Le jour n'est peut-être plus si loin où la chaîne de télévision la plus regardée, que ce soit au Québec ou ailleurs dans le monde, ne sera justement pas une chaîne de télévision. Netflix, Google et Hulu ont tous pris d'assaut le Palais des festivals de Cannes, où se tenait cette semaine le marché Mipcom, pour convaincre les producteurs de télévision que c'est chez eux, et non sur les chaînes traditionnelles, qu'ils doivent diffuser leurs oeuvres.
Les trois entreprises américaines sont prêtes à allonger les liasses de billets nécessaires. Netflix a battu aux enchères des rivaux comme HBO pour l'obtention des droits exclusifs sur la série House of Cards, qu'elle diffusera à compter du 1er février prochain. Les 13 épisodes de la première saison, qui met en vedette l'acteur Kevin Spacey, seront mis en ligne simultanément. Une deuxième saison a également été commandée.
C'est la première fois qu'un site Web diffusera une série télé de haute qualité qu'il a entièrement financée, et le monde de l'audiovisuel tout entier voudra connaître les résultats de l'expérience. «Plus il y a d'acheteurs de contenu de haute qualité, mieux c'est pour nous, a convenu Bruce Rosenblum, président du groupe de télévision de Warner Bros. Nous souhaitons que House of Cards ait du succès, puisque Netflix voudra en acheter d'autres épisodes.»
De son côté, Google a annoncé au Mipcom la création de 60 nouvelles chaînes consacrées exclusivement à du contenu original sur son populaire site YouTube. Ces chaînes cibleront les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Elles s'ajouteront aux 13 déjà annoncées il y a quelques mois.
Tous ces canaux devront être alimentés en contenu télévisuel. L'intérêt des producteurs ne se dément pas. La conférence du responsable mondial du contenu pour YouTube, Robert Kyncl, a été la plus courue de la semaine à Cannes.
Celle de son rival Jason Kilar, pdg de Hulu, a elle aussi attiré les foules. Hulu offre actuellement plus de 55 000 épisodes de séries télé de première qualité aux internautes américains, gratuitement ou sur abonnement.
Le site, créé par Fox et NBC en 2007, connaît une croissance spectaculaire de ses revenus. Ils ont atteint 418 millions de dollars en 2011, par rapport à 263 M$ en 2010. L'année 2012 n'est pas encore terminée, mais l'entreprise, qui est profitable, aura versé plus de 500 M$ en droits télévisuels.
Hulu aussi s'est lancée dans le contenu original. Elle a coproduit une saison de la série de satire politique The Thick of It, qu'elle diffuse actuellement, ainsi que la série à suspense The Wrong Man, qui est actuellement en tournage et devrait être diffusée en 2013.
Et ce n'est pas fini. «Nous sommes acheteurs de contenus en provenance de partout dans le monde», a clairement fait savoir M. Kilar.
JEAN-FRANÇOIS.CODERE@TC.TC
