Pas de hausse pour la moitié des pdg

Publié le 26/05/2012 à 00:00, mis à jour le 24/05/2012 à 09:02

Pas de hausse pour la moitié des pdg

Publié le 26/05/2012 à 00:00, mis à jour le 24/05/2012 à 09:02

Est-ce l'effet des indignés ? D'actionnaires mécontents ? Toujours est-il que la rémunération moyenne des pdg des 50 sociétés québécoises recensées par Les Affaires pour son classement annuel a diminué de 4 % en 2011, à 2,8 M$. L'an dernier, le baromètre indiquait plutôt + 22 %.

Chaque année, des circulaires de la direction font écarquiller les yeux : augmentations faramineuses, primes octroyées malgré des objectifs non atteints, unités d'actions, options ou régime de retraite s'ajoutant à une rémunération déjà plus que décente... La cuvée 2011 ne fait pas exception, mais elle contient aussi une grande surprise.

En effet, la moitié des 50 plus importantes sociétés québécoises recensées ont diminué ou maintenu la rémunération de leur pdg en 2011. L'autre moitié y est allé de hausses, mais moindres que celles qu'on a observées l'an dernier. Pour l'ensemble de l'équipe de direction, composée de cinq personnes incluant le pdg, la rémunération totale moyenne a diminué de 2 % par rapport à 2010.

Tandis que le classement précédant affichait 16 hausses de plus de 50 % pour le pdg, il n'en compte plus que quatre en 2011. Trois de ces entreprises avaient diminué la rémunération de leur pdg en 2010.

Le géant BCE (+ 125 % en 2011, + 12 % en 2010) a accordé à George Cope une rémunération totale de 9,6 millions de dollars (dont près de la moitié en unités d'actions), ce qui le hisse au sommet du palmarès. À 60 heures par semaine, cela équivaut à une rémunération horaire de 3 082 $. De son côté, la biopharmaceutique Theratechnologies (+ 275 % en 2011, - 5 % en 2010) a embauché un nouveau pdg, John-Michel Huss, en début d'exercice et lui a offert une prime à la signature de 250 000 $ et des options, entre autres avantages. Chez Garda, le pdg fondateur Stéphan Crétier est revenu à une rémunération comparable à celle de 2009, soit 2,4 M$, après avoir accusé un recul en 2010 (+ 93 % en 2011, - 45 % en 2010). Quant à Louis Audet, pdg du câblodistributeur Cogeco, sa rémunération a crû de 61 % (- 31 % en 2010), une hausse attribuable en grande partie à une prime représentant 137 % de la cible, ce qui a du même coup accru les versements prévus au terme du régime de retraite.

«Il y a un progrès sur la structure de la rémunération, mais pas sur l'ampleur», commente Olivier Gamache, pdg du Groupe investissement responsable. «Les niveaux sont en général similaires à ceux qui ont été constatés avant la crise.»

Certains mouvements en sens inverse

Le vent n'a pas changé du tout au tout, mais on note certains retours du balancier. Les pdg qui avaient affiché les plus fortes hausses en 2010 ont vu leur rémunération totale revenir à un niveau plus habituel en 2011, des octrois particuliers ne s'étant pas répétés. C'est le cas de Glenn Chamandy chez Gildan (3,1 M$ en 2011, par rapport à 11,2 M$ en 2010), qui avait reçu en 2010 une attribution spéciale d'unités d'actions ou d'options ; d'Alain Lemaire chez Cascades (1,5 M$ en 2011, comparativement à 8,1 M$ en 2010), dont la mise en place d'un régime de retraite représentait 6,4 M$ de la rémunération totale en 2010 ; de Richard Lord chez Quincaillerie Richelieu, à qui le CA avait octroyé une allocation de retraite de 1,7 M$ en 2010.

Troisième au palmarès l'an dernier, Marc Tellier, de Yellow Media, n'y figure plus. La valeur boursière de l'entreprise a fondu à 14,2 M$ (elle était de 2,4 milliards en mai 2011), ce qui l'exclut de notre échantillon. Les émoluments du pdg ont pris la même direction : M. Tellier a reçu son salaire de base et quelques autres avantages, mais pas d'unités d'actions ou d'options, ce qui divise par 10 sa rémunération totale, de 9 M$ à 0,9 M$.

Exclu lui aussi de la compilation vu sa taille réduite (100 M$, relativement à 157 M$ il y a un an), le fabricant de jouets Mega Brands a également diminué la rémunération de son pdg. Marc Bertrand a ainsi reçu un total de 1 M$, comparativement à 3 M$ en 2010.

