La question
Est-il plus profitable de travailler sur mes forces ou sur mes points faibles ?
La réponse de notre experte, Julie Carignan, associée principale de SPB Psychologie organisationnelle
"Tout le monde a des talents et des zones de vulnérabilité. Mais l'être humain a un potentiel de développement exceptionnel. Ce potentiel varie cependant beaucoup. Dans certains domaines, certaines personnes, même en y consacrant beaucoup d'efforts, ne pourront faire mieux que de passer de faibles à pas trop pires. Dans d'autres domaines, certaines personnes pourront passer de bonnes à excellentes.
Tous les marathoniens, en s'entraînant, peuvent arriver à courir plus vite et tous les sprinters peuvent courir plus longtemps. Mais un marathonien ne deviendra jamais un champion sprinter et un sprintevr ne deviendra jamais un grand marathonien. La clé est d'être capable de déceler ses forces.
Je me fais souvent demander par des dirigeants d'entreprise s'ils doivent consacrer plus de temps et d'efforts à combler leurs lacunes qu'à développer leurs forces. Je dirais que, trop souvent, les dirigeants consacrent trop de temps à travailler sur leurs faiblesses et pas assez à développer leurs forces. Ces dirigeants se plafonnent eux-mêmes et deviennent en plus de bons candidats à l'épuisement professionnel.
Il existe des cas où un dirigeant n'a pas le choix de tenter de devenir adéquat dans un domaine pour lequel il est peu doué. Par exemple, un dirigeant qui a de la difficulté à gérer son temps et qui a des dates de tombée à respecter. Sinon, au lieu de s'acharner sur ses faiblesses, un dirigeant ferait bien mieux de s'entourer de gens qui vont les compenser.
Entraîner une force nous stimule, alors que travailler une faiblesse nous draine. Il n'existe pas de poste idéal dans lequel une personne n'utilisera que ses forces, ne fera que ce qu'elle aime. Tous les emplois du monde comportent une partie moins agréable. Mais si vous accordez plus de temps à vos faiblesses, vous allez finir par vous brûler. Si c'est le cas, vous devriez sérieusement vous demander si vous êtes à la bonne place.
Cela vaut pour soi-même et pour ceux que l'on dirige. Par exemple, la plupart des directeurs des ventes consacrent plus de temps à leurs vendeurs moins performants qu'à leurs meilleurs éléments. Ils se disent : "Je n'ai pas besoin de m'en occuper, ils sont bons." C'est une erreur ; comme individu et comme chef d'équipe, le plus grand potentiel de développement réside dans nos forces.
On entend souvent dire que l'on est bon dans ce que l'on aime et inversement. Ce n'est certainement pas toujours vrai ; j'en connais plusieurs qui aiment chanter et qui devraient s'en abstenir !"
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