L'an dernier, Christine Raigondeau a commencé à remplacer les cosmétiques employés dans son salon d'esthétique par des produits certifiés bio. Aujourd'hui, elle n'offre que du biologique.
" Je l'ai fait d'abord pour moi, admet-elle. J'utilise ces produits à longueur de journée, et je tiens à ma santé. Mais j'ai aussi converti mes clientes. "
Depuis six mois, le distributeur des produits français Phyt's, une des gammes bio les plus complètes, a vu ses ventes augmenter d'au moins 20 % au Canada. " Ce serait plus si on n'était pas bloqué par les géants des cosmétiques dans les grandes chaînes ", dit Michel Bucheau, pdg de CJMB Cosmétiques.
Malgré tout, les ventes de cosmétiques biologiques commencent à croître de façon marquée au Canada. Le pays a cependant quatre ou cinq ans de retard sur la France, où, depuis 2002, c'est l'explosion : selon l'organisme de certification Ecocert, plus de 250 entreprises sont maintenant certifiées en France, comparativement à 3 au Canada, où il n'y en avait aucune avant 2006.
Mais contrairement au secteur agroalimentaire (café, chocolat, thé, etc.), c'est encore la jungle dans cette industrie naissante. Plusieurs marques affichent le terme " bio " ou utilisent le mot " naturel " sans être certifiées.
Il faut dire que la certification est coûteuse, et le processus, assez long, indique France Gravel, directrice d'Ecocert Canada, dont le nombre de dossiers en traitement a triplé depuis un an. Parmi eux, celui de la ligne Personnelle de Jean Coutu suit son cours.
Au rayon des cosmétiques du détaillant Ogilvy, à Montréal, une nouvelle ligne bio s'est ajoutée en mai dernier.
" Nos clientes sont des victimes du cancer ou des converties à la mode bio ", indique la directrice des achats, Vilma Di Lalla.
Mais cette dernière n'est pas encore convaincue de l'efficacité du bio dans la lutte contre les rides. Et puis, il y a la durée de vie du produit. " Dans le passé, j'ai dû jeter des produits restés trop longtemps sur les tablettes ", précise Mme Di Lalla.
L'avenir, toutefois, risque d'être différent, car l'intérêt des consommatrices pour le bio augmente et les produits sont plus attrayants. " La vague vient de commencer, c'est sûr ", constate Mme Di Lalla.
suzanne.dansereau@transcontinental.ca