Les plus importantes variations sont présentées dans le tableau à la page suivante.

Des parachutes aux dorures éclatantes

Le versement d'une indemnité de départ à Pierre Duhaime, le pdg de SNC-Lavalin emporté par le scandale de corruption, a fait couler beaucoup d'encre et indigné les actionnaires. À voir les parachutes dorés dont jouissent la plupart des pdg de grandes sociétés québécoises, il pourrait ne pas être le seul à quitter le navire avec un joli pactole. Comme ces contrats varient beaucoup d'une entreprise à l'autre, il est difficile de les comparer dans une compilation. Par contre, certains d'entre eux se démarquent.

Parmi les entreprises autour desquelles flottent des rumeurs d'acquisition, Rona verserait un total de 7,5 M$ à Robert Dutton, son pdg, en cas de changement de contrôle (3,1 M$ en cas de cessation d'emploi sans motif valable, mais sans changement de contrôle). Chez Technologies Miranda, poussée par des actionnaires à réaliser un examen stratégique, Strath Goodship aurait droit à 24 mois de salaire et à l'exercice de ses options et de certaines unités d'actions, si l'entreprise était vendue et qu'il partait, pour un total global estimé à 1,9 M$ au 31 décembre 2011.

Le recul boursier de certaines entreprises, qui souffrent de difficultés à court terme, pourrait en faire des proies attrayantes. Du lot, Transat verserait 3,6 M$ si elle remerciait Jean-Marc Eustache ou s'il cessait simplement d'être président du conseil ; l'indemnité atteindrait 4,3 M$ si le départ survenait à la suite de la vente de l'entreprise. Le contrat de Calin Rovinescu chez Air Canada prévoit une indemnité en espèces de 4,4 M$ et l'acquisition immédiate des options et des unités d'actions en cas de congédiement sans motif sérieux, pour un total global estimé à 5,5 M$ au 31 décembre 2011. Celui de John-Michel Huss, chez Theratechnologies, établit l'indemnité à 1,5 M$ en cas de cessation sans cause juste et à 2,4 M$ si le départ survient lors d'un changement de contrôle. Chez Osisko, Sean Roosen aurait reçu un total de 5 M$ s'il avait été congédié sans motif valable en décembre dernier et de 7 M$ si son départ (volontaire ou involontaire) avait été lié à la vente du producteur d'or.

Dans la grande majorité des cas, les contrats prévoient le versement d'une indemnité s'il y avait renvoi sans cause valable ou lié à un changement de contrôle. Si le conseil d'administration congédiait le dirigeant en raison d'un motif valable, comme une fraude, il ne recevrait rien. La réalité est souvent différente.

«Si l'entreprise met fin au contrat pour cause valable et refuse de verser une indemnité, il est certain que le dirigeant congédié ira devant les tribunaux», explique Michel Magnan, professeur de comptabilité à l'École de gestion John-Molson. En plus des frais d'avocat, un procès implique de divulguer les faits qui justifient le renvoi, ce que les entreprises préfèrent éviter. «Même en cas de fraude, les entreprises règlent à l'interne et paient l'indemnité, parce qu'elles ne tiennent pas à ce que le public sache qu'il y a eu fraude.»

À contre-courant, Dorel, Groupe BMTC, Quincaillerie Richelieu, Uni-Sélect et TransForce n'ont pas signé de telles ententes avec leurs cadres supérieurs.

«C'est le conseil d'administration qui doit définir les objectifs du programme de rémunération. Malheureusement, les consultants deviennent souvent les maîtres d'oeuvre par défaut, les administrateurs ne s'y retrouvant plus. Ce n'est pas normal qu'autant de programmes de rémunération se ressemblent, alors que les stratégies sont différentes.» - Michel Magnan, professeur à l'École de gestion John-Molson

«Il faut revenir à une certaine simplicité. Il y a tellement de composantes à la rémunération que tout incitatif se noie dans la foule. Seuls les hauts dirigeants ont autant de sources de revenus. Tellement, qu'ils finissent par ne regarder que le total global.» - Olivier Gamache, pdg du Groupe investissement responsable

«Il y aura beaucoup d'évolution en matière de rémunération durant la prochaine décennie. Les indignés ne sont pas seulement dans les parcs : on trouve aussi beaucoup d'indignés en cravate. Déjà, on voit un resserrement. Les CA sont plus critiques et les dirigeants ont moins le pouvoir d'exiger.» - Richard Joly, président de Leaders & Cie

BAISSE DE 3,86 %

Rémunération totale moyenne en 2010: 2 903 206 $

Rémunération totale moyenne en 2010: 2 791 275 $

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