Sept destinations pour séduire à l'étranger

Publié le 04/06/2011 à 00:00

Sept destinations pour séduire à l'étranger

Publié le 04/06/2011 à 00:00

Par Claudine Hébert

Les touristes étrangers boudent le Québec. Depuis 2004, près de 30 % de la clientèle américaine a déserté la province. Pourtant, le tourisme mondial a retrouvé sa croissance d'avant la crise. Quelque 935 millions de touristes internationaux voyagent à travers le monde. Et le Québec n'en attire que 6 millions.

Pour retrouver les parts de marché perdues, l'industrie québécoise mettait sur pied, à l'automne 2010, un comité formé d'une quinzaine d'intervenants de l'industrie. Leur constat : le statu quo n'est plus une option. L'industrie doit innover, dans ses produits comme dans ses manières de faire, et travailler avec davantage de cohésion pour concurrencer les destinations-vedettes.

" Il faut miser sur la qualité, c'est la clé de la réussite pour être dans le top 10 des destinations mondiales d'ici 2020 ", estime Gilbert Rozon, président-fondateur du Groupe Juste pour rire, qui pilote le Comité de performance de l'industrie touristique. Pour redonner des ailes au secteur, trois axes se dégagent : renforcer les deux principales portes d'entrée internationales, Montréal et Québec, mettre davantage en valeur le fleuve Saint-Laurent et mieux structurer les pôles touristiques forts, en particulier ceux qui sont liés aux activités d'hiver.

L'absence de stratégie concertée ainsi que le vieillissement du produit touristique et le manque de nouveaux projets apparaissent comme les principaux freins. Il faut aussi souligner la chute marquée des investissements privés dans l'industrie, en baisse de 30,6 % depuis 2007.

" On est conscients que notre stratégie axée sur des produits de calibre international ne fera pas l'affaire de tous ", dit Alain April, président de l'Association québécoise de l'industrie touristique (AQIT), également membre du Comité. D'ici 2020, le Comité souhaite que les parts de marché du tourisme au Québec dépassent de 2 % la croissance canadienne et que les recettes totales provenant du marché hors Québec aient grimpé d'au moins 5 %.

Des objectifs réalistes, estime M. April, à condition que tout le monde travaille de concert. " Plusieurs membres nous ont dit vouloir du changement. Voilà l'occasion de démontrer la véritable maturité de notre industrie. "

Voici sept produits-vedettes sur lesquels miser et des solutions pour renforcer leur pouvoir d'attraction.

Montréal, l'internationale

Pour redevenir la ville de calibre mondial qu'elle a été lors de l'Exposition universelle de 1967 et des Jeux olympiques de 1976, la métropole doit exploiter davantage ses produits distinctifs dans un esprit de tourisme durable, croit Michel Archambault, titulaire de la chaire de tourisme Transat de l'UQAM. Exemples : le parc du Mont-Royal ou le canal Lachine, qui pourrait devenir un site incontournable en toute saison, à l'image du canal Rideau, à Ottawa. En 2010, Montréal a accueilli près de 3,5 millions de visiteurs étrangers, dont 1 million d'Américains, un segment qui a connu une augmentation de 9 % en un an, soit la plus forte hausse depuis le 11 septembre 2001 , selon Tourisme Montréal.

Défi : Améliorer la qualité du réseau routier, principalement ses entrées vers le centre-ville, et se doter d'une navette aéroportuaire.

Québec, la charmeuse

Unique en Amérique du Nord, le Vieux-Québec figure parmi les produits d'appel de l'industrie touristique québécoise. Ce bijou patrimonial jouit d'un décor légendaire quatre saisons. Québec a été choisie 5e ville en Amérique du Nord par le prestigieux magazine américain Condé Nast Traveller (et 10e au top mondial), une première depuis la publication de ce classement établi à la suite des réponses des lecteurs. Sur les 4,4 millions de visiteurs qui ont parcouru la Vieille Capitale en 2010, près du tiers venait de l'extérieur du Québec. Ces touristes ont généré des retombées de plus de 700 millions de dollars (M $), soit 56 % des revenus touristiques de la région. Plus de 7 M $ sont investis chaque année pour promouvoir la ville hors des frontières.

Défi : Augmenter les liaisons aériennes directes avec les principales villes canadiennes et américaines pour accroître l'affluence.

Redéfinir Tremblant

Ce village piétonnier, le seul du genre dans le nord-est américain, a été une locomotive de 1994 à 2004. Boudée par les Américains refroidis par la valeur du dollar canadien et les tracasseries à la douane, cette destination jet-set doit conquérir d'autres marchés. Une des voies explorées : le marché torontois. Le transporteur aérien Porter a d'ailleurs doublé sa fréquence de vols hebdomadaires estivaux entre Tremblant et Toronto. L'Association de villégiature Tremblant se fait peu bavarde sur les retombées générées par les quelque 730 000 visiteurs annuels autres que québécois (36,5 % de l'ensemble des visiteurs), mais on sait que le touriste qui arrive par avion dépense en moyenne de 450 à 850 $ par séjour. Plus de 75 % du budget promotionnel de 2 M$ est consacré aux marchés hors Québec.

