L'industrie aérospatiale québécoise va moins bien qu'elle ne le paraît. À tel point que le gouvernement du Québec doit rapidement lui venir en aide, selon Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Montréal métropolitain.
L'organisme a profité du congrès de l'Association québécoise de l'aérospatiale, le 23 septembre, pour présenter l'état de ses réflexions sur les transformations qui touchent la chaîne d'approvisionnement de l'industrie.
" Ces transformations fragilisent énormément notre industrie, prévient Suzanne Benoît, directrice générale d'Aéro Montréal. Il faudra s'en préoccuper rapidement avant qu'il ne soit trop tard. "
Trop petites pour se défendre
Au cours de la dernière décennie, les grands donneurs d'ordres tels que Bombardier, Bell Helicopter et CAE, ont réduit radicalement leur nombre de fournisseurs.
Les donneurs d'ordres leur ont demandé de fournir des sous-ensembles complets du produit final (par exemple, le cockpit d'un appareil plutôt qu'une seule composante de celui-ci), et de participer de façon plus importante au partage des risques technologiques et financiers liés aux phases de recherche.
Or, les entreprises du Québec sont généralement trop petites, ou trop peu spécialisées, pour supporter de telles responsabilités. Des quelque 235 entreprises qui oeuvrent dans ce secteur au Québec, au moins 210 sont des micro-entreprises. Trop petites pour jouir de capacités d'emprunt importantes, elles peuvent difficilement se défendre sur le front de l'innovation.
" Le succès du passé n'est pas garant de l'avenir, dit Sam Abdelmalek, vice-président, gestion de l'approvisionnement, de Pratt & Whitney Canada. Le monde change rapidement. Les gouvernements doivent le réaliser s'ils veulent continuer de soutenir adéquatement le secteur. "
Les grands de l'industrie ne veulent pas plus de fonds des gouvernements, dit Suzanne Benoît. Mais ils veulent des fournisseurs de classe mondiale capables de contribuer à leurs projets. " Les grands sont prêts à mettre l'épaule à la roue. Mais il faut que le gouvernement s'implique pour aider les plus petits. À défaut de quoi, elles n'auront d'autre choix que de s'approvisionner davantage auprès de fournisseurs étrangers. "
" Ça prend de l'argent, de la formation, des subventions sur les salaires, comme dans les technologies, et des équipes spéciales qui aident les entreprises à se transformer ", soutient Mme Benoît.
martin.jolicoeur@transcontinental.ca