Investissement Québec, comme dans les soupes Habitant

Publié le 26/05/2012 à 00:00, mis à jour le 24/05/2012 à 09:50

Investissement Québec, comme dans les soupes Habitant

Publié le 26/05/2012 à 00:00, mis à jour le 24/05/2012 à 09:50

Investissement Québec est en affaires pour faire de l'argent.

C'est l'assurance que donne son président et chef de la direction, Jacques Daoust, en poste depuis maintenant 15 mois. À l'époque, le gouvernement du Québec venait d'annoncer la fusion de la Société générale de financement avec l'ancienne Investissement Québec, de manière à créer une nouvelle entité plus forte et mieux dotée.

La précision sur la rentabilité est importante, mais il y aura inévitablement des sceptiques. Les banques d'État à la québécoise ont connu des fortunes variables au fil du temps. Au tournant des années 2000, je me souviens avoir demandé à Claude Blanchet, alors président de la SGF, si son organisation était devenue une sorte de Centraide pour de grands projets industriels incertains. La question ne lui avait pas plu. La SGF, qui prenait des participations importantes aux côtés de grandes entreprises, souvent multinationales, s'était trop souvent retrouvée engluée dans des aventures sans lendemain, par exemple le projet Magnola (avec Noranda) et son usine-pilote de magnésium, prometteuse mais incapable de prendre son envol. Il m'avait alors certifié que la SGF procédait rigoureusement dans ses décisions d'investissement. Quelques années plus tard, on allait vivre le désastre de la Gaspesia, à Chandler...

Jacques Daoust sait que la performance d'Investissement Québec sera plus que jamais scrutée de très près, d'autant plus que la société doit «appuyer le gouvernement du Québec dans la négociation de prises de participation dans des projets porteurs et structurants sur le territoire du Plan Nord», peut-on lire dans son Plan stratégique 2011-2013.

La commande est importante. Dans les faits, IQ devient l'agent officiel du Québec dans le Plan Nord. Les détails viendront, mais l'intention est d'accompagner le développement et de profiter des retombées. Les investisseurs étrangers ne devraient pas pouvoir faire cavalier seul. «On ne peut pas s'installer dans une juridiction donnée et lui faire un pied de nez», dit-il. En d'autres termes, si tout va comme prévu, les mines du Nord seront à l'image de l'ancien slogan des soupes Habitant : il y aura (au moins) un peu de nous là-dedans.

L'exemple des diamants de Renard

Un projet, connu, est déjà en marche : l'alliance avec la minière Stornoway, de Vancouver, pour la mise en valeur du gisement diamantaire Renard. IQ possède 25 % du capital de Stornoway, non pas seulement de la mine elle-même. Elle possède une option pour porter sa participation à 37,5 %. Et elle doit recevoir en plus des redevances équivalant à 2 % des ventes brutes de diamants, quand la mine sera en fonction.

Que le Québec soit partie prenante du projet n'est pas étonnant : ce sont les gens de la Société québécoise d'exploitation minière (SOQUEM), publique, qui ont découvert le gisement en 2001, à quelque 350 kilomètres au nord de Chibougamau dans la région des monts Otish. Découvrir, c'est beau, mais que fait-on après ?

«Ça coûte cher. Il faut au moins décupler la mise de fonds originale pour se rendre jusqu'à une vraie mine», dit Jacques Daoust. Même si on entend aujourd'hui redynamiser la SOQUEM, la société ne compte que 20 employés permanents, auxquels s'ajoutent des travailleurs saisonniers.

Il fallait donc des partenaires. On s'est alors entendu avec Stornoway. Si ça marche, le résultat sera brillant et payant. Si...

Un vaste mandat

IQ recherche aujourd'hui d'autres alliances. Et encore, son mandat ne s'arrête pas là. Le gouvernement vient de créer Ressources Québec, dotée d'environ 1,3 milliard de dollars, pour investir dans les mines, mais aussi dans les projets pétroliers en territoire québécois. Ressources Québec devient une filiale d'IQ.

Comme si ce n'était pas assez, on lui a également demandé de gérer le Fonds de développement économique (4 G$), en marge de son mandat premier, au nom des ministères à vocation économique. Ces dernières activités ne figureront pas à son bilan annuel. En fait, on lui dit : «Vous connaissez ça, l'argent, veillez à ce qu'il soit bien utilisé». En d'autres termes, plus de Gaspesia, mais des projets porteurs.

Le modèle québécois en action ? Il reste que c'est sans doute du Nord que viendront les prochaines nouvelles qui placeront Jacques Daoust et son équipe sous les projecteurs... en espérant que soit pour le mieux.

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Vos réactions

«À vos différents sujets, si vous me le permettez, j'ajouterai la refonte de notre système d'enseignement afin que dans les années à venir nous ayons des leaders, une population qui pense, qui analyse, qui a l'esprit critique...»

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«Le conflit étudiant a dépassé les bornes, et il est clair dans les dernières casses à Montréal que la question des droits de scolarité est presque devenue secondaire. Tant de haine anticapitaliste et d'optique prosyndicale. Ça me fait penser à une chicane de couple collective.»

- Tourbillon

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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