Défi : Diversifier et trouver de nouveaux marchés été et hiver pour compenser l'absence des Américains.

Entre mer et montagne

Le Massif de Charlevoix présente le plus haut dénivelé du Canada à l'est des Rocheuses. En plus, il offre une vue imprenable sur le fleuve, un panorama exceptionnel qui se compare à très peu d'endroits dans le monde. Les visiteurs étrangers ne représentent actuellement que 10 % de la clientèle totale, mais la station s'active pour devenir un des principaux produits touristiques forts de la province. " D'ici 2013, nous voulons tripler le nombre de touristes étrangers ", dit Frédéric Gonzalo, vice-président des communications du Groupe Le Massif. Avec l'arrivée du train de Charlevoix, qui reliera la station à la ville de Québec dès cet automne, et l'ouverture d'un complexe hôtelier de 150 chambres à Baie-Saint-Paul au printemps 2012, la station disposera d'un statut quatre saisons. Le Groupe Le Massif prévoit investir 50 000 $ en promotion hors du Québec au cours de la prochaine saison.

Défi : Développer plus de forfaits avec les destinations bénéficiant de liaisons aériennes directes vers Québec.

Pêche miraculeuse

Le Québec compte une soixantaine de rivières à saumon. Le tiers d'entre elles se trouvent dans la péninsule gaspésienne. " Nos rivières sont réputées mondialement pour leurs eaux cristallines permettant de pêcher à vue ", souligne Julie Cassista, conseillère en communication et marketing à la Fédération des gestionnaires de rivières à saumon du Québec (FGRSQ). La rivière Bonaventure est justement reconnue comme l'une des 10 rivières les plus limpides de la planète. Seule l'Islande peut s'enorgueillir de posséder de tels cours d'eau. Depuis 10 ans, environ 20 % des 14 000 permis délivrés annuellement le sont à des étrangers. Une clientèle qui provient principalement du nord-est des États-Unis, de l'Ontario, des Maritimes et de la France. Ces visiteurs, dont le voyage de pêche dure cinq ou six jours, dépensent en moyenne de 900 à 1000 $ par jour.

Défi : Bénéficier de meilleures liaisons aériennes à partir de Montréal et de Québec.

Vive les baleines !

Le Québec compte parmi les destinations mondiales recherchées pour l'observation des baleines et autres poissons ou mammifères marins. Et plus particulièrement les régions de Charlevoix et de la Côte-Nord, près de l'embouchure du fjord du Saguenay, où se trouve le garde-manger de ces mammifères marins. Chaque année, plus de 40 % des 300 000 visiteurs qui affluent pour voir de près marsouins, baleines bleues et bélugas proviennent de l'extérieur du Québec. Très populaire auprès de la clientèle européenne, ce produit touristique génère des retombées de plus de 100 M$. Un budget de 2 M$ est consacré à la promotion hors du Québec.

Défi : Bonifier l'offre touristique dans un esprit de développement durable. La pollution, les changements climatiques et le non-respect de certains observateurs, qui veulent s'approcher trop près des cétacés, risquent d'affecter les populations.

Un joyau à développer

Le fleuve Saint-Laurent, ce couloir maritime qui s'étend sur plus de 1 000 km et traverse notamment une réserve mondiale de la biodiversité et un parc marin aux aires protégées. " Nous avons entre les mains un atout de calibre mondial ", affirme Yan Hamel, président des Croisières AML. L'entreprise vient d'investir 4 M $ dans deux de ses fleurons, le Cavalier Maxim et le Louis Jolliet, afin d'améliorer le confort et l'expérience à bord. Plus de 40 % des 500 000 passagers par an proviennent de l'extérieur du Québec. Ces touristes génèrent des retombées intéressantes dans les régions. En outre, avec ses quelque 400 îles abritant plus de la moitié des espèces animales et végétales du Québec, le Saint-Laurent recèle un énorme potentiel pour le tourisme écologique, notamment des ornithologues amateurs, qui dépensent 2,5 milliards de dollars par an pour assouvir leur passion, selon le US Fish and Wildlife Service.

Défi : Mettre en valeur le fleuve et les régions qui le longent de façon concertée dans un souci de protection et de conservation.

30 000 Nombre d'entreprises du secteur touristique qui fournissent un emploi à 400 000 personnes. Source : Ministère du Tourisme du Québec (2010)

D'OÙ PROVIENNENT LES REVENUS ?

Québec (tourisme) 34 %

Québec (excursionnistes) 24 %

Québec (autres dépenses) 11 %

Canada (autres dépenses) 12 %

États-Unis (toutes dépenses) 10 %

Autres pays (toutes dépenses) 10 %

En raison de l'arrondissement des données, le total peut ne pas correspondre à la somme des parties.

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