Quand il est question de reconnaissance au travail, Peter W. Hart est intarissable. Le président de Rideau la considère comme un moteur de la performance. Cette conviction est l'assise sur laquelle l'entreprise, fondée en 1912, s'est réinventée pour devenir un chef de file mondial dans les solutions de reconnaissance des employés et des clients.

LES AFFAIRES - L'histoire de Rideau est assez originale. Avant de se lancer dans les programmes de reconnaissance, elle se spécialisait dans les bijoux de fantaisie...

PETER HART - À ses débuts, l'entreprise fabriquait des écussons, des épinglettes et des médailles. En 1968, quand mes parents ont contracté une deuxième hypothèque pour l'acheter, la fabrication de bijoux pour Avon représentait la majorité de ses ventes.

L.A. - L'entreprise familiale a été une véritable école pour vous, n'est-ce pas ?

P.H. - Oui, car je n'ai pas poursuivi mes études au-delà de l'école secondaire. J'ai commencé à travailler dans l'entreprise à l'adolescence. À 20 ans, mes parents m'ont envoyé en Irlande diriger l'usine de bijoux qu'ils venaient d'ouvrir avec des associés. Après trois ans, elle a été achetée par Avon et j'ai continué à y travailler une autre année. Cela a été une véritable école de gestion pour moi ! Quand je suis revenu à Montréal, je me suis associé avec mes deux frères, ma soeur et un ami pour acheter l'entreprise familiale. Comme 90 % des revenus provenaient d'Avon, nous nous sommes diversifiés dans la vente par correspondance de bibelots de collection. Ça n'a pas marché en Amérique du Nord, mais nous avons eu beaucoup de succès en Angleterre. Toutefois, au début des années 1980, des grèves de la poste et des journaux nous ont conduits à la faillite. Par chance, nous avons racheté des actifs et relancé l'usine de Montréal.

L.A. - Comment en êtes-vous venu à monter des programmes de reconnaissance ?

P.H. - La concurrence de la Chine nous a fait très mal. Nous nous sommes alors tournés vers les articles de récompense pour les entreprises : montres, bagues, épinglettes, valises, etc. Puis, nous avons commencé à gérer les programmes de nos clients. Un jour, l'un d'eux nous a demandé de développer un programme pour favoriser la performance de ses employés. C'est là que nous avons fait un apprentissage qui a transformé la mission de Rideau.

L.A. - Lequel ?

P.H. - Reconnaissance et récompense sont deux choses différentes. Donner une montre à un employé après 25 ans de service, c'est une récompense. C'est tangible. Mais ça ne veut pas dire que l'employé se sentira reconnu et apprécié pour autant. La reconnaissance, au contraire, c'est une émotion. Et c'est avec la reconnaissance que les entreprises obtiennent l'engagement de leur personnel.

L.A. - Comment vos services ont-ils évolué ?

P.H. - Avant, nos programmes de récompenses servaient de canal de distribution à nos produits. Maintenant, en plus de ces programmes traditionnels, nous offrons un éventail de solutions de reconnaissance sociale et nous faisons même de la formation.

L.A. - Et comment vous servez-vous des technologies de l'information pour vous démarquer ?

P.H. - Tous nos programmes reposent sur le Web. Nous offrons notamment un portail interne où patrons et employés se félicitent, se motivent, s'encouragent, partagent de l'information et soulignent les anniversaires. La reconnaissance ne va plus seulement du haut vers le bas. Tout le monde se l'approprie ! Nous avons aussi des applications mobiles. Et nos clients ont accès à un portail regroupant leurs programmes de reconnaissance.

L.A. - Comment s'annonce l'avenir de Rideau ?

P.H. - Brillant. Dans un contexte de vieillissement de la main-d'oeuvre, la reconnaissance sera plus que jamais essentielle pour attirer et retenir les employés. De plus, nous menons actuellement des recherches pour permettre aux entreprises de retirer des avantages encore plus importants de leurs programmes de reconnaissance.

CV

Nom : Peter W. Hart

Titre : Président et chef de la direction

Âge : 60 ans

Entreprise : Rideau

Services : Solutions de reconnaissance et de récompenses

Siège social : Montréal

Effectifs : 250 personnes

Chiffre d'affaires : 45 millions de dollars

Marchés : États-Unis, Europe, Chine, Inde.

Actionnaires : Famille Hart et Fondaction