Heureusement, il y a eu le libre-échange

Publié le 13/10/2012 à 00:00, mis à jour le 11/10/2012 à 09:45

Heureusement, il y a eu le libre-échange

Publié le 13/10/2012 à 00:00, mis à jour le 11/10/2012 à 09:45

En mars 1985, à Québec, le premier ministre Brian Mulroney et le président Ronald Reagan y allaient avec coeur, sinon avec voix, pour entonner le classique Wild Irish Roses lors d'une soirée placée sous le signe de la Saint-Patrick. On commençait alors les discussions qui allaient mener, deux ans plus tard, à la signature du traité de libre-échange entre le Canada et les États-Unis.

Sans l'appui du Québec, cet accord n'aurait probablement pas vu le jour. L'Ontario, haut lieu de la production manufacturière canadienne, y était farouchement opposée. Le NPD et ses alliés syndicaux du ROC avaient également pesé de toutes leurs forces pour le repousser. Nous allions nous faire manger tout rond.

Un quart de siècle plus tard, nous pouvons nous bénir de ce resserrement des liens commerciaux avec nos voisins du Sud, même s'ils demeurent doués pour lancer des querelles irritantes, comme celle du bois d'oeuvre. On a aussi vu par moments des transferts douloureux, dans le style d'Electrolux, qui s'apprête à quitter L'Assomption pour Memphis. Mais dans l'ensemble, les échanges ont substantiellement progressé, et le Canada en a tiré avantage.

Une analyse récente de BMO montre que de toutes les provinces, paradoxalement, c'est le Québec qui a le moins profité de cet élan (mis à part la Nouvelle-Écosse) : alors que la hausse du commerce canadien avec les États-Unis atteint une moyenne annuelle de 5 % depuis 20 ans, elle n'est que de 3 % ici. Pourquoi cette faiblesse ? Notamment parce que le Québec a reçu moins d'investissements directs des États-Unis. Également, parce que l'appétit américain pour les richesses naturelles a favorisé les provinces de l'Ouest.

Néanmoins, on ne peut imaginer ce qui serait arrivé si les anciennes barrières étaient toujours en place. Aux États-Unis, un courant protectionniste les regrette. On le voit bien quand on observe la campagne présidentielle en cours : si l'économie va mal, c'est forcément la faute des autres. Les Chinois sont déjà dans la mire. Notre tour pourrait bien venir ensuite. Ce serait malheureux.

Ici, une nouvelle ronde de négociations débute maintenant avec l'Europe, qui souffre mais qui finira bien par se relever. Les vieux démons vont sûrement réapparaître de part et d'autre. Mais la meilleure défense demeure l'attaque. L'expérience des 25 dernières années le montre bien.

Le goût doux-amer du travail autonome

Dans le torrent de chiffres qui accompagnaient, comme d'habitude, le plus récent bilan mensuel de l'emploi effectué par Statistique Canada, certains auraient dû retenir davantage l'attention.

Sa dernière édition de l'Enquête sur la population active montre que le nombre de travailleurs a augmenté de 52 000 en septembre, et c'est étonnamment bien. Mais il faut creuser un peu pour comprendre ce qui s'est vraiment passé. Dans les faits, cette belle progression ne dépend ni du secteur public ni du secteur privé. «Le nombre de travailleurs autonomes a augmenté de 34 000», signale Statistique Canada, soit les deux tiers du total.

Ce n'est pas «l'économie canadienne» qui a créé ces emplois, ce sont les Canadiens eux-mêmes. On peut s'en réjouir, mais les corollaires de cette apparente embellie devraient également nous préoccuper.

Les personnes qui prennent ainsi leur destinée en main font preuve de détermination et de confiance dans leurs moyens. Ces traits sont ceux des vrais entrepreneurs. On n'en a jamais assez. Et leur décision de foncer se veut aussi un pari sur l'avenir. Comme s'ils avaient la conviction que les choses iront mieux dans le futur... à moins qu'ils n'aient tout simplement pas eu le choix, compte tenu de l'état réel de l'économie.

De là l'inquiétude sous-jacente. Quand vous n'en pouvez plus d'attendre, quand les portes ne s'ouvrent pas, rien ne sert de rester dans la file. Sans y voir un geste de découragement, ce n'est pas nécessairement là le signe d'une reprise économique vigoureuse.

Si elle se confirme au cours des mois à venir, cette poussée du travail autonome va plutôt aller dans le deuxième sens. Et il faudra bien donner une chance à tous ces gens qui décident de veiller eux-mêmes à leurs intérêts. Par exemple, en mettant au point un régime fiscal plus compréhensif assorti d'ouvertures pour les avantages sociaux manquants, à commencer par un régime de retraite à leur mesure. C'est le moins que l'on puisse faire pour ceux et celles qui choisissent de foncer plutôt que de se morfondre sur le banc.

DE MON BLOGUE

Une petite vite de la Caisse à Québecor ?

Ou la Caisse de dépôt vient de bénéficier d'une opération du Saint-Esprit, ou bien on nous raconte des fadaises sur la valeur réelle de la transaction qu'elle vient de conclure avec Québecor pour vendre près de la moitié de ses parts dans Québecor Média [...] Les deux parties signalent qu'on évalue maintenant la participation de la Caisse dans Québecor Média à 2,75 milliards de dollars.

Vos réactions

«Je me souviens avoir appelé un matin le vp aux finances de Québecor pour lui dire qu'il y avait des rumeurs à propos des vues de Rogers sur Vidéotron. Moins de 8 heures plus tard, la Caisse était alignée avec QBR pour une offre d'achat [...] Laisser aller le contrôle de Vidéotron chez Rogers n'aurait vraiment pas servi les intérêts du Québec.»

- larochl

«On semble oublier dans l'équation que TVA avait été servie par les Libéraux sur un plateau d'argent à Vidéotron. La SRC s'y opposait à l'époque [...] Vidéotron n'avait pas l'argent nécessaire pour cet achat alors que TVA était très mal gérée (étant en faillite lors de sa vente).»

-YBertrand

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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