La zone euro est à la croisée des chemins

Publié le 22/05/2010 à 00:00

La zone euro est à la croisée des chemins

Publié le 22/05/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

La crise que traverse la zone euro a mené l'Europe à la croisée des chemins. Soit l'Union européenne (UE) en sort plus intégrée et plus forte, soit elle pourrait commencer à se désintégrer.

La zone euro réunit 16 des 27 pays de l'UE. La « construction européenne », comme on appelle l'ensemble des institutions communes créées depuis le Traité de Rome de 1957, a déjà subi d'autres crises, mais aucune n'a été plus grave que la secousse actuelle, dont le dénouement sera déterminant pour l'Europe.

La zone euro a été créée pour accroître la compétitivité de l'Europe et assurer une meilleure concertation des politiques économiques. Ses membres adhèrent à l'euro et à la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Ils renoncent ainsi à l'outil de la politique monétaire (détermination de la masse monétaire et des taux d'intérêt), ne conservant que la politique fiscale (détermination du budget de dépenses, des taxes et des impôts) comme levier économique important. Il leur faut aussi respecter deux critères : leur déficit doit être plafonné à 3 % de leur produit intérieur brut (PIB), et leur dette, à 60 % de leur PIB.

Cette architecture tient la route, pourvu que les pays membres suivent une discipline budgétaire à toute épreuve, sans quoi leur capacité concurrentielle évoluera dans des directions différentes. Autrement dit, les pays les plus concurrentiels (technologie, productivité de la main-d'oeuvre, fiscalité, flexibilité du marché du travail) sont susceptibles d'accroître progressivement leurs parts de marché en Europe et à l'étranger.

L'inverse est aussi vrai. Ainsi, un pays productif et efficace (de type fourmi) comme l'Allemagne est avantagé par le dispositif de gouvernance de la zone euro, tandis qu'un pays inefficace et mal organisé (de type cigale) comme la Grèce est défavorisé.

Or, la zone euro n'est pas dotée de mécanisme pour contrer les déséquilibres structurels entre ses membres comme l'est la fédération canadienne. L'UE distribue des subventions dans les régions moins développées et à des pays qui ont besoin d'être modernisés (l'Irlande en a obtenues beaucoup lors de son entrée dans l'UE), mais cette redistribution ne se compare en rien à l'importance de la péréquation canadienne. La zone euro est une union monétaire, cependant l'UE n'est ni une fédération, ni une union politique.

La crise actuelle, qui expose la faiblesse structurelle de la zone euro, tire son origine de la menace de l'effondrement du système financier et d'une dépression économique. Pour contrer ces dangers, les gouvernements ont lancé des plans de relance coûteux, qui ont causé des déficits budgétaires importants et ont accrû leur endettement. Les marchés financiers leur demandent aujourd'hui de rembourser leurs dettes, au risque de provoquer une nouvelle récession. La situation est kafkaïenne : placés en eau chaude par les banques et les agences de notation de crédit, des pays se retrouvent à leur merci et doivent s'attaquer au rétablissement de leur crédibilité.

La Grèce est dans l'oeil du cyclone parce qu'elle est le pays le plus vulnérable de la zone euro. Pour protéger l'euro, mais aussi les banques (surtout allemandes et françaises) qui détiennent des titres de dette de la Grèce, l'UE et ses alliés ont élaboré un plan de sauvetage de 750 milliards d'euros. De plus, pour la première fois de son existence, la BCE a acheté des titres des gouvernements d'Europe, ce qui revient à créer de la monnaie et ce qui est annonciateur d'inflation.

Ce plan, d'une ampleur surprenante, n'a pas réglé les problèmes de fond. Non seulement les déséquilibres économiques ne sont pas éliminés, mais les plans d'austérité demandés par les marchés financiers risquent de replonger l'Europe en récession. D'ailleurs, celle-ci semble condamnée à une croissance économique réelle à long terme de 1 à 1,5 %, ce qui pourrait bloquer la relance de plusieurs pays.

Il faudrait donc ajouter une autre institution à la structure de gouvernance de l'UE, comme un Fonds monétaire européen, qui veillerait à la santé économique des maillons les plus faibles de la chaîne européenne.

Il s'agit-là d'un défi de taille, qui exigera un grand pouvoir de conviction des leaders politiques des pays, dont l'Allemagne, qui ont le plus à perdre dans l'effort de redistribution de la richesse qui leur sera demandé.

J'AIME

Pauline Marois a profité du conseil général du Parti québécois pour amener les membres à réfléchir à des moyens de débureaucratiser l'administration publique, et de moderniser et rendre plus efficaces les politiques sociales. La chef du PQ souhaite un réexamen des agences régionales de santé et des commissions scolaires. Les militants n'ont pas été réceptifs, mais le parti traitera de la question dans son programme.

JE N'AIME PAS

Après le contrat des compteurs d'eau, qui fait l'objet d'une enquête par la Sûreté du Québec (SQ), d'autres ententes ont été mal gérées par la Ville de Montréal. Dans le cas de l'agence de sécurité en faillite BCIA, qui surveille l'immeuble du service de police de la Ville, alors que le président, Luigi Coretti, partageait des repas avec le directeur de ce service, Yvan Delorme (selon La Presse), il n'y avait même pas de contrat écrit. La SQ fera enquête !

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