Placer la barre plus haut

Publié le 21/01/2012 à 00:00

Placer la barre plus haut

Publié le 21/01/2012 à 00:00

Par Alain Duhamel

L'inspection professionnelle fait peur. Les membres des différents ordres ont beau s'y attendre, quand ils reçoivent l'avis d'inspection, ils ne peuvent réprimer une certaine inquiétude. À tort, car cet exercice vise d'abord à rehausser leur niveau de compétence.

«Nous sommes perçus un peu comme la police», dit Marcelle Farahian, psychologue, coordonnatrice de l'inspection professionnelle à l'Ordre des psychologues du Québec.

En général, la première réaction du professionnel consiste à se demander pourquoi l'inspecteur de son ordre débarque chez lui. «Ils ont le trac comme à la veille de l'examen», constate l'avocate Geneviève Lefebvre, directrice de l'inspection professionnelle au Barreau du Québec. Le stress est bien réel, à tel point que le Barreau joint à l'avis d'inspection un feuillet d'information afin de calmer les appréhensions.

Protection du public

Les ordres professionnels ont l'obligation de surveiller la pratique de leurs membres. Ils s'acquittent de ce devoir de protection du public par l'inspection et par la discipline, deux opérations bien différentes l'une de l'autre. La première est une vérification de la qualité de la pratique professionnelle. La seconde prend la forme d'une enquête sur un comportement inapproprié, une faute professionnelle ou un manquement à la déontologie, déclenchée habituellement à la suite d'une plainte du public ou d'un signalement d'un autre professionnel.

Les membres des ordres professionnels auraient donc plus de raisons de redouter le syndic, chargé d'instruire les plaintes, que de craindre l'inspecteur. Alors que l'enquête du syndic peut mener à une sanction disciplinaire, voire une radiation, l'inspection, elle, débouche en général sur des recommandations d'amélioration de la pratique et, le cas échéant, sur l'obligation de suivre des formations professionnelles complémentaires ; plus rarement, il peut arriver qu'elle conduise à un signalement.

Promouvoir l'excellence

«Dans notre mission de protection du public, nous devons veiller à la qualité de l'intervention», dit Mme Farahian. «L'inspection vérifie la compétence des membres, mais elle a aussi un volet pédagogique ; c'est un exercice à caractère éducatif qui veut aider les psychologues à améliorer leur pratique.»

L'Ordre des administrateurs agréés du Québec (OAAQ) considère l'inspection comme une approche préventive. L'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) en parle comme d'une démonstration de la maîtrise des règles de l'art du professionnel dans son champ de pratique spécialisé. «Nous sommes bien davantage en mode conseil qu'en mode police», rappelle Florent Francoeur, pdg de l'Ordre.

«Nous sommes à la recherche de l'excellence, alors peu importe où l'avocat a placé la barre, nous voulons la monter encore», souligne Mme Lefebvre.

Dans chaque ordre, un comité de l'inspection professionnelle détermine le programme annuel d'inspection et définit des priorités et des catégories cibles de professionnels. Par exemple, l'OAAQ focalise cette année son inspection sur les professionnels autonomes qui exercent en planification financière et en immobilier.

Si le choix des candidats à l'inspection s'effectue au hasard, le choix de l'inspecteur, lui, se fait selon des critères rigoureux. Il s'agit toujours d'un pair ayant une longue expérience et une réputation sans tache.

L'an dernier, 35 avocats en exercice depuis une vingtaine d'années ont réalisé des missions d'inspection pour le Barreau. «Pour conserver sa crédibilité à l'égard de l'avocat inspecté, il est important que l'avocat inspecteur provienne de la pratique», signale Mme Lefebvre. «Nous n'enverrons jamais un avocat criminaliste inspecter un avocat civiliste.»

Le processus de l'inspection professionnelle dans les ordres débute par une autoévaluation qui peut être suivie par une visite de l'inspecteur. L'inspecteur vérifie non seulement les connaissances et le savoir-faire de l'avocat, mais il examine d'autres aspects de sa pratique, tels que la tenue du bureau, la tenue des dossiers et la comptabilité.

Une expérience positive

Dans la plupart des ordres, l'inspecteur transmet son rapport au Comité de l'inspection professionnelle qui décide alors des suites à donner : constat de conformité, rapport avec correctifs demandés et, dans certains cas, visites de relance, rapport avec recommandation de formation complémentaire ou encore recommandation au conseil d'administration de l'ordre d'imposer aussi une limitation de l'exercice.

Les sondages postinspection donnent à penser que les professionnels inspectés en sortent en général satisfaits, sinon soulagés. «Malgré son aspect réglementaire, l'inspection professionnelle est vécue comme une expérience humaine positive», note Mme Farahian.

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