"Une crise, c'est rarement mobilisateur, mais ça se gère"

Publié le 21/03/2009 à 00:00

"Une crise, c'est rarement mobilisateur, mais ça se gère"

Publié le 21/03/2009 à 00:00

Par S.D.

Journal Les Affaires - Vous vous insurgez contre l'ampleur des réductions de personnel qu'on observe actuellement. Pourquoi ?

Michel Tremblay - J'ai l'impression qu'il y a un vent de panique et peu d'introspection. On veut donner l'impression que la situation est maîtrisée. Mais permettez-moi une analogie avec la guerre : si le général se départissait de ses soldats, croyez-vous qu'il gagnerait la guerre ? On a plus besoin de ses employés en période de crise qu'en période de succès. Lorsque tout va bien, on surfe sur la vague.

JLA - Mais les gestionnaires réduisent leurs effectifs pour sauver l'entreprise, non ?

M.T. - Pas dans tous les cas. Les recherches récentes montrent que les entreprises qui font des réductions massives de personnel ne voient pas nécessairement leur résultats financiers s'améliorer, et elles risquent de se retrouver avec un taux de roulement problématique.

JLA - Quelles sont ces recherches ?

M.T. - En 2007, une enquête de HEC Montréal auprès de 240 entreprises canadiennes et américaines a montré que les entreprises ayant mis à pied plus de 5 % de leur personnel n'avaient pas connu une hausse significative de productivité ni une baisse de leur taux d'endettement, trois ans après la crise. Au contraire, celles qui avaient coupé de la façon la plus draconienne avaient vu leur taux d'endettement augmenter après trois ans. Une autre étude de l'Université du Wisconsin, datant de 2008, montre que les réductions d'effectifs font passer le taux de roulement à 25 % en moyenne, et jusqu'à 49 % dans certains cas. Et en 2006, deux chercheurs de l'Université Simon-Fraser, en Colombie-Britannique, ont étudié l'impact des réductions de postes dans 3 000 entreprises canadiennes : ils ont découvert que chez celles ayant fait de fortes réductions, la productivité avait baissé de 17,2 %, tandis que chez celles qui avaient fait des réductions tout en investissant dans leurs ressources humaines, la productivité avait augmenté de 4,7 %.

JLA - Est-il possible de contrecarrer l'effet démotivant des réductions de personnel ?

M.T. - Une crise, c'est rarement mobilisateur. Toutefois, ça se gère. Mais ceux qui ne sont pas souciés du moral de leurs employés en temps de prospérité vont le payer cher aujourd'hui. On a l'adhésion qu'on mérite. Les jeunes et les meilleurs éléments sont particulièrement sensibles à ce qu'ils interprètent comme une rupture de contrat psychologique avec leur employeur. De plus en plus d'études prouvent que des réductions majeures et successives affectent le moral et la santé des travailleurs : absentéisme, dépression, anxiété, recours accru aux programmes d'aide aux employés. C'est pourquoi les employeurs doivent faire la démonstration qu'ils ont tout fait pour économiser ailleurs avant de supprimer du personnel.

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