Propager ses effets spéciaux dans le monde

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Propager ses effets spéciaux dans le monde

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Jean-François Ferland a créé Alchemy 24 en 2011, un studio spécialisé dans les effets spéciaux et le maquillage numérique. Des documentaires pour Discovery Channel jusqu'au plus récent film de Xavier Dolan en passant par la série Tout sur moi, les contrats s'additionnent pour la PME montréalaise.

LES AFFAIRES - Qu'évoque le nom de votre entreprise ?

JEAN-FRANÇOIS FERLAND - Le nombre 24 signifie 24 images/seconde ainsi que 24 heures sur 24, parce que plusieurs de nos artisans travaillent la nuit ou sous d'autres fuseaux horaires. Quant à Alchemy, les anciens alchimistes souhaitaient transformer le plomb et d'autres métaux en or. Nous, nous transformons en images ce que les réalisateurs ont en tête. Sans compter que nous avons trouvé la recette pour convertir la lumière et les pixels en or ou en argent sonnant, si vous préférez.

L.A. - Vous ne tournez pas autour du pot avec cette affirmation...

J.-F. F. - Jamais ! Ça fait bien rire les producteurs américains quand je leur dis cela. Plus sérieusement, en fondant Alchemy 24, j'étais convaincu que nous pourrions produire des effets visuels à moindre coût. Nos prix sont compétitifs parce que l'administration et la gestion ne représentent que 5 à 10 % de nos coûts totaux par rapport à 30 à 40 % dans les grands studios.

L.A. - Comment y parvenez-vous ?

J.-F.F. - Avec une structure légère. Chez nous, personne n'est payé pour coordonner les projets ou transmettre l'information. Avec nos systèmes informatiques, l'information est disponible pour tous. Comme nous sommes une petite entreprise, nous avons besoin de très peu de personnes pour organiser le travail. Aussi, nous embauchons des pigistes lors des périodes intenses. Pour garder nos frais d'administration bas, notre effectif ne dépassera pas 15 ou 20 permanents. Et je veux que chacun ait son espace pour travailler, son petit cocon avec son fauteuil, ses plantes.

L.A. - Comment croître, alors ?

J.-F.F. - Nous ouvrirons à l'étranger des studios boutiques qui fonctionneront sous le même modèle d'affaires. D'ici un an, il y en aura un à Los Angeles et un autre en Lituanie où nous avons déjà des pigistes. Et un troisième en Inde parce qu'à l'avenir, c'est à Bollywood que se feront les gros films à effets spéciaux. Au lieu de faire grossir le studio de Montréal, nous voulons essaimer partout. Au Québec, on ramasse parfois des miettes des films américains, parfois de bonnes pointes de tarte. Mais je ne veux pas m'en contenter. Je veux qu'Alchemy 24 touche au cinéma de tous les pays. Sans oublier le Québec qui compte tellement de bons réalisateurs !

L.A. - D'où provient votre financement ?

J.-F.F. - D'économies personnelles et d'un réinvestissement des profits. Concernant les subventions, nous sommes tombés dans une faille du système. J'ai cogné à plusieurs portes, mais je n'étais pas admissible, notamment parce que j'étais enregistré depuis quelques années quand j'ai lancé Alchemy 24.

Avec le recul, je constate que la meilleure aide qu'on pouvait me donner, c'est de ne pas m'aider ! Ça m'a obligé à me débrouiller. L'entreprise est déjà rentable. Nous commençons à refuser des contrats pour choisir ceux qui nous stimulent. Et jusqu'à récemment, nous n'avions aucune dette. Nous venons d'en contracter une pour nous créer une expérience de crédit, à la suggestion de la Société d'Investissement Jeunesse, qui garantit ce prêt.

L.A. - Où voyez-vous l'entreprise dans cinq ans ?

J.-F.F. - Il y aura environ six studios dans le monde, sur les quatre fuseaux horaires. Grâce à Internet, j'ai des contacts partout sur la planète. Je voyage aussi régulièrement. Les occasions d'affaires abondent. C'est comme l'argent : si vous croyez qu'il ne pousse pas dans les arbres, c'est que vous n'êtes pas dans la bonne forêt.

PROFIL

Nom : Jean-François Ferland

Titre : Président

Âge : 31 ans

Entreprise : Alchemy 24

Services : Composition d'images numériques séquentielles

Siège social : Montréal

Effectif : 5 (plus une quinzaine de pigistes)

Série 7 de 10

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