Une illusion qui coûte cher

Publié le 15/06/2013 à 00:00

Une illusion qui coûte cher

Publié le 15/06/2013 à 00:00

Le recul de la productivité du Canada, documenté depuis plusieurs années par de nombreuses études, serait en grande partie attribuable au fait que 36 % des entreprises du pays croient, à tort, qu'elles investissent assez pour demeurer concurrentielles dans leur industrie.

Dans son rapport intitulé «L'avenir de la productivité, l'heure du réveil pour les entreprises canadiennes», le cabinet de services-conseils Deloitte trace un portrait inquiétant de la perception qu'ont les dirigeants canadiens à propos de la productivité de leur entreprise.

Le document soutient que l'écart de productivité n'a cessé de se creuser entre le Canada et les États-Unis depuis le début des années 1980. «Au cours des 10 années qui ont suivi, le taux de croissance de la productivité au Canada a toujours été moins élevé que celui aux États-Unis, créant un écart entre les deux pays. Cet écart est demeuré inchangé au cours des années 1990 et a rapidement augmenté pendant la décennie suivante. De 2009 à 2011, la productivité a continué à augmenter au taux de 2,1 % aux États-Unis, tandis que la nôtre a augmenté en moyenne de 1,1 % par année. En 2011, la production canadienne par travailleur ne représentait donc plus que 78,3 % de celle des États-Unis», souligne l'étude.

Deloitte a ainsi interrogé des chefs d'entreprise sur leurs investissements dans la R-D, le matériel et l'outillage et les technologies de l'information et des communications ainsi que sur les obstacles qui les empêchent d'accroître leurs dépenses en ce domaine.

«Pour nous aider à mieux comprendre les facteurs sous-jacents à leurs décisions, nous avons également cherché à savoir à quel niveau les entreprises investissaient en productivité et comment elles se comparaient par rapport à leurs pairs», explique l'associé et leader de la pratique de stratégie corporative chez Deloitte, Louis J. Duhamel.

Quatre groupes d'entreprises

L'enquête a été effectuée en début d'année auprès de membres de la haute direction de 884 entreprises de partout au Canada. Elle révèle que les sociétés canadiennes peuvent être divisées en quatre groupes.

Les Entreprises dynamiques (32 %) sont celles qui investissent assez sur le plan de la productivité. Les Trop confiantes (36 %) croient à tort investir assez en productivité. Les Statiques (14 %) investissent peu ou pas en productivité. Enfin, 18 % des entreprises investissent assez en productivité, mais ont l'impression de ne pas en faire assez (ce dernier groupe n'a pas été analysé).

«On peut donc affirmer que 50 % des sociétés canadiennes investissent plus que la médiane de leur secteur en productivité», explique Jesse McWaters, économiste chez Deloitte.

À la lumière du document, M. Duhamel juge que le Canada doit absolument cibler les entreprises trop confiantes pour les convaincre de s'attaquer à un problème dont elles ne connaissent pas l'existence.

«Les entreprises trop confiantes ont quand même de bons comportements. Leurs dirigeants estiment que la productivité est importante et ils ont une tolérance au risque élevée. Il faut juste trouver un moyen de mieux les renseigner», croit-il.

L'étude de Deloitte estime que l'écart de productivité entre le Canada et les États-Unis pourrait être réduit de 29 % si les Trop confiantes relevait leurs investissements au niveau de la médiane de leur secteur. «Ça demeure une approximation, mais c'est une cible atteignable», dit Jesse McWaters.

«Actuellement, l'ampleur et l'effet de ce manque d'information sont alarmants. Les analyses comparatives constituent pourtant une solution facilement accessible à ce problème et représentent une activité essentielle que toutes les entreprises devraient entreprendre pour s'assurer que leur niveau d'investissement est concurrentiel», révèle l'étude.

Deloitte soutient qu'il y a urgence d'agir, sans quoi le Canada poursuivra sa glissade par rapport aux États-Unis. En 2011, le travailleur américain contribuait en moyenne à hauteur de 58,80 $ au produit intérieur brut du pays par heure travaillée, comparativement à 46,30 $ pour le travailleur canadien.

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