La concurrence séduit le milieu de la santé

Publié le 05/09/2009 à 00:00

La concurrence séduit le milieu de la santé

Publié le 05/09/2009 à 00:00

Alors que les Américains s'entre-déchirent sur la réforme de leur système de santé, au Canada des intervenants croient qu'il faut introduire une dose de concurrence pour réparer le leur.

" Un monopole d'État n'incite pas à innover, car nous n'avons pas de concurrence et d'incitatif à la performance " a dit le Dr Arthur Porter, directeur général du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), au terme d'une conférence de deux jours consacrée au rôle de l'État dans la prestation des soins de santé, ayant réuni près de 200 médecins, infirmières, administrateurs, hauts fonctionnaires et représentants du secteur privé, à la fin août.

Parler franchement

Organisée par l'Institut d'analyse stratégique et d'innovation du CUSM, la conférence s'est tenue à huis clos afin de permettre aux participants de " parler franchement ", ont dit ses organisateurs. Mais ces derniers ont tout de même dévoilé les résultats d'un sondage ad hoc réalisé auprès des participants pendant la réunion.

Ainsi, 83 % des répondants croient que les fournisseurs de soins devraient être rémunérés au rendement pour que le système devienne plus efficace, comme le fait la Grande-Bretagne.

Toujours selon le sondage, 69 % estiment qu'il faut un régime mixte (public et privé) dès maintenant ou d'ici cinq ans pour mieux soigner les patients; 65 % croient que les institutions publiques ne sont " aucunement efficaces " dans l'intégration des innovations médicales et technologiques. Qui plus est, 74 % croient que le système public, dans son état actuel, n'est pas efficace dans la sauvegarde de la qualité des soins. Enfin, 86 % sont convaincus que le manque d'efficacité est en partie dû à de mauvaises communications entre les fournisseurs.

" On ne peut plus faire avec le statu quo ", a déclaré Bernard Lord, coorganisateur de la conférence et chercheur à l'Institut d'analyse stratégique et d'innovation du CUSM. Cet ancien premier ministre conservateur du Nouveau-Brunswick préside l'Association canadienne des télécommunications sans fil.

" Le vieillissement de la population, la multiplication des technologies médicales et le fait que les patients les réclament nous poussent à trouver des solutions, non pas pour limiter les soins, mais pour dépasser les limites financières auxquelles nous sommes confrontés. "

Selon M. Lord, la Loi canadienne sur la santé n'interdit pas la concurrence ou les bénéfices : elle dit que le système de santé doit être administré par le secteur public sans but lucratif. Alors que certains, comme M. Lord, n'excluent pas un financement privé de la santé, Arthur Porter croit que le rôle du privé doit se limiter à la prestation de soins. " Les Canadiens sont assez taxés comme ça ", dit-il.

" Obama a mal visé "

Selon Arthur Porter, la réforme du président Barack Obama a été mal présentée aux Américains. " Il demande aux 260 millions qui ont de l'assurance privée de payer pour les 40 millions qui n'en ont pas ", résume-t-il.

Il aurait été préférable de réformer le système public (Medicaid) qui couvre 40 millions de personnes, dit celui qui a été médecin et directeur d'hôpital aux États-Unis avant de s'installer à Montréal.

" Les Américains et les Canadiens n'ont pas la même culture. Aux États-Unis, la santé est un bien de consommation. Ici, au Canada, c'est un droit pour tous. "

Le Dr Porter se réjouit que ce débat ait lieu aux États-Unis : " Ici, on ne peut pas en parler sans se brûler politiquement. "

suzanne.dansereau@transcontinental.ca

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