Je vous vois venir. Pourquoi une telle manchette ? Ça donne quoi de parler des industries du sexe, du jeu, de l'alcool, des armes à feu ? C'est très simple. Ces industries existent, et ne sont pas près de disparaître.

Elles représentent tout un pan de l'économie et sont en croissance. Par exemple, les recettes tirées des jeux de hasard au Québec sont passées de 693 millions de dollars en 1992 à 2,7 milliards de dollars en 2009, selon Statistique Canada. Inutile, donc, de se mettre la tête dans le sable.

Un collègue me faisait remarquer que cela lui faisait penser à la stratégie de Justin Trudeau, qui a récemment déclaré qu'il avait déjà fumé du cannabis. Autant en parler puisque cela existe ! Par contre, l'idée derrière cette manchette n'est pas de banaliser ces industries dites taboues, mais de mieux comprendre leur fonctionnement. Pour les réguler ? Ne rêvons pas. Pour mettre en place des balises ? Pourquoi pas.

Autrement dit, il vaut mieux comprendre les mécanismes de ces industries pour éviter qu'elles ne prennent un mauvais tour. Mieux les connaître permettrait d'en réduire l'économie souterraine ou de mieux agir au chapitre de la prévention.

L'exercice réalisé n'a toutefois pas été facile. «C'est très frustrant», m'a confié notre journaliste Julien Brault. «Les gens ne répondent pas au téléphone ou ne veulent pas commenter leurs activités.» Évidemment, les acteurs de ces industries, qui exercent en toute légalité, craignent pour leur image. «Ils ont peur qu'on leur fasse mauvaise presse !» raconte Julien en souriant. Une chance ! C'est la moindre des choses d'être un peu gêné de s'enrichir sur le dos du vice. Bref, ces entrepreneurs préfèrent engranger leurs recettes en catimini.

L'ennui, c'est que ceux qui s'enrichissent avec, disons, des activités plus nobles, ne veulent pas non plus qu'on parle d'eux ! Mais ça, c'est un autre dossier, un autre tabou, qui méritera à lui seul... une autre manchette.

Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires

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