Si Québec intervient pour retenir nos sièges sociaux, les investisseurs risquent de fuir le Québec. C'est l'avertissement que lancent trois gestionnaires de portefeuille.
Dès qu'on met des bâtons dans les roues du marché, comme protéger les entreprises québécoises d'offres hostiles, l'investisseur institutionnel considérera cette contrainte dans le prix qu'il sera prêt à payer, explique Adrien Pouliot, président et chef de la direction de Draco Capital. Il pourrait ainsi appliquer «un "escompte Québec" s'il perçoit que l'interventionnisme le prive d'une éventuelle offre pour ses actions et nuit à sa capacité de revendre ses actions », explique le financier.
Pour Norman Levine, directeur général chez Portfolio Management, une intervention de Québec équivaudrait «à hausser le coût en capital pour ces entreprises». Et la sentence sera immédiate : «Il y a beaucoup de rhétorique électorale pour l'instant, mais si le gouvernement québécois bloque l'achat de Rona par Lowe's, certains investisseurs éviteront les titres québécois.»
L'escompte Québec se creusera si on bloque les offres étrangères, renchérit Stephen Jarislowsky, président de Jarislowsky Fraser «Si personne ne peut acheter une société, sauf les Québécois, ça réduira l'étendue des offres potentielles», avertit-il.
Jeff Mo, gestionnaire de portefeuille chez Mawer Investment Management, est moins catégorique. Si les entreprises s'assurent de livrer la marchandise, elles seront gagnantes, qu'importe ce qu'il arrive. «La bonne gestion des capitaux de plusieurs entreprises québécoises fera contrepoids à toute dévaluation que pourrait causer l'interventionnisme du gouvernement», dit-il.