Les femmes ont beaucoup plus de chances que les hommes de décrocher les futurs emplois qui se créeront aux États-Unis et en Europe, car elles seront beaucoup plus éduquées que leurs collègues masculins.
Voilà la principale conclusion d'une récente analyse publiée par Bank of America Merrill Lynch, «Global Girl Power». Ainsi, aux États-Unis, non seulement les femmes auront-elles la part du lion sur le marché du travail, mais elles gagneront souvent des revenus plus élevés que les hommes en général.
Depuis 10 ans, les femmes ont décroché environ 60 % des diplômes d'études postsecondaires aux États-Unis. Et elles rattrapent le taux de diplomation des hommes en mathématiques et en sciences.
Même le secteur manufacturier - dans lequel les hommes sont surreprésentés - devrait s'ouvrir davantage aux femmes, grâce au progrès technologique. «La force musculaire nécessaire pour actionner des machines complexes n'est plus nécessaire ; seules de solides compétences techniques comptent», peut-on lire dans l'étude.
Les Européennes sont aussi «mieux préparées» que leurs compatriotes masculins pour affronter l'évolution du marché du travail. Leur formation a duré en moyenne trois ans de plus que celle des hommes.
Dans ce contexte, le pouvoir d'achat des femmes est donc appelé à augmenter. Les entreprises américaines et européennes qui offrent des biens et des services s'adressant surtout aux femmes ont un bel avenir devant elles, et leurs actions pourraient devenir plus attrayantes pour les investisseurs, prévoient les auteurs de l'étude.
Freins culturels
Angelo Dos Santos Soares, un professeur de l'UQAM qui s'intéresse au travail des femmes, nuance toutefois les prévisions de la banque d'investissement. Selon lui, le niveau d'éducation élevé des femmes et le progrès technique (qui limite le recours à la force physique) ne vont pas nécessairement favoriser une meilleure intégration des femmes sur le marché du travail ni éliminer les inégalités.
«Ce type d'argumentation ne tient malheureusement pas compte de la sexualisation du travail, qui fait en sorte que des emplois sont traditionnellement occupés par des femmes tandis que d'autres le sont par les hommes», dit-il.
Par exemple, un préjugé a cours dans le secteur manufacturier, selon lequel «les femmes ne seraient pas assez bonnes pour utiliser l'équipement à la fine pointe technologique», explique ce spécialiste. En médecine, beaucoup d'étudiantes hésiteront à devenir chirurgiennes pour ne pas compromettre leur projet de fonder une famille.
Angelo Dos Santos Soares estime que, même si les chiffres sont en faveur des femmes, il faudra encore bien du temps pour qu'une vraie égalité des chances entre les hommes et les femmes soit possible sur le marché du travail.
