Un Congrès plus démocrate ne serait pas une catastrophe pour le Canada

Publié le 01/11/2008 à 00:00

Un Congrès plus démocrate ne serait pas une catastrophe pour le Canada

Publié le 01/11/2008 à 00:00

Par François Normand

Oubliez les scénarios catastrophe. Si les démocrates renforcent leur contrôle sur le Congrès, pas question de réouvrir l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Les entreprises canadiennes doivent plutôt s'attendre à se heurter à des mesures protectionnistes qui, du reste, ne les visent même pas directement.

" Le Congrès est dominé par les démocrates depuis deux ans, et nous n'avons pas noté de mouvement pour mettre en cause le libre-échange avec le Canada ", souligne Tom Creary, vice-président de la Chambre de commerce américaine au Canada.

Lors de la course à l'investiture démocrate, Barack Obama a évoqué la possibilité de renégocier l'ALENA. Mais selon plusieurs analystes, il s'agissait plutôt d'un discours électoraliste que d'une stratégie pour redéfinir les termes des échanges canado-américains.

Cela dit, si le taux de chômage s'envole aux États-Unis, la pression populaire incitera les membres du Congrès à adopter des mesures protectionnistes. Les membres de la Chambre des représentants y seront particulièrement sensibles.

" Ils sont pratiquement toujours en campagne électorale, car ils sont élus tous les deux ans ", dit Jean-François Gaudreault-Desbiens, spécialiste en droit américain à la Faculté de droit et au Centre d'études et de recherches internationales (CERIUM) de l'Université de Montréal.

Moins d'accords de libre-échange, moins de contrats

Les entreprises canadiennes risquent cependant d'être touchées indirectement par des pertes d'occasions d'affaires. " C'est clair que les États-Unis ne négocieront pas de nouveaux accords de libre-échange. Ce qui signifie moins de contrats pour nos entreprises qui vendent des composants aux exportateurs américains ", confie une source diplomatique canadienne à Washington.

Si les entreprises américaines n'ont pas accès à de nouveaux marchés, elles devront se rabattre sur les États-Unis. Or, l'économie de nos voisins se dirige vers une récession, si elle n'y pas déjà.

Dans ce contexte, les entreprises canadiennes auront moins de contrats avec les entreprises américaines.

Par ailleurs, les autorités américaines chercheront-elles à favoriser l'économie du pays ? Deux lois sont déjà en vigueur au sud de la frontière, la Buy American (qui encourage l'achat de produits américains par le gouvernement des États-Unis) et le Buy America (qui favorise des approvisionnements locaux pour les transporteurs publics).

" C'est possible qu'il y ait plus de règles du genre ou qu'on renforce celles qui existent déjà ", dit Patrick Leblond, professeur d'affaires publiques et internationales à l'Université d'Ottawa.

Plus de barrières non tarifaires

L'adoption de barrières non tarifaires est un risque sérieux, disent les analystes. Ce n'est pas le Canada que l'on vise, mais plutôt la Chine.

Le meilleur exemple est sans doute la loi du Country of Origin Labeling, qui force les fabricants d'aliments à indiquer l'origine des produits qu'ils utilisent.

Même si cette loi vise la nourriture importée de Chine, elle touche par ricochet les entreprises canadiennes qui exportent aux États-Unis. Elles doivent modifier leur étiquetage, ce qui entraîne des coûts.

Vers une nouvelle guerre du bois d'oeuvre ?

Jean-François Gaudreault-Desbiens, du CERIUM, n'écarte pas la possibilité d'une nouvelle guerre du bois d'oeuvre.

Michel Vincent, directeur, économie, marchés et commerce international du Conseil de l'industrie forestière du Québec n'écarte pas ce scénario, mais il le juge improbable. " Même si les démocrates sont plus protectionnistes en théorie, ce sont les républicains qui nous ont causé le plus de problèmes dans le passé. "

francois.normand@transcontinental.ca

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