La CCQ défend son bilan : le travail au noir recule

Publié le 07/04/2012 à 00:00

La CCQ défend son bilan : le travail au noir recule

Publié le 07/04/2012 à 00:00

Montrée du doigt parce qu'elle fait moins de visites de chantiers qu'en 2005, la Commission de la construction du Québec (CCQ) souligne que tout n'est pas noir dans son bilan. Le nombre d'heures travaillées dans l'industrie a même augmenté plus de deux fois plus vite que les investissements en construction de 1994 à 2011, fait-elle valoir. Autrement dit, le travail au noir serait en recul sur les chantiers.

C'est ce que démontre une présentation qu'a préparée le vice-président aux opérations de la Commission, Guy Lacroix, obtenue par Les Affaires. L'organisme a enregistré 131 % plus d'heures travaillées en 2011 qu'en 1994, mais seulement 56 % plus d'investissements, pour l'ensemble de l'industrie. Des données validées par le ministère des Finances.

C'est donc dire que les chantiers déclarent plus d'heures pour chaque dollar d'investissement.

Adapter les approches d'enquêtes

La CCQ est sous les projecteurs après la publication de chiffres démontrant que le nombre d'enquêtes et d'inspections est passé de 39 000 à 32 500 entre 2005 et 2011, des chiffres obtenus par La Presse en vertu d'une demande d'accès à l'information. Le nombre de visites de chantier et d'infractions constatées est également au plus bas.

«On ne s'en réjouit pas, mais c'est aussi dû au fait que le travail de la CCQ est en transformation», dit Guy Lacroix, à la tête de l'escouade tactique et de l'équipe d'inspecteurs de l'organisme, responsable de la surveillance des chantiers de construction au Québec. «On doit adapter nos approches d'enquête. Ce n'est pas un ralentissement, c'est une réorientation de l'action.»

Pour illustrer cette «transformation», le vice-président explique que les enquêtes sont plus ciblées, plus longues et plus approfondies. Le nombre d'heures consacrées aux enquêtes à la CCQ a augmenté de 17 % de 2001 à 2010, illustre-t-il. «Les actions sont davantage centrées sur les chantiers et les métiers plus à risque», précise Guy Lacroix.

Il assure néanmoins qu'il veut faire remonter le nombre de visites de chantiers et d'avis d'infractions. «Quand on aura remis en selle nos inspecteurs, pourvu les postes vacants, ça aura un impact à la hausse.»

D'autant plus qu'une telle publicité sur la baisse du nombre de visites n'aide pas à combattre le fléau du travail au noir sur les chantiers. «Il faut que les impacts soient connus et dissuasifs, que l'industrie s'ajuste parce qu'elle a peur de se faire prendre», dit Guy Lacroix.

Et en cas d'arrêt de travail ?

La direction de la CCQ menace de déclencher un lock-out, en réaction à la stagnation des négociations avec les 600 employés sans pouvoir d'enquête de l'organisme. Porte-parole de la CCQ, Louis-Pascal Cyr convient qu'un tel arrêt de travail «aurait des impacts» sur ses enquêtes. «Ce serait se cacher la tête dans le sable que de dire que ça ne toucherait pas nos activités.»

Serge Cadieux, directeur du Syndicat des employés professionnels de bureau, qui chapeaute les travailleurs sans pouvoir d'enquête à la CCQ, a obtenu copie d'un courriel de Guy Lacroix à deux subalternes, envoyé en février. Le vice-président s'interroge sur le travail des inspecteurs et enquêteurs dans l'éventualité d'un conflit de travail. Il cherche une «stratégie» pour les «tenir occupés» et «simplifier notre gestion qui sera sûrement problématique», selon le texte. «Quels sont les projets et occupations que les inspecteurs et techniciens opérations pourraient effectuer sans faire leur travail normal ?» demande le cadre supérieur.

De son côté, Serge Cadieux ne croit pas à un arrêt de travail. «La stratégie de Mme Lemieux, c'est d'essayer de faire peur aux employés. Mais la ministre du Travail ne favorisera pas un lock-out.» Au cabinet de Lise Thériault, l'attaché de presse s'en tient au «pas de commentaires».

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