Le BRIC se heurte à un mur

Publié le 20/07/2013 à 00:00

Le BRIC se heurte à un mur

Publié le 20/07/2013 à 00:00

Le 10 juillet, le Fonds monétaire international a sonné l'alarme : l'économie des grands pays émergents ralentit. La hausse du PIB au Brésil et en Russie ne dépassera pas 2,5 % en 2013, prédit le fonds. Quant à la Chine, sa croissance a diminué à 7,5 % au deuxième trimestre.

Devant cette situation, les investisseurs commencent à retirer leurs capitaux du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Le signal de départ a été donné le 23 mai dernier, lorsque la Réserve fédérale américaine a annoncé qu'elle allait réduire son injection de fonds dans l'économie mondiale.

À Montréal, le gestionnaire de portefeuille Turn8 Partners (100 milliards de dollars d'actifs sous gestion) a réduit de 75 % ses positions sur les marchés des grands pays émergents : 100 % de ses investissements à court terme et 50 % à long terme.

«Nous croyons qu'à long terme les pays du BRIC vont connaître une belle croissance ; c'est quand même la moitié de la population du monde, indique le chef des investissements Craig McFadzean. Mais à court terme, le momentum n'est plus là, et mieux vaut retirer nos billes avant qu'il ne soit trop tard.»

Les problèmes que connaissent ces pays sont tous différents, observe de son côté François Dupuis, économiste en chef chez Desjardins : le Brésil a trop laissé monter l'inflation, et la population se rebelle ; la Chine a injecté trop de crédits ; l'Inde n'a pas assez amélioré ses infrastructures ni allégé sa bureaucratie, etc.

Quoi qu'il en soit, «nous assistons maintenant à un repositionnement de l'économie mondiale», poursuit-il. Les investisseurs s'aperçoivent que ces étoiles montantes, qui ont tiré l'économie mondiale au cours de la dernière décennie, présentent des problèmes structurels qui ne se règlent pas du jour au lendemain. De plus, ils estiment que les risques accrus ne valent pas la peine.

États-Unis et pays du MIST

D'où viendra la future croissance mondiale ? Où ira le capital des investisseurs ? Une bonne partie vers les États-Unis, selon François Dupuis.

Chez Turn8 Partners, la moitié de l'argent retiré des pays émergents a été allouée aux États-Unis, indique d'ailleurs Craig McFadzean. «L'autre moitié reste en argent comptant : on attend de voir comment iront les choses et on cherche des occasions dans d'autres pays émergents», indique-t-il.

Car, après le BRIC, on parle maintenant des pays du MIST : Mexique, Indonésie, Afrique du Sud, Turquie. M. McFadzean ajoute le Chili - dont les données économiques fondamentales, selon lui, sont plus solides que celles du Brésil.

Quelles sont les conséquences de ce repositionnement pour le Canada ? Le secteur des ressources naturelles, surtout le secteur minier, sera affaibli. Et les exportateurs canadiens devront revoir leurs stratégies. Se recentrer sur leur bon vieux partenaire, les États-Unis, et examiner les occasions d'affaires dans de nouveaux pays émergents.

+17 % Hausse annuelle moyenne de l'indice MSCI des pays émergents, de 2003 à 2012

-10,4 % Baisse de l'indice depuis le début de 2013

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