Comment Québec pourrait-il faire mieux dans la gestion de dossiers environnementaux comme celui des gaz de schiste ?

Il y a des informations qui manquent. Il y a aussi des façons d'aborder les dossiers qui sont inappropriées. On doit davantage préparer le terrain pour parler d'un projet sérieux comme l'exploitation de cette ressource, au lieu de l'annoncer et d'aller après à contre-courant des manifestations. Le gouvernement ne doit pas laisser en plan l'aspect environnemental. C'est un prisme à travers lequel toutes les activités humaines doivent être analysées. Si on passe à côté, on court le risque qu'un projet soit mal perçu. Le gouvernement doit prendre le temps d'étudier tous les aspects du problème. Si ça prend un peu plus de temps, eh bien, prenons notre temps, mais faisons-le de façon à nous assurer que les résultats ne seront pas des pertes environnementales. L'évaluation environnementale stratégique sur les gaz de schiste, c'est un passage obligé. Ces détours-là n'en sont pas, des détours. Ce sont des chemins incontournables qu'on doit prendre. Et malheureusement, les décideurs pensent souvent qu'en prenant un raccourci, ils vont régler le problème plus vite. Si le gouvernement avait mieux informé la population il y a deux ou trois ans, on serait peut-être déjà en train d'appliquer des solutions réelles, concrètes, sur le terrain.

Quels sont les pièges à éviter dans le Plan Nord ?

C'est sûr que si on ne fait pas ça dans les règles de l'art, il y aura des problèmes. Ce n'est pas parce que c'est le Grand Nord, lointain, qu'il n'y aura pas de dégâts ! C'est vrai que c'est immense, et on a l'impression qu'il n'y a pas de lois, de règlements, et qu'on peut tout faire. Mais c'est faux ! Certaines mines ont laissé des vestiges incroyables, des sites orphelins qu'on aura beaucoup de mal à nettoyer... On n'a pas le droit de refaire ça. Il faut que ce soit discipliné, organisé et réglementé, sinon c'est le bordel total.

Que pensez-vous des intentions du gouvernement fédéral, qui supprime des dizaines de postes liés à la surveillance environnementale et diminue la surveillance de la faune aquatique ?

Ce n'est pas le meilleur gouvernement qu'on a, côté environnement. Pour lui, ce n'est pas une préoccupation majeure. Ça se sent, ça se vit... C'est malheureux, c'est la situation actuelle, mais j'ai l'impression que ça ne durera pas. Ça va passer. L'environnement, ça ne s'envisage pas sur trois, quatre ans, mais sur des siècles... Après le gouvernement Harper, c'est sûr et certain que l'environnement remontera dans la liste des priorités.

CV

Nom : Louis-Paul Allard

Titre : membre du Barreau du Québec

Louis-Paul Allard a fondé la Fédération québécoise en environnement il y a 25 ans pour faire de la formation, de l'éducation et de la sensibilisation relativement à l'environnement, ainsi que pour pousser les particuliers et les entreprises à l'action dans le domaine. Le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, vient de lui remettre le prix Phénix de l'environnement.

7 M$

Coût prévu par Québec pour l'évaluation environnementale stratégique en cours de l'exploitation des gaz de schiste