Les participants à la seconde édition du programme d'accélération d'entreprises FounderFuel sont prêts à retourner dans «le vrai monde». Qu'emportent-ils dans leurs bagages ?
Le 23 mai, la seconde cohorte du programme d'accélération d'entreprises FounderFuel a vécu son baptême du feu : le Demo Day. Les 11 équipes, que Les Affaires a suivies depuis leur arrivée le 27 février, ont alors affronté les capital-risqueurs sur la scène du Monument-National, à Montréal. Quatre cents paires d'yeux braquées sur eux. Dix minutes pour convaincre ce public d'investir dans leur projet.
«Je suis Jeremy. Saviez-vous que seulement 5 % des achats se font en ligne ? Nous magasinons en ligne, mais nous achetons encore en boutique. Mon entreprise, Prestopolis, utilise le Web pour amener du trafic en succursale. Nous avons besoin de 300 000 $ pour investir dans notre équipe et le développement des affaires.»
Ils ont tous suivi les enseignements de leur mentor, John Stokes (cofondateur de FounderFuel), sur l'art du pitch. Tous, sauf Elliot Yeo et Angus Woodman, de Terre-Neuve. «Nous avons viré notre présentation à l'envers à la dernière minute», avoue Elliot. N'était-il pas risqué d'aller à contre-courant en misant sur l'humour ? «Il était bien plus risqué de livrer une présentation qui ne nous ressemblait pas», répond Angus.
Ils ont grandi, en neuf semaines. «FounderFuel, c'est comme un camp d'été pour adultes. Maintenant, je sais vraiment ce que signifie être un entrepreneur», dit Elliot. Son collègue, Jérémy Easterbrooke, acquiesce. «Je comprends mieux comment l'univers techno fonctionne. Je suis prêt pour retourner dans la vraie vie.»
Kevin Gibbon, lui, a trouvé ses réponses en Californie. «Les contacts de l'équipe de FounderFuel m'ont ouvert les portes de Silicon Valley. J'y ai séjourné sept jours à la fin d'avril.» Ses yeux brillent. «Je me suis senti tellement chez moi là-bas. Leur façon de prendre des risques, d'oser. Si seulement le Canada s'en inspirait.»
Énergie débordante
La vallée de la Mort, ce passage à vide que toutes les équipes ont rencontré à mi-parcours, est loin derrière. Les doutes ont cédé la place à l'enthousiasme. Et, surtout, à l'espoir. Alors qu'ils s'apprêtent à reprendre leur vie qu'ils ont mise entre parenthèses pendant trois mois, ils débordent d'énergie. «Je pense que nous avons trouvé la recette secrète pour faire passer notre entreprise au prochain niveau», confie le Torontois Jack Tai. Sa société, Notesolution, se donne comme mission de numériser tout ce qui peut faciliter la vie des étudiants (notes de cours des élèves, contenus des cours, notes d'examens, etc.). Jack et son équipe visaient le marché des étudiants en général. Ils visent désormais celui des étudiants étrangers. «Les universités récoltent 30 milliards de dollars par année grâce aux étudiants étrangers, souligne Jack. Et ce marché croît de 15 % par année. Grâce à Notesolution, ils pourront comparer les contenus de cours des universités et mieux choisir.» Lors de sa présentation du 23 mai, Jack a demandé 600 000 $. Les obtiendra-t-il ? Pas tout de suite, en tout cas. «Le Demo Day sert à piquer la curiosité des investisseurs et à établir un premier contact avec eux, répond Ian Jeffrey, le directeur général de FounderFuel. Le reste se jouera au cours des prochains mois.»
Même s'ils ne repartent pas avec un chèque, les participants accordent une grande valeur à FounderFuel, car ils ont eu accès aux contacts des autres entrepreneurs et d'une centaine de mentors.
En bonus, une découverte : FounderFuel n'est pas qu'un accélérateur d'entreprises. «C'est un accélérateur de personnes, confie Jérémy Easterbrooke. Je me sens plus confiant et plus solide que je ne l'étais le 27 février.»
