contents qu'Éric prenne le temps d'aller les voir ", dit Martin Leclair, cofondateur de l'entreprise.
Par ailleurs, Éric Chouinard demande à ses 220 employés de se fixer trois priorités personnelles par trimestre, dont le suivi est assuré par leur supérieur immédiat. Pour le colosse au crâne rasé, " c'est une façon de les aider à se développer ". En faisant ainsi appel aux aspirations personnelles de leurs employés, les rassembleurs suscitent l'engagement, selon Édith Luc, professeure associée à la Chaire de leadership Pierre-Péladeau. " Les employés ont envie de mettre toutes leurs capacités à contribution, car ils en retirent quelque chose. "
