Les dividendes, un remède à la volatilité

Publié le 03/09/2011 à 00:00

Les dividendes, un remède à la volatilité

Publié le 03/09/2011 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

La volatilité des marchés vous rend malade ? Un antidote efficace : les titres de dividendes. Ces titres sont un moyen de rester en Bourse avec une certaine marge de sécurité, puisque les payeurs de dividendes ont généralement des bilans solides et n'ont pas besoin d'une économie forte pour procurer du rendement. Sept gestionnaires vous suggèrent leurs titres favoris.

SERVICES À LA COLLECTIVITÉ

Fortis, Enbridge et TransCanada pour leur stabilité

La nature prévisible des revenus des exploitants de pipelines et des fournisseurs d'électricité en font des choix classiques en ce qui a trait aux dividendes. "Leurs activités les rendent moins vulnérables à une récession, puisque leurs services sont essentiels à la vie de tous les jours et que certains de leurs tarifs sont réglementés", explique Marie-Ève Savard, gestionnaire de portefeuille chez Investissements Standard Life.

Cette stabilité a toutefois un prix. Les titres du fournisseur d'électricité et de gaz Fortis et des transporteurs de pétrole et de gaz Enbridge et TransCanada se négocient à des multiples élevés de 17, 20 et 16 fois leurs bénéfices respectifs.

Mme Savard met de l'avant le long historique de dividendes croissants de Fortis qui tire 52 % de ses revenus de services réglementés. L'entreprise a accru son dividende tous les ans depuis 38 ans, affichant ainsi le meilleur bilan de toute société ouverte au Canada.

Le titre d'Enbridge n'est pas bon marché après un bond de 29 % depuis septembre 2010. Toutefois, 10 milliards de dollars (G$) de projets d'ici 2015 assureront à l'entreprise des sources de revenus pour l'avenir, dit-elle.

TransCanada a aussi 14 G$ de projets en chantier destinés à lui fournir d'importants flux de trésorerie, surtout après 2014.

Si les autorités américaines approuvent le prolongement de son oléoduc Keystone, qui transporterait un million de barils de pétrole brut par jour de l'Alberta jusqu'aux raffineries de Port Arthur, au Texas, son titre pourrait connaître un nouvel élan.

FINANCE

Banque Royale, Banque TD, Banque CIBC et JP Morgan

Les banques sont des titres de dividendes incontournables. La crainte d'une nouvelle crise les rend encore meilleur marché qu'avant, surtout aux États-Unis.

"Dans une récession, leurs cours baisseraient avec l'ensemble des actions, mais leurs dividendes seraient sécuritaires", croit Bruce Kent, vice-président et gestionnaire de portefeuille de RBC Dominion valeurs mobilières.

La Banque Royale est le choix de Gaelen Morphet, vice-présidente principale et chef des placements chez Empire Vie, parce qu'elle règne sur le secteur grâce à la taille de ses actifs, de 730,6 G$.

Marc-André Robitaille, gestionnaire du Fonds revenu de dividendes AGF, et Mme Savard préfèrent la stratégie plus fonceuse de la Banque TD. La deuxième banque canadienne ouvre des succursales aux États-Unis et vient d'acquérir le portefeuille canadien de cartes de crédit de MNBA Bank et celui de prêts pour automobile de Chrysler Financial.

Le titre de la Banque CIBC plaît à M. Robitaille ainsi qu'à John Hadwen, gestionnaire du CI Fonds de dividendes Signature et à David Sherlock, gestionnaire chez McLean Partners. Ses rivales lui faisant de l'ombre, les attentes de croissance envers elle sont plus modestes, ce qui pourrait réserver des surprises au cours des prochains trimestres, y compris une reprise de la hausse de son dividende.

M. Hadwen préfère les banques américaines dont l'évaluation est ridiculement basse, après un plongeon de leurs titres de 29 % depuis le début de 2011. Pourtant, leurs ratios de capital et leur niveau de liquidités n'ont jamais été aussi élevés, souligne M. Hawden.

"JP Morgan se négocie près de sa valeur comptable tangible. Cette banque verse seulement 25 % de ses bénéfices, encore déprimés, en dividendes. Au cours actuel, le rendement de son dividende pourrait doubler à 6 % si elle distribue une part plus normale de ses bénéfices croissants en dividendes", dit-il.

TÉLÉCOMMUNICATIONS

BCE, Telus, Rogers, Shaw pour des dividendes solides

La lente croissance des revenus de BCE ou de Telus fournit de solides dividendes : l'investisseur obtient des rendements de dividendes de 5,5 % et 4,1 %, respectivement. À cela, il faut ajouter le potentiel de meilleurs dividendes au rythme de la progression des bénéfices. Bref, un rendement total intéressant, juge Mme Savard, d'Investissements Standard Life.

Le dividende de Telus devrait augmenter un peu plus rapidement que celui de BCE. Le fournisseur de Vancouver profite davantage de l'adoption des combinés sans fil évolués et du nouveau service de télévision Optik, après avoir investi d'importantes sommes dans ses réseaux, précise Mme Savard.

Leurs concurrents, les câblodistributeurs Rogers Communications et Shaw Communications, dégagent aussi des flux de trésorerie excédentaires qui financent des dividendes croissants et des rachats d'actions, même si la concurrence plus vive ralentit leur croissance.

