«Il faut appliquer les réglementations qui sont déjà là» - Thomas Mulcair, chef du NPD

Publié le 07/09/2013 à 00:00

«Il faut appliquer les réglementations qui sont déjà là» - Thomas Mulcair, chef du NPD

Publié le 07/09/2013 à 00:00

Un gouvernement du Nouveau Parti démocratique n'adopterait pas de nouvelles lois pour sécuriser le transport de matières dangereuses par train au Canada. Par contre, il ferait en sorte que la réglementation déjà en place soit rigoureusement appliquée et punirait sévèrement les entreprises fautives.

«La question n'est pas d'avoir plus de réglementations, mais de faire appliquer celles qui sont déjà là», affirme Thomas Mulcair, chef du NPD, en entretien avec Les Affaires pour expliquer son programme économique. Hésitant à établir un lien de cause à effet entre l'application de la réglementation et le déraillement du train de la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA) à Lac-Mégantic, le politicien affirme qu'il faut néanmoins s'interroger à ce sujet.

«Je veux qu'on entame le débat sur le rôle réel du gouvernement en matière de protection du public», dit-il, en précisant qu'il y a eu «des cas» au Canada de secteurs auxquels le gouvernement fédéral a imposé une déréglementation. Il donne l'exemple de l'usine albertaine de XL Foods, à l'origine d'une contamination de produits de boeuf par la bactérie E. coli en 2012. Une problématique d'industrie, dit-il.

«Ottawa a enlevé des inspecteurs dans les usines et a demandé aux entreprises de dire si elles respectaient les procédures. Or, n'eut été les douaniers américains [qui ont inspecté une cargaison], on n'aurait jamais su qu'il y avait de la viande avariée en circulation», dit-il. Selon lui, les gouvernements doivent cesser de se retirer du marché et miser sur l'autorégulation, une approche qui ne garantit pas de manière optimale la protection du public.

Baisses d'impôt pour les PME à 9 %

Thomas Mulcair a aussi une approche pragmatique en matière de fiscalité. Ainsi, un gouvernement NPD réduirait de deux points de pourcentage l'impôt fédéral sur les PME au Canada, à 9 %.

«Au lieu de baisser les impôts mur à mur, on ciblerait les créateurs d'emplois au Canada, les PME», dit le chef de l'opposition officielle à Ottawa. Actuellement, une PME au Québec paie un taux combiné de 19 % (provincial et fédéral). Dans l'ensemble du Canada, ce taux s'élève à 14,2 %.

En revanche, les grandes entreprises verraient leurs impôts augmenter, pour atteindre le niveau des grandes sociétés aux États-Unis. «Les entreprises canadiennes paient les impôts les plus bas de l'OCDE. Cela n'a aucun rapport avec la taxation américaine», déplore le chef du NPD. Au Canada, le taux combiné des grandes sociétés est de 25 % comparativement à 35 % aux États-Unis. Washington veut toutefois l'abaisser à 28 %.

Le NPD se servirait de ces nouveaux revenus fiscaux pour répartir plus efficacement la richesse au Canada. «Il y a un problème. Un gouffre sépare les mieux nantis du reste de la population», souligne Thomas Mulcair. Depuis 35 ans, dit-il, le produit intérieur brut au Canada a augmenté de 147 % (en dollars constants). Or, sur la même période, le revenu net de la famille moyenne a, lui, diminué de 6 %.

Effet de serre et libre-échange

Par ailleurs, un gouvernement du NDP imposerait des cibles plus contraignantes de réduction d'émissions de gaz à effet de serre aux sociétés. Il s'agirait de réduction absolue et non pas par intensité d'unité de production. Le hic de l'approche par intensité, c'est qu'elle permet à une entreprise de diminuer ses rejets, tout en continuant d'augmenter ses émissions totales en raison de la hausse de sa production, souligne Thomas Mulcair, un ex-ministre québécois de l'environnement.

Thomas Mulcair n'a pas voulu préciser les cibles de réduction à court et à moyen terme que son gouvernement imposerait. «C'est très difficile à dire, deux ans avant les élections fédérales», dit-il. Dans son programme, le NPD a toutefois une cible à long terme, soit une réduction de 80 % des émissions d'ici 2050 par rapport au niveau des rejets de 1990.

Enfin, en matière de commerce international, un gouvernement du NPD serait en faveur de la signature d'accords de libre-échange, pourvu qu'ils respectent certains critères. «Nous soutenons le projet d'accord avec l'Union européenne, car l'Europe respecte les droits environnementaux et les droits sociaux», dit Thomas Mulcair. Le NPD était aussi en faveur de l'accord de libre-échange signé avec la Jordanie, car ce pays joue un rôle positif au Moyen-Orient, selon Thomas Mulcair.

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