La gestion des risques au travail, c'est payant !

Publié le 31/03/2012 à 00:00

La gestion des risques au travail, c'est payant !

Publié le 31/03/2012 à 00:00

Chez Univar Canada, le message est clair : dès l'entrée de l'entrepôt en Montérégie, sur chacune des 40 cloches en ciment qui tracent la voie des camions visiteurs, le nom d'un employé est peint au-dessus de cette phrase : «Je suis engagé depuis [date d'embauche] dans la santé-sécurité».

Le plus important distributeur de produits chimiques du Canada transporte plusieurs millions de kilos de matières dangereuses par an. Les risques liés à la manipulation de ces produits sont particulièrement élevés au centre de transbordement de Salaberry-de-Valleyfield, où se fait l'essentiel de la manutention.

La sécurité avant tout

Les 40 employés de l'entrepôt manipulent des solvants, de la soude caustique, du méthanol et des acides toute la journée. «On a des produits inflammables, d'autres corrosifs. Il faut que nos employés montent sur des réservoirs de 30 pieds de haut. Les risques d'accident du travail sont très variés. Ce peut être des chutes, des brûlures, des coupures ou encore des blessures au dos», explique Jean Lessard, directeur général d'Univar Canada pour la région du Québec et des provinces maritimes, où la société compte 150 employés.

Un responsable par bureau

La préoccupation de la santé et de la sécurité au travail est donc une seconde nature pour l'entreprise. «C'est une culture qui a existé dès les débuts, étant donné la nature de notre activité», assure M. Lessard.

Pour pallier les risques, Univar Canada a mis sur pied une stratégie d'envergure : désignation d'un responsable de la santé-sécurité et environnement pour chacun des six bureaux régionaux, inspections internes régulières, révision annuelle des risques selon les tâches.

À Valleyfield, le nombre d'accidents avec perte de temps est passé de 4 en moyenne par année entre 2003 et 2008 à 0 depuis 2009. Tous les processus ont été revus et normalisés, et des cahiers des charges, rédigés pour chaque poste.

«Le fait que chacun a la même vision des tâches et de la sécurité diminue les risques», indique Patrick Lacasse, directeur de l'entrepôt, qui dit avoir mis en place un management «très participatif». Les employés sont invités à faire part des problèmes et à proposer des solutions. En contrepartie, insiste le directeur, «il faut répondre rapidement aux demandes» pour maintenir les employés mobilisés.

Souligner les périodes sans accident

«La routine est notre pire ennemi. Quand on connaît les risques, on peut les oublier», reconnaît Jean Lessard. C'est pour cette raison que le directeur récompense ses équipes pour chaque période de six mois sans accident : construction d'une terrasse en pavé uni pour relaxer durant les pauses, manteau offert en cadeau à chaque employé...

Michel Branchaud, permanent syndical au Local 1999 des Teamsters, témoigne de l'efficacité de ces mesures : «Si toutes les entreprises étaient comme Univar, ça serait bien. C'est un modèle en santé et sécurité au travail. Elle donne de la formation et impose des mesures disciplinaires quand un employé n'a pas respecté les consignes de sécurité.»

DES AMENDES SALÉES

Les entreprises sont de plus en plus sensibles aux questions de santé et sécurité. Et cela se traduit par des résultats concrets. Les accidents du travail ont diminué de 37 % depuis 2000, et ce, malgré 400 000 assurés de plus. Il y a eu 92 000 accidents rapportés à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) en 2010, par rapport à 143 000 en 2000.

Une prise de conscience généralisée

«On attribue ces progrès à la prise de conscience générale», dit le porte-parole de la CSST, Jacques Nadeau.

Au cours des 10 dernières années, les entreprises se sont dotées de politiques de prévention des risques et ont revu leurs procédés de façon à les réduire. Des formations ont été organisées. La recherche d'une meilleure productivité a aussi incité les entreprises à mécaniser de nombreux processus, ce qui a réduit la dangerosité de certaines tâches.

De plus, «si une entreprise a un mauvais dossier, sa cotisation à la CSST augmente, puisque celle-ci se fonde sur le montant des salaires versés, mais aussi sur le nombre d'accidents recensés», explique M. Nadeau. Et le montant des amendes imposées par la CSST en cas de manquement aux règles de sécurité a triplé en 2011, allant de 15 000 à 300 000 $, selon qu'il s'agit d'une première infraction ou d'une récidive.

QUAND LA VIE TIENT À UN FIL

La ligne de vie qui permet aux ouvriers de travailler en sécurité sur des toits de résidence en construction a valu à son inventeur, Yves Sirois, vice-président de Gaétan Sirois Construction, une entreprise de cinq employés, de décrocher le Prix innovation de la CSST, en 2011. Cette ligne horizontale en métal de 12 pieds accrochée à des poteaux à chaque extrémité du toit permet à deux ouvriers de s'y attacher par un harnais à hauteur des épaules.

Yves Sirois dit qu'il n'avait pas le choix de trouver une solution. «Le système actuel pour sécuriser le travail sur les toits dans la construction résidentielle fait mal au dos et rend le travail plus difficile, si bien que personne ne l'utilise correctement. Mais si on ne s'en sert pas, les amendes de la CSST peuvent être très lourdes.»

Le défi : trouver un ingénieur

Yves Sirois a mis deux ans à concrétiser son projet. Pour homologuer son invention, il a dû faire appel à des ingénieurs afin de pratiquer des tests de résistance à différentes hauteurs. «Ça a été difficile de trouver un ingénieur qui accepte de travailler avec une si petite entreprise que la nôtre. J'ai eu plusieurs fois envie de tout lâcher.»

À force de persévérance, Yves Sirois a atteint son but. Il déplore toutefois l'isolement des petites entreprises qui souhaitent améliorer la santé et la sécurité au travail. Il a d'autres idées pour faire évoluer la sécurité dans la construction résidentielle. S'il trouve le courage de se lancer de nouveau dans l'aventure...

26 770 Nombre de sites de travail qui ont fait l'objet d'une inspection en 2010. | Source : CSST

5 681 Nombre de constats d'infraction émis en 2010. | Source : CSST

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