"Aucune industrie ou entreprise n'est à l'abri lors d'une récession, mais à plus long terme, la nature récurrente des revenus et des flux de trésorerie des câblos est ce qui procurera à l'investisseur les rendements financiers dont il a besoin", explique David Sherlock, gestionnaire de portefeuille chez McLean Partners.

ÉNERGIE

Chevron et Suncor, pour leur cours d'aubaine

Tributaires du prix du pétrole, les grandes pétrolières intégrées sont tout de même de bons payeurs de dividendes, fait valoir M. Robitaille.

"Les craintes de récession font faiblir ces titres, mais la demande croissante d'énergie de la part des pays émergents compensera pour le déclin de la demande en Europe et aux États-Unis à long terme. Les producteurs efficaces peuvent prospérer dans un tel environnement", dit Donald Taylor, gestionnaire du fonds Franklin U.S. Rising Dividends.

La pétrolière intégrée américaine Chevron a accru son dividende à un rythme annuel de 3,3 % au cours des 28 dernières années, et de 8 % au cours des 10 dernières, précise M. Taylor.

M. Robitaille préfère le producteur mal-aimé Suncor.

Boudée pour son achat de Petro- Canada depuis 2009, Suncor, la plus importante société énergétique intégrée du Canada doit aussi naviguer avec les soulèvements en Syrie et en Libye, où elle a des installations.

Ces tribulations font en sorte que son titre se négocie à un multiple raisonnable de 8,5 fois ses bénéfices.

INDUSTRIE

Air Products et United Technologies pour leur endurance

La chute des Bourses fournit l'occasion d'acheter les titres des entreprises américaines du secteur industriel les plus solides. "Avec des titres comme ceux de United Technologies et Air Products & Chemicals, l'investisseur obtient un rendement initial de 3 % du dividende actuel, ainsi que le potentiel de meilleurs dividendes. Au fil du temps, le rendement cumulatif des dividendes croissants devrait tirer la valeur de l'action vers le haut", explique M. Taylor.

Le fabricant de gaz industriel Air Products a accru son dividende tous les ans depuis 29 ans. Il a crû à un rythme annuel de 11 % en moyenne depuis 10 ans. Les contrats à long terme qu'il conclut avec ses clients lui assurent des revenus assez prévisibles.

Malgré deux récessions, le fabricant américain de moteurs d'avions, de climatiseurs et d'ascenseurs United Technologies a majoré son dividende tous les ans depuis 17 ans, à une cadence moyenne de 16 %.

Pour l'ensemble de 2011, United Technologies aura racheté 2,5 G$ US de ses actions et aura conclu 1,5 G$ US d'acquisitions.

SANTÉ

Johnson & Johnson, Becton, Dickinson and Co. et Eli Lilly pour leur impopularité

Dans le secteur de la santé, la Bourse américaine offre une panoplie de titres combinant de bons dividendes et une évaluation attrayante.

Donald Taylor, du fonds Franklin U.S. Rising Dividends, reste fidèle au géant des produits d'hygiène, des médicaments et des produits médicaux Johnson & Johnson, qui vient de porter un grand coup en acquérant le fabricant de prothèses et d'implants orthopédiques Synthes pour 21 G$ US.

Un autre favori de M. Taylor, le fournisseur mondial d'instruments médicaux et diagnostiques Becton, Dickinson and Company a augmenté son dividende tous les ans depuis 27 ans. L'entreprise du New Jersey, fondée en 1897, prévoit accroître son bénéfice de 10 % en 2011, sans l'effet des taux de change, malgré le ralentissement en Europe et la hausse du coût de la résine.

Mieux connu pour ses médicaments pour traiter le cancer (Erbitux), l'impotence (Cialis) et le diabète, Eli Lilly verse un dividende de 5,5 %. "Avec un multiple d'évaluation inférieur à 10 fois ses bénéfices, le titre ne tient pas compte du potentiel des 70 médicaments en voie de développement, dit John Hadwen, gestionnaire du CI Fonds de dividendes Signature.

CONSOMMATION

Les trois gestionnaires amateurs de titres étrangers aiment tout particulièrement les grandes multinationales de produits de consommation, car elles ont passé l'épreuve du temps et se négocient à bon prix.

Leur bilan exemplaire et la diversité de leurs marchés et de leurs marques de commerce leur donnent des ressources inégalées pour résister à une conjoncture plus difficile, sans trop d'égratignures.

Les investisseurs ont l'embarras du choix, mais le géant des produits de consommation courante Procter & Gamble, le producteur mondial de breuvages PepsiCo, le conglomérat de produits alimentaires Nestlé et le producteur de spiritueux Diageo, figurent parmi les choix les plus prisés.

"Ces entreprises ont peu de dettes, ont accès à d'importantes liquidités, peuvent se financer à bon prix et vendent une part croissance de leurs produits dans les marchés émergents. Leur évaluation est suffisamment modeste pour procurer à leurs actionnaires une marge de sécurité, si la conjoncture se détériore", explique M. Kent.

"Pour choisir ses payeurs de dividendes, il faut étudier la croissance des flux de trésorerie et le rendement de l'avoir au lieu du rendement du dividende."

- John Hadwen, gestionnaire du CI Fonds de dividendes Signature

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