Productifs, ces patrons !

Publié le 01/09/2012 à 00:00

Productifs, ces patrons !

Publié le 01/09/2012 à 00:00

La comédie les a transformés en bourriques inutiles et nuisibles. Voilà que la science les réhabilite : les cadres intermédiaires en donnent en moyenne 1,75 fois plus à leur entreprise qu'un employé régulier.

C'est l'une des conclusions d'une étude intitulée « La valeur des patrons » publiée par deux professeurs de l'université Stanford, Edward P. Lazear et Kathryn L. Shaw, et un collègue de l'université de l'Utah, Christopher T. Stanton.

Les auteurs affirment être les premiers à avoir réussi à mesurer de façon objective la valeur du travail des cadres intermédiaires.

« Les bandes dessinées de Dilbert et d'autres caricatures nous montrent les patrons comme étant inutiles, voire dommageables, raconte en entrevue Mme Shaw. Mais là, je crois que nous avons en main des données factuelles qui démontrent qu'ils peuvent avoir un apport important. »

La meilleure démonstration de l'effet des patrons faite par l'étude est l'écart de performance entre les équipes gérées par un bon et un mauvais patron.

Dans l'entreprise anonyme au sein de laquelle ils ont procédé à leurs mesures, le patron moyen dirige neuf employés. La production supplémentaire suscitée par un bon superviseur, comparativement à un mauvais, équivalait à celle qu'aurait générée l'ajout d'un 10e employé.

« En réalité, l'écart est peut-être encore plus grand, note Mme Shaw. Le pire des patrons qui puisse exister ne travaillait probablement pas dans l'entreprise où nous avons mené l'étude. »

C'est en effet là une autre des conclusions de l'étude : les mauvais patrons ne restent pas longtemps. Ceux du dernier décile ont 67% plus de chances de quitter l'entreprise dans un délai d'un an que ceux du premier.

Les meilleurs avec les meilleurs

À défaut de les congédier, que faire des moins bons patrons ? Vaudrait-il mieux les assigner aux meilleurs ou aux moins bons employés ?

La question se posait pour les chercheurs.

« Les bons patrons, particulièrement ceux qui ont des habiletés d'enseignement, pourraient être les plus utiles pour les travailleurs qui ont de la difficulté à apprendre ou qui en ont le plus à apprendre. Mais l'inverse peut aussi être vrai : nos grands intellectuels enseignent au doctorat, pas à la garderie. »

Après moults calculs, les chercheurs de Stanford ont déterminé que c'est la deuxième théorie qui prévaut. Mieux vaut garder les meilleurs patrons pour les meilleurs employés.

« L'effet des bons patrons est plus élevé sur de bons employés que sur de mauvais, même si cet effet est petit », concluent-ils.

Déplacer un bon employé d'un mauvais patron vers un bon augmente sa production d'environ 0,8%. Inversement, les mauvais employés travaillaient très légèrement mieux pour de mauvais patrons (+0,03%).

UN SALAIRE CONSÉQUENT

Tous facteurs pris en compte, « la valeur du patron moyen est environ 1,75 fois supérieure à celle de l'employé moyen », estiment les chercheurs. Au sein de l'entreprise où ils ont mené leurs observations, cela correspondait approximativement à l'écart de salaire entre les deux niveaux. Un écart tout à fait justifié, déduisent-ils.

TOUT EST MESURÉ

Pour mener leur étude, les chercheurs ontrécolté des données sur 23878 travailleurs associés à 1940 patrons pendant une période de quatre ansdansune grande entreprise. Sans préciser la natureexacte dutravaildesemployés observés, l'étudedévoile qu'il s'agit d'un emploi deservice basésur la technologie et dont le volumeestmesurépar les tâches qu'ilsaccomplissent devant un ordinateur. Les auteursdonnent l'exemple decaissiers dans une boutique ou d'un agent de service à la clientèle.

Enseigner avant de motiver

De toutes les fonctions d'un patron, c'est la capacité d'enseigner à ses employés qui est la plus importante, estiment les chercheurs Lazear, Shaw et Stanton.

Être capable de faire apprendre à ses employés des techniques qui augmenteront ses employés est plus important que de bien les motiver, concluent les auteurs de l'étude intitulée « La valeur des patrons ».

Selon leurs calculs, 67 % de la hausse de productivité d'un employé attribuable à un patron vient de l'enseignement fait par celui-ci.

Les auteurs définissent l'enseignement comme étant « cette part de ce que font les patrons qui a un effet persistent sur la production du travailleur, que ce soit un transfert d'habileté ou le fait d'inculquer une bonne éthique de travail ».

Ces leçons n'ont toutefois pas une durée de vie illimitée. Après six mois, il ne reste plus chez l'employé que 18% de l'effet bénéfique d'un patron précédent.

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