Pas de nouvelle banque d'État si elle est pareille aux autres

Publié le 15/09/2012 à 00:00, mis à jour le 13/09/2012 à 11:18

Pas de nouvelle banque d'État si elle est pareille aux autres

Publié le 15/09/2012 à 00:00, mis à jour le 13/09/2012 à 11:18

Le gouvernement Marois s'apprête à entrer en fonction au moment où de gros nuages couvrent l'économie mondiale. Et cette fois, le Québec risque lui aussi d'être frappé.

Apparemment, le mois d'août aura été plus encourageant. Notre économie a créé 32000 emplois alors qu'elle en avait sacrifié 29000 en juillet. Mais c'est grâce à l'ajout de quelque 42 000 postes à temps partiel ; le travail à temps plein, lui, a reculé. En fait, c'est l'histoire des 12 derniers mois : un gain modeste de 24 500 emplois, dont les deux tiers sont à temps partiel. Pas de quoi pavoiser.

Le climat n'est plus morose, il est sombre. Et inutile d'attendre le reste de la planète, qui se débat avec des problèmes plus embêtants. Il va falloir commencer à agir, ici même.

C'est peut-être ce qui explique l'empressement de Pauline Marois à vouloir secouer cette économie plutôt inerte en jouant la carte de l'État interventionniste. Son idée de créer une Banque de développement du Québec, qu'elle avait déjà présentée en entrevue avec Les Affaires il y a bientôt deux ans, en est la représentation la plus évidente. Mais comme on ne connaît pas trop ni sa nature ni son mandat, on a pour l'instant l'impression qu'elle est à géométrie variable.

Par le passé, les incursions gouvernementales dans le champ du financement public n'ont pas toujours été heureuses. Dans les aventures les moins concluantes, on pense à la Société générale de financement, qui a fait rêver à ses débuts, mais dont les rêves ont trop souvent tourné au cauchemar. Qui plus est, avec un nombre croissant d'acteurs tant du secteur privé que du secteur public, les dédoublements devenaient embarrassants. De là la décision du gouvernement Charest de l'amalgamer à Investissement Québec.

Des créatures maison

C'est vrai qu'à une époque, le financement était souvent déficient au Québec, au point qu'il est paru sage de combler le vide avec des créatures maison. Petit à petit, la Caisse de dépôt et d'autres institutions publiques ont pris du galon. La Banque de développement du Canada aussi, et les entreprises québécoises sont largement représentées dans son portefeuille de prêts. Le Fonds de solidarité FTQ fait aujourd'hui valoir sa présence jusqu'au niveau local, tout comme le Mouvement Desjardins. Les banques sont aussi plus actives, sans compter les fonds de toutes sortes, les firmes de capital de risque et même les Anges financiers. Le ruisseau est devenu une rivière.

Là où la sécheresse demeure, c'est en amont. Il y a toujours aussi peu d'argent disponible pour l'amorçage et le démarrage. Dans un sens, c'est compréhensible : les risques sont élevés de perdre la mise. Pourtant, si la source se tarit, il n'y aura pas de rivière... Lorsqu'il faut encourager les entreprises naissantes, l'État, s'il doit intervenir, doit le faire dès le départ.

Au début des années 2000, on a mis au rancart les sociétés Innovatech (sauf celle de Québec), dont c'était en bonne partie le mandat. Personne n'a pris la relève. Banque pour banque, au lieu d'en ajouter une qui joue dans les mêmes platebandes que toutes les autres institutions, ne serait-il pas plus approprié de trouver une façon d'aider les jeunes entrepreneurs en manque chronique d'appui ? C'est là que se trouvent les prochains trésors.

La réingénierie de Jean Charest

Il s'était engagé comme premier ministre à réinventer l'État ainsi que ses rapports avec les citoyens.

Neuf ans plus tard, au moment où il quitte la scène, le bilan reste mitigé.

Son gouvernement a lancé de grands chantiers (Plan Nord, réforme de la santé, rajeunissement des infrastructures), mais il a soulevé de vives controverses, comme celles qui ont touché la construction et les droits de scolarité. Par ailleurs, il a de façon générale réduit les impôts, mais augmenté les taxes et les contributions de toutes sortes.

Quant au gouvernement lui-même, les engagements d'en alléger le fonctionnement demeurent inachevés. Ces dernières années par exemple, l'effectif global de la fonction publique québécoise a gonflé. En équivalent temps complet, il est passé de 66 869 en 2006-2007 à 68 211 en 2010-2011. C'est une progression de 1 342 (2 %), en comptant les employés réguliers, occasionnels et les stagiaires.

Quel souvenir laissera Jean Charest dans les livres d'histoire ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais comme le temps adoucit tout, parions que les commentaires seront plus indulgents, ou en tout cas moins hystériques que ceux qu'on a entendus au cours des derniers mois.

DE MON BLOGUE

Cabinet Marois

De professeur à ministre des Finances, la marche est haute

Le nom qui revient quand on évoque le portefeuille des Finances est celui du député de Rousseau, Nicolas Marceau [...] Il a démontré par le passé qu'il est talentueux sans être idéologue. Ce pourrait être un bon choix, dans la mesure où il ne renie pas ses convictions au nom de la ligne de parti.

Vos réactions

« Je crois qu'il est normal d'avoir des attentes au regard des décisions économiques du prochain gouvernement. Cette semaine, un rapport évaluait à 20 % le risque de récession au Canada. Donc, il est possible que le nouveau gouvernement soit obligé de travailler en eau trouble. » - ww

« En début de campagne, le candidat (élu) du PQ dans Rouyn-Noranda-Témiscamingue clamait haut et fort que les spécialistes financiers du PQ à Mourial avaient calculé qu'avec le nouveau système de redevances (5 % du brut et 30 % sur les superprofits), chaque mine d'or rapporterait 500 millions de plus et chaque mine de fer, 1 milliard de plus... » - jpthoma1

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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