Stella-Jones vise le transport ferroviaire de personnes aux États-Unis

Publié le 23/04/2011 à 00:00, mis à jour le 16/06/2011 à 13:24

Stella-Jones vise le transport ferroviaire de personnes aux États-Unis

Publié le 23/04/2011 à 00:00, mis à jour le 16/06/2011 à 13:24

Par François Normand

Le fabricant de produits industriels en bois traité sous pression Stella-Jones (Tor., SJ) aura deux principales sources de revenus aux États-Unis au cours des prochaines années : les chemins de fer pour le transport de marchandises et les lignes de transport de passagers.

" Nous sommes bien positionnés dans ces deux créneaux ", affirme Brian McManus, président et chef de la direction de l'entreprise montréalaise qui fabrique des traverses de chemin de fer et des poteaux destinés aux sociétés de services publics.

L'achat, en 2009, du chemin de fer Burlington Northern Santa Fe par le célèbre investisseur Warren Buffett, au coût de 26,5 milliards de dollars américains, a confirmé la renaissance de l'industrie ferroviaire aux États-Unis.

Celle-ci tient à des facteurs économiques et environnementaux. Le prix élevé du carburant et les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre poussent les entreprises à se tourner vers le transport ferroviaire, meilleur marché et moins polluant.

Les États et le gouvernement fédéral ne sont pas en reste, multipliant les projets pour construire de nouveaux trains interurbains, sans parler des projets de trains à très haute vitesse, notamment dans la région de Chicago sur la côte Est et en Californie.

Les trains interurbains représentent de formidables occasions pour Stella-Jones, car il faudra construire de nouveaux chemins de fer avec des traverses en bois. Des doutes persistent toutefois à propos des projets de trains rapides. " Si ces trains circulent sur des lignes existantes, oui, il y aura une demande de traverses de bois. Mais si ce sont des lignes spéciales, il est possible que les traverses soient en ciment, ce qui ne sera pas bon pour nous ", dit M. McManus.

Qu'à cela ne tienne, la demande à l'égard des deux principaux produits de Stella-Jones (les traverses et les poteaux) sera forte dans les prochaines années de la part des Union Pacific et Canadien Pacifique de ce monde. Seulement en 2012, la demande de traverses et de poteaux aux États-Unis devrait augmenter de 5 à 10 %, selon BMO Marchés des capitaux.

Stella-Jones ne sera pas seule à vouloir profiter de la croissance de ce marché. Elle fait face à la concurrence de l'américaine Koppers, notamment. Et la québécoise Tembec a annoncé au début d'avril qu'elle se lançait elle aussi dans la course avec un produit innovant pour la fabrication de traverses.

La croissance par les acquisitions

Dans cet environnement d'affaires, la croissance interne procurera de nouveaux revenus à Stella-Jones. Ce qui ne l'empêchera pas de poursuivre sa stratégie d'acquisitions, si l'occasion se présente. Ces dernières années, Stella-Jones a fait trois acquisitions aux États-Unis qui ont été déterminantes pour elle et qui lui ont permis de doubler ses revenus totaux de 2006 à 2010.

En 2005, elle a acheté Webster Wood Preserving Company au coût de 16 millions de dollars américains (M$ US). Grâce à cette entreprise du Wisconsin produisant des traverses de chemin de fer en bois traité sous pression, Stella-Jones a gagné un meilleur accès à ce marché au sud de la frontière.

Deux ans plus tard, en 2007, la société a payé 22,3 M$ US pour J.H. Baxter & Co, un fabricant de poteaux de bois destinés aux sociétés de services publics. Cette entreprise avait, entre autres, une usine de production dans l'État de Washington et une installation d'écorçage de poteaux dans l'Idaho.

Enfin, l'an dernier, Stella-Jones a mis la main sur Tangent Rail pour 165 M$ US. Ce producteur de bois traité pour l'industrie ferroviaire a des usines dans plusieurs États américains.

" Toutes ces acquisitions nous permettent d'être plus forts, d'avoir une meilleure offre et de créer de la valeur ", explique M. McManus.

Même si Stella-Jones concentre tous ses efforts d'internationalisation aux États-Unis, elle a commencé à réaliser de petites ventes de traverses de chemin de fer en Amérique latine et en Afrique. " Au Brésil, nous vendons des traverses à la minière Vale, dit M. McManus. Nous avons aussi décroché un contrat avec une minière au Libéria. "

Même si ses traverses sont recherchées, Stella-Jones ne croit pas que le marché des traverses pour les minières hors de l'Amérique du Nord deviendra important. " Cela ne représentera pas plus que de 3 à 5 % de nos revenus ", assure M. McManus.

LES VENTES AMÉRICAINES PRENNENT DE L'AMPLEUR

Répartition des ventes par pays

2009

États-Unis 54,3 %

Canada 45,7 %

2010

États-Unis 61,6 %

Canada 38,4 %

PLUS DE REVENUS TIRÉS DES TRAVERSES ET DES PRODUITS INDUSTRIELS

Répartition des ventes par produit

2009

Bois à usage résidentiel 7,7 %

Produits industriels 10,9 %

Poteaux 36,4 %

Traverses de chemin de fer 45,0 %

2010

Bois à usage résidentiel 5,3 %

Produits industriels 14,5 %

Poteaux 29,7 %

Traverses de chemin de fer 50,5 %

Source : Stella-Jones

LES RISQUES ENCOURUS

Risque économique

Oui

Le patron de Stella-Jones, Brian McManus, dit que son principal risque aux États-Unis est celui des cycles économiques. " Quand il y a une récession, la demande et les prix pour nos produits peuvent baisser un peu. " Cela dit, les ventes de traverses de chemin de fer et de poteaux destinés aux sociétés de services publics (80 % des ventes de Stella-Jones) sont moins touchées que les ventes d'autres biens, car ce sont des produits anticycliques. Ce qui signifie que les clients doivent continuer à en acheter malgré le cycle.

Risque politique

Oui

Même si le transport ferroviaire connaît un bel essor aux États-Unis, un nuage le menace : la possible prise de contrôle du Congrès et de la Maison-Blanche par les républicains, en 2012. Ce scénario pourrait faire dérailler certains projets. Selon les analystes, la droite réduirait les investissements en infrastructures publiques. Pierre Fournier, analyste à la Financière Banque Nationale, estime toutefois que d'autres facteurs atténuent ce risque. " Le prix du pétrole restera élevé pour longtemps, ce qui avantagera le transport ferroviaire par rapport au transport par camion. C'est très positif pour Stella Jones. "

Risque de change

Oui, un peu

Stella-Jones réalise 62 % de ses revenus aux États-Unis et présente ses résultats en dollars canadiens. Elle est donc touchée par l'envolée du huard, notent les analystes de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Stella-Jones réussit à réduire son risque en fabriquant aux États-Unis 90 % de ses produits vendus sur le marché américain.

12 G$ US Le montant des investissements en capital des sociétés de chemin de fer aux États-Unis pour l'ensemble de 2011 est estimé à 12 milliards de dollars américains, en hausse de 12 % par rapport à 2010. Source : Association of American Railroads

 

Dans cette série, nous décodons la stratégie internationale d'une entreprise québécoise et analysons ses risques.

Sur le Web, Les Affaires s'associe à L'actualité, Canadian Business, The Report on Business, The Economist Intelligence Unit et la banque HSBC pour offrir un site axé sur les exportations. À lire sur affairessansfrontieres.ca

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