Trois solutions pour augmenter la productivité du Québec

Publié le 16/06/2012 à 00:00

Trois solutions pour augmenter la productivité du Québec

Publié le 16/06/2012 à 00:00

La faible productivité du Québec n'est pas inscrite dans nos gènes. Elle est le fruit de mauvaises politiques publiques et d'une certaine insouciance des organisations. Il y a donc des solutions pour que les Québécois travaillent mieux et plus efficacement dans une heure de travail.

Démolissons un mythe. Être plus productif ne signifie pas nécessairement travailler plus fort. Certes, lorsqu'une entreprise licencie des employés à cause d'une récession, ceux qui restent peuvent travailler effectivement plus fort. Mais, règle générale, les semaines infernales ne sont pas un gage de productivité. Les Grecs sont les citoyens de l'OCDE qui travaillent le plus grand nombre d'heures par année. Or, les Néerlandais (ceux qui en travaillent le moins) produisent plus d'unités de PIB dans une heure de travail que les Grecs.

Inutile donc de se «tuer à l'ouvrage» pour être plus productif. Il faut en revanche repenser ses façons de faire, disent les spécialistes en productivité.

1 Inciter les employés à être plus productifs

Les entreprises ont besoin d'employés bien formés pour utiliser efficacement l'équipement et les technologies de l'information. Pour y arriver, Simon Prévost, président des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, propose qu'on récompense financièrement les entreprises et les employés qui investissent du temps pour s'améliorer.

Comment ? En réduisant le montant des cotisations à l'assurance-emploi qu'ils doivent verser au gouvernement fédéral. Selon Simon Prévost, le gouvernement y trouverait aussi son compte. «Mieux un employé est formé, plus il améliore son employabilité sur le marché du travail», dit-il.

Ainsi, en cas de ralentissement économique ou de récession, cet employé serait plus susceptible de garder son emploi ou d'en trouver un rapidement s'il devait être mis à pied. Cela réduirait, pour le fédéral, le montant global des prestations d'assurance-emploi à verser. «Ce serait le même mode de fonctionnement que la Commission de la santé et de la sécurité du travail : moins une organisation a d'accidents, moins son taux de cotisation est élevé», explique Simon Prévost.

Pour stimuler la productivité dans toutes les organisations à moyen et à long terme, Deloitte propose de son côté que les ministères de l'Éducation dans les provinces canadiennes inculquent davantage l'entrepreneuriat et l'esprit d'innovation à tous les niveaux.

Par exemple, aux États-Unis, l'Université du Michigan incite chaque étudiant en deuxième année de baccalauréat, qu'il soit inscrit en histoire de l'art ou en biologie, à assister à une présentation d'un ancien étudiant qui a lancé son entreprise. Au Québec, l'Université McGill offre un programme permettant aux étudiants en génie d'obtenir une mineure en entrepreneuriat de la Faculté de gestion.

2 Investir en machinerie et en équipement

Tous les analystes le disent et le répètent : les entreprises québécoises doivent absolument investir davantage en équipement et en technologie de l'information pour accroître leur productivité. «Or, il y a un sous-investissement au Québec», déplore Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.

Pour sa part, l'économiste Pierre Fortin, de l'Université du Québec à Montréal, montre du doigt le sous- investissement des entreprises québécoises et canadiennes dans les technologies de l'information. «Globalement, nos entreprises investissent comme aux États-Unis. C'est vraiment au chapitre des TI qu'il y a un problème», dit-il.

En 2009, la part des investissements des entreprises en machinerie et équipement aux États-Unis et au Canada représentait environ 6,5 % de leur PIB respectif, selon une étude publiée en 2010 par les Manufacturiers et Exportateurs du Canada. Toutefois, de 1993 à 2009, le Canada y a toujours investi une part moins importante de son PIB que les États-Unis.

C'est d'ailleurs le bon moment au Canada pour investir en équipement. La force du huard par rapport au dollar américain réduit les coûts d'achat d'appareils aux États-Unis ou dans des pays où les transactions commerciales se font la plupart du temps en dollars américains.

Depuis juin 2004, le huard s'est apprécié de 33 % par rapport au billet vert.

3 Grand coup de barre dans la fiscalité des entreprises

Aux grands maux les grands remèdes. Pour inciter les entreprises canadiennes à investir davantage dans l'équipement et dans les technologies, James B. Milway, directeur exécutif du Martin Prosperity Institute à l'Université de Toronto, ne propose rien de moins que d'abolir l'impôt sur les bénéfices des sociétés.

«De toute façon, plus on impose les entreprises, plus elles refilent cette facture à leurs employés en leur offrant de bas salaires», dit-il, conscient que sa proposition suscitera une levée de boucliers. Malgré tout, il persiste et signe. «Si on veut vraiment taxer la richesse, que les gouvernements imposent davantage les particuliers bien nantis et non pas les entreprises.» Il suggère aussi de taxer davantage les produits de luxe.

À ses yeux, les gouvernements doivent aussi inciter les entreprises à grandir et à devenir ainsi plus efficaces grâce aux économies d'échelle. Il propose que les PME soient plus imposées que les grandes entreprises au Canada. «Le régime fiscal actuel n'incite pas les entreprises à croître !» déplore-t-il.

En 2012, le taux d'imposition au fédéral des grandes sociétés étaient de 15 %, comparativement à 11 % pour les PME ayant des revenus inférieurs à 500 000 $.

12 000 $

Le niveau de vie des Québécois serait de 52 183 $ par habitant, soit quelque 12 000 de plus qu'actuellement (40 174 $) si la productivité du Québec avait augmenté à un taux similaire à la moyenne des pays de l'OCDE (1,98 %) de 1981 à 2010. Or, notre productivité a crû en moyenne de 1,06 % par année durant cette période.

Source : Productivité et prospérité au Québec, Bilan 2011, HEC Montréal

D'AUTRES IDÉES POUR STIMULER LA PRODUCTIVITÉ

Conclure davantage d'accords de libre-échange pour ouvrir encore plus le marché canadien à la concurrence étrangère.

Valoriser davantage les entrepreneurs, car ils innovent généralement plus lorsqu'ils se sentent valorisés dans leur société.

Accueillir plus d'immigrants qualifiés.

Faciliter l'investissement étranger au Canada.

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