Les changements climatiques coûteront des milliards de dollars aux Canadiens

Publié le 05/12/2009 à 00:00

Les changements climatiques coûteront des milliards de dollars aux Canadiens

Publié le 05/12/2009 à 00:00

Si réduire les gaz à effet de serre (GES) est dispendieux, c'est encore beaucoup moins cher que de ne rien faire, car les coûts qu'entraînent les changements climatiques sont effarants, disent les économistes et les assureurs.

" Les indemnités versées par les assureurs du Québec ont explosé depuis les années 2000, et ce, à cause des changements climatiques ", avance Alexandre Royer, porte-parole du Bureau d'assurance du Canada (BAC), qui regroupe des assureurs et des réassureurs.

En 2001, les indemnités versées pour des inondations dans des habitations représentaient 21 % de toutes les indemnisations accordées au Québec, selon une étude du BAC menée en 2006 (elle sera mise jour en 2010). Or, en 2005, cette proportion avait bondi à 45 %, détrônant les incendies, qui avaient historiquement occupé le premier rang. La proportion des indemnités versées pour les incendies est passée de 33 % en 2001 à 28 % en 2005.

Depuis une dizaine d'années, les catastrophes naturelles se multiplient au Québec. Il s'agit surtout de pluies torrentielles ou de tempêtes, comme en juin 2008, alors que des vents violents et de la grêle ont causé des dommages évalués à 150 millions de dollars dans la grande région de Montréal.

L'inaction coûte annuellement 5 % du PIB mondial

Jusqu'au milieu des années 2000, il était difficile de quantifier l'impact économique des changements climatiques. Toutefois, en octobre 2006, Nicholas Stern, un économiste britannique et ancien vice-président de la Banque mondiale, a publié un rapport commandé par le gouvernement anglais qui corrigeait le tir. Ses conclusions ont provoqué une onde de choc majeure.

Si l'humanité ne fait rien pour réduire ses émissions de GES, l'ensemble des coûts et des risques équivaudront à une perte annuelle d'au moins 5 % du PIB mondial, et ce, pour toujours. Compte tenu d'un éventail plus large des risques, on parle d'un impact de 20 %.

En 2008, le PIB mondial s'élevait à 60 917 milliards de dollars américains, selon le Fonds monétaire international (FMI). Une perte de 5 % représente donc 3 046 G$ US, soit deux fois la taille de l'économie canadienne. Parmi ces coûts et ces risques, il y a les dommages causés aux infrastructures, l'accès à l'eau, la production de nourriture, ainsi que la santé et l'environnement.

Le rapport Stern ne comprend pas une analyse spécifique pour le Canada. Toutefois, notre économie représentant 2,5 % du PIB mondial, les coûts et les risques de l'inaction s'élèvent donc à 76 G$ US (2,5 % de 3 046 G$).

Cette estimation est imparfaite, mais elle donne néanmoins un ordre de grandeur, selon le Potsdam Institute for Climate Impact Research, en Allemagne, à qui nous avons soumis notre analyse.

Même son de cloche à l'Institut Pembina, un organisme canadien en environnement, qui estime difficile de calculer un impact précis pour le Canada à partir des chiffres du rapport Stern. Le Canada est plus vulnérable que d'autres pays, notamment en raison de la fonte rapide des glaces dans l'Arctique, dit l'organisme.

" Nous souhaitons qu'Ottawa commande une étude semblable pour le Canada ", dit Clare Demerse, directrice associée, changements climatiques, de l'Institut Pembina.

Explosion des actifs à risque au Canada

Le réassureur international allemand Allianz et l'organisme environnemental World Wide Fund For Nature (WWF) viennent de publier une étude sur l'impact économique des changements climatiques qui va dans le même sens que le rapport Stern.

Ainsi, en 2050, les dommages causés par les inondations dans 136 villes portuaires - les villes américaines de la côte Est sont particulièrement à risque - pourraient s'élever à 28 000 G$ US, presque dix fois la facture des plans de relance et de sauvetage des banques lors de la dernière récession.

Contrairement au rapport Stern, cette étude comprend une analyse sur le Canada et sur l'impact potentiel des changements climatiques, comme le dépérissement de la forêt boréale qui recouvre le nord du pays.

Actuellement, la valeur des actifs qui risquent d'être inondés au Canada s'élève à 63 G$ CA. Cependant, en 2050, le coût potentiel des dommages dûs à des inondations pourrait atteindre 272 G$ CA en raison de l'élévation anticipée de 50 centimètres du niveau des mers dans le monde.

Au Canada, une ville portuaire comme Vancouver fait partie des municipalités à risque, mais pas Montréal, qui est située bien au-dessus du niveau de la mer.

( REPÈRES )

Conférence de Copenhague sur les changements climatiques

Les représentants des gouvernements de 170 pays tenteront, du 7 au 18 décembre, de négocier la seconde phase du protocole de Kyoto pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 2012 à 2020. Le protocole de Kyoto (2008-2012) prévoyait une baisse globale de 5 % des émissions de 1990. Cette cible mondiale n'a pas été atteinte, même si certains pays comme l'Allemagne ont atteint leur cible. La plupart des scientifiques avancent que des réductions globales de 25 à 40 % sont requises d'ici 2020 pour stabiliser le climat. Mais le président du Earth Policy Institute, Lester R. Brown, une sommité mondiale en analyse environnementale, affirme que les pays doivent plutôt viser une cible de 80 %.

francois.normand@transcontinental.ca

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