Les entreprises naissantes souffrent du syndrome bidou

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Les entreprises naissantes souffrent du syndrome bidou

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Connaissez-vous bidou.ca ?

Il s'agit d'un site d'enchères en ligne fondé sur une formule fort originale : tout l'argent misé est perdu, à moins que votre mise ne soit la dernière qui a été faite. Dans ce cas, vous gagnez le lot. Autrement dit, si vous misez 1 $ sur un téléviseur et qu'une autre personne renchérit, vous pouvez dire adieu à votre dollar. Les chanceux, ou les plus rusés, peuvent décrocher de belles prises à prix d'aubaine, alors que tous les autres quittent le site les mains vides.

C'est ainsi que se déroule le financement des entreprise naissantes au Québec. L'argent se fait rare pour le stade dit de l'amorçage, lorsque tout est à créer, alors que l'intérêt grandit quand l'entreprise approche des étapes finales qui mènent à la commercialisation d'un produit ou même à son inscription en Bourse. Les financiers qui interviennent à la fin du processus sont récompensés; les autres en sont souvent quittes pour leur peine.

Résultat : le ballon tombe au milieu, comme au volley-ball lorsque les équipiers se regardent sans que personne n'agisse. Au Québec, les entreprises en amorçage vivent une crise de financement qui ne se résorbe pas.

Les chiffres ne mentent pas. Du milieu des années 1980 jusqu'en 2004, de 60 à 70 entreprises naissantes réussissaient à trouver des fonds chaque année. Puis le robinet s'est fermé. En 2008, aucune entreprise n'est parvenue à le faire ! Une seule a suscité l'attention des financiers en 2009, et la récolte s'annonce encore maigre pour 2010. " Pendant ce temps, en Israël, le gouvernement en soutient au moins 200 par an ", dit Claude Martel, président de Inno-centre. Ce dernier s'y connaît en financement, puisque son travail consiste en grande partie à chercher des fonds pour les entreprises qu'il assiste.

M. Martel reconnaît les limites du système actuel où les grandes sociétés de capital de risque se tiennent à l'écart. " Ce n'est pas le rôle des gestionnaires de risquer l'argent pour aider au démarrage de nouvelles entreprises ", explique-t-il.

Ce serait donc plutôt le rôle du gouvernement ? Le seul fait d'évoquer cette option rappelle un vieux débat. Pendant les années prospères où l'argent coulait à flot, le Québec parrainait des fonds destinés à soutenir les premiers pas des jeunes entreprises.

C'était le mandat de T2C2, une société de capital de risque axée sur le prédémarrage. Un peu plus en aval, les filiales d'Innovatech poursuivaient le travail de soutien. Évidemment, les résultats financiers de ces fonds n'étaient pas toujours reluisants, mais compte tenu de leur mandat, c'était prévisible et même acceptable.

Au début des années 2000, le gouvernement québécois a décidé de se retirer du marché et ces fonds ont été soit vendus, soit liquidés. En principe, on allait laisser aux grandes organisations en place le soin de prendre le relais. Elles ne l'ont pas fait. On a eu beau s'en remettre à la Caisse de dépôt et placement, au Fonds de solidarité FTQ, à Desjardins et aux autres, les jeunes pousses n'ont pas retenu leur attention. À moins que les entreprises n'aient assez grandi pour se faire remarquer... " Tout le monde sait que le financement le plus payant est celui qui arrive lors des dernières étapes ", dit M. Martel. À l'entrée, c'est le désert. Mais comment voulez-vous compter sur une grappe de jeunes entreprises vigoureuses si on ne les arrose pas à leur naissance ?

Voilà le dilemme. L'intervention du gouvernement dans l'économie est vue avec suspicion. Pourtant, dans ce cas-ci, il n'y a que lui qui puisse agir, directement ou indirectement, par l'intermédiaire des centres locaux de développement (CLD), par exemple. Comme le dit l'expression maintenant galvaudée, c'est un devoir de société.

Les Fonds d'intervention économique régional (FIER), présentés comme une solution, ne sont cependant pas d'un grand secours, et ce, pour la même raison : vous n'investirez pas si vous avez peu d'espoir de retrouver votre mise. À moins que vous ne tombiez sur la perle rare...

Or, ces perles apparaissent de temps à autres, et ce sont elles qui rendent légitime tout ce travail de défrichage. Elles éclosent, puis s'affirment en tant que chefs de file dans leur domaine, et ceux qui les ont soutenues obtiennent un rendement alléchant. La collectivité tout entière en bénéficie. De là l'absolue nécessité de les appuyer concrètement, au-delà des belles paroles.

Sans nouveaux entrepreneurs à qui on donne la chance de se faire valoir, le Québec se retrouvera avec une économie rabougrie.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Hausse salariale de 4 % depuis un an. Bravo, mais pour qui ?

Entre juin 2009 et juin 2010, la rémunération hebdomadaire moyenne des employés salariés non agricoles a augmenté de 4 %, pour atteindre 853,50 $ ", selon Statistique Canada. Wow ! Une hausse salariale de 4 % en moyenne, alors que l'inflation n'atteint pas 2 %, c'est effectivement un gain substantiel. Mais y croyez-vous ?

Vos réactions

" Ne cherchez pas trop loin. Les employés salariés qui sont les mieux rémunérés auraient moins perdu que ceux qui sont moins rémunérés, et hop ! la rénumération moyenne augmente comme par magie. "

- stéphaneD

" Et dire que tout le monde parle de déflation... Curieux, quand même. "

- N.P.

" Quand je parle avec les personnes de mon entourage, elles ont subi un gel de salaire, ou sinon, elles ont obtenu une maigre hausse de 1 ou 2 %. Sans parler de ceux qui acceptent une baisse de salaire, soi-disant pour sauver leur emploi. "

- mlalonde

rene.vezina@transcontinental.ca

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