Craignant que les dés ne soient pipés et leur voix diluée dans le concert d'interventions au forum sur les redevances minières organisé le 15 mars par le gouvernement Marois, les principaux acteurs de l'industrie minière québécoise tiendront leur propre événement deux jours plus tôt, soit le 13 mars, à Montréal.
Ils veulent ainsi fourbir leurs armes et établir une position commune en vue du forum gouvernemental, dont les minières ignorent toujours l'ordre du jour.
L'événement du 13 est organisé sous l'égide de la Fédération des chambres de commerce du Québec, de la firme de consultants KPMG-Secor et du cabinet d'avocats Fasken Martineau.
«L'industrie est inquiète» face aux intentions de Québec, indique Michel Rathier, associé chez KPMG-Secor. L'idée d'un forum où toute la société civile est conviée devant les caméras de télévision lui fait craindre que l'enjeu de la compétitivité du Québec ne soit pas bien couvert, poursuit Eric Tétrault, directeur des communications chez ArcelorMittal Mines Canada.
«Le seul débat à faire actuellement sur les redevances est de savoir quel seuil on peut fixer sans éloigner les investisseurs», affirme-t-il.
Ne pas décourager l'investissement minier
Le message que les minières veulent faire passer est le suivant : «il faut faire attention de ne pas décourager l'investissement au Québec», ajoute-t-il. Ce qu'on craint, dans l'industrie, c'est que le gouvernement Marois ne s'appuie que sur les résultats du forum du 15 mars pour fixer la formule des redevances. À l'automne dernier, les grandes minières comme ArcelorMittal Mines Canada devaient rencontrer la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, mais cela ne s'est pas fait, relate-t-on.
Du côté des plus petites minières, on tient à faire comprendre à la population que la majorité des sociétés minières du Québec sont des PME, de même que leurs fournisseurs et partenaires, signale Bryan Coates, chef des finances de la minière Osisko.
Chose certaine, les entreprises minières ne sont pas à l'aise avec l'organisation même du forum gouvernemental. La neutralité des animateurs est contestée, plusieurs minières n'avaient pas reçu d'invitation deux semaines avant l'événement, et l'ordre du jour n'était pas connu au moment de mettre sous presse.
DES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES
Dans le but de faire pencher l'opinion publique en leur faveur, plusieurs minières viennent de rendre publics les calculs qu'elles ont faits quant aux retombées économiques de leurs activités dans la province.
> ArcelorMittal Mines Canada, depuis 2010
Contributions versées à l'État
500 M$ en redevances
500 M$ en taxes, impôts et contributions d'employeur
Contrats octroyés à des entreprises tiers
3 G$ (60 % sur la Côte-Nord, 20 % à Montréal et Québec, et 20 % dans les régions)
> Mine Raglan
Contrats octroyés en 2011 à des entreprises tiers
295 M$
> Osisko
Contrats octroyés depuis 2009 à des entreprises tiers
1,6